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Un visiteur
3,5
Publiée le 19 février 2012
En pleine nuit, une femme seule chez elle aperçoit un rôdeur dans son jardin. Affolée, elle appelle la police. L'un des deux flics présents tente de la séduire... C'est le début de ce film noir réalisé par Joseph Losey en 1951, un réalisateur qui a souvent l'habitude des récits troubles et des personnalités ambiguës. C'est donc également le cas dans ce film, un polar sombre et inquiétant, où le mal semble partout. Dans la construction du récit, on assiste à une montée en puissance d'un plan machiavélique, minutieusement préparé. Cette ambiance angoissante constitue l'atout principal du film et parvient à nous tenir en haleine. Joseph Losey réussit aussi à brouiller volontairement les pistes avec des imprévus et un suspens constant. Dark.
C'est indiscutablement un film intéressant bien filmé et bien maîtrisé. Il est composé de 3 parties :la première est presque ennuyeuse,la seconde est passionnante jusqu'au mariage et la troisième ne tient plus la route à cause d'une sorte de paranoïa qui s'empare du héros et du coté suréaliste de l’histoire. Pour ma part je n'aime pas du tout la fin qui a gâché mon plaisir, je la trouve précipitée, insensée et le choix de Losey d'en faire cinématographiquement une une si grande chose ne correspond pas au reste du film intime et sombre . En plus quelle justification à tirer? Van Heflin y tient remarquablement un de ses rôles les plus forts tant la personnalité de son personnage est complexe, un psychiatre ne s'y retrouverait pas. Le scènario est particulièrement intelligent mais tordu puisque tout se refermera sur Webb et sur Susan ce qui n'était pas une nécessité. Dans la vraie vie leur chance de former un couple uni était bien réelle; le plus dur était fait. La morale des films est souvent en contradiction avec la logique des événements. C'est une chose que l'on constate souvent, les réalisateurs ont beaucoup plus de facilité à monter les intrigues qu'à en sortir. Evelyne Keyes est très présente même si son jeu n'est pas toujours dans le bon ton. Je reconnais que jouer une frustrée amoureuse inquiète physiquement et qui a en permanence mauvaise conscience n'est pas simple. Bref,un film très ambitieux, trop intelligent sans doute et qui me laisse beaucoup de regrets.
Le film noir est déjà en déclin quand Losey aborde le genre en 1951 pour ce film qui met en lumière tout le talent de Van Heflin dont on ne répétera jamais assez qu’il fut un immense acteur injustement sous-estimé. Huston est le producteur du film dont il fait de Evelyn Keyes, sa femme qu’il est en train de quitter, l’héroïne principale. Joli cadeau d’adieu il faut en convenir. Robert Aldrich est l’assistant de Losey et enfin Trumbo qui partage les idées politiques de Losey est en charge de la rédaction du scénario. Tout est donc en place pour la réalisation d’un solide film noir qui tient tout à la fois d’ « Assurance sur la mort » de Billy Wilder et du « Facteur sonne toujours deux fois » de Tay Garnett. L’originalité du "rôdeur" tient dans l’inversion des rôles proposée par Trumbo qui donne à l’élément masculin l'initiative du plan diabolique qui conduira les deux amants à leur perte. En règle générale c’est la femme devenue mante religieuse qui entraîne l’homme victime de ses sens sur la voie du crime. Ici c’est Van Heflin assoiffé de revanche sociale qui va monter de toute pièce un plan qu’il réalisera quasiment sans la complicité de sa partenaire dupée jusqu’au bout. Il porte donc sur ses épaules la lourde de tâche d’insuffler toute la duplicité nécessaire à son personnage et y parvient à merveille tant comme la pauvre Evelyn Keyes on ne sait jamais la part de sincérité qui lui reste encore pour nous faire espérer une fin heureuse. Un grand acteur au service d’un scénario solide et remarquablement calibré. A noter la perversité de Trumbo qui oblige les amants à roucouler tout en écoutant le mari trompé animateur de radio qui conclut toutes ses émissions par un « A bientôt Susan » qui sonne la fin de la rencontre pour les amants lovés sur le canapé marital. Keyes apporte toute la triste candeur nécessaire à son rôle. Du noir de chez noir mais au goût poisseux comme le dit fort bien James Ellroy dans les bonus du DVD.
Film noir américain des plus classiques, basé sur un canevas typique du genre : un riche et vieux mari, sa jeune femme frustrée, un amant plus pauvre et plus jeune, le meurtre du mari, un couple bâti sur la culpabilité et la dénégation, jusqu’à sa destruction finale… Le film est très resserré, avec une économie presque théâtrale à son début (peut-être à cause de contraintes budgétaires). Peu de décors : la demeure de la femme et celui de l’amant, seulement, peu de personnages. Le déroulement de l’adultère a quelque chose de presque humoristique : il se déroule devant un poste de radio, pendant l’émission dont le mari est le speaker ! La seconde partie est plus mélodramatique, dans un décors de désert, comme pour souligner la solitude du couple maudit. Losey est un spécialiste des sentiments troubles et sa réalisation met parfaitement en valeur une histoire qui aurait pu rester conventionnelle.