Trois belles actrices, un beau sujet et des intentions ambitieuses et généreuses. J'aurais voulu aimer ce film. Mais j'ai calé devant un scénario décousu qui veut embrasser toutes les causes, des scènes aux émotions surjouées, des dialogues trop visiblement improvisés. Dommage pour moi, mais beaucoup adoreront sûrement.
De la mise en abyme à la profondeur de l'abîme, il n'y a parfois qu'un pas et Sœurs de Yamina Benguigui y tombe allègrement. L'argument de départ avec ces femmes marquées par la double culture française et algérienne était pourtant prometteur, avec son pesant de tensions et d'antagonismes familiaux. Oui, mais la réalisatrice ne cesse d'emberlificoter les choses avec des allers et retours incessants entre présent et passé, avec en sus une pièce de théâtre qui rejoue de manière didactique les grandes étapes de cette histoire intime. La lourdeur de la mise en place et l'enchevêtrement des situations dévient trop souvent vers une hystérie insupportable qui hélas ne suscite aucune espèce d'émotion vu le systématisme du procédé. A l'imbroglio dramatique, Benguigui ajoute encore, comme si ce n'était pas suffisant, des scènes dans l'Algérie contemporaine en révolte, maladresse inexplicable. Le talent des interprètes pouvait éventuellement faire oublier les défauts du récit mais c'est loin d'être le cas. On a même l'impression que la cinéaste a laissé la bride sur le cou à ses actrices et celles-ci ne se privent pas de cette liberté, avec des excès gênants. C'est notamment vrai pour Maïwenn, absolument pas dirigée et dont la prestation est souvent embarrassante. A l'opposé, Adjani et surtout Brakni semblent mieux maîtriser leur rôle, sans pour autant éviter au film de plonger profondément.
C'est apparemment très difficile d'être franco-algérienne (ou algéro-française). Ce film, très bien fait, et évidemment très bien joué vu la pléiade d'excellentes artistes, aborde beaucoup problèmes liés à cette situation (l'histoire; les déchirements dans les familles vis à vis de la France; les violences de la guerre; les relations homme-femme; la notion de nationalité; la position vis a vis de la culture et de l'identité; la relation au père-pays, même maltraitant; la religion quand même toujours présente et j'en oublie). Il est évoqué la schizophrénie dans le film. Pas simple à gérer... Sera-ce plus facile avec la génération suivante? Le film aussi l'évoque Vraiment un très bon film, très bien ficelé et très instructif... pourvu que l'on s'intéresse au sujet.
Zorah (Isabelle Adjani), Djamila (Rachida Brakni) et Norah (Maïwenn) sont sœurs. Elles vivent en France auprès de leur mère. Leur père les a quittés brutalement vingt huit ans plus tôt en kidnappant leur frère cadet, Redah, dont elle n'ont depuis aucune nouvelle. Ce choc a provoqué chez elles un traumatisme qu'elles ont plus ou moins bien vécu. Norah, la benjamine, que son père avait kidnappée avec soin frère mais qui a réussi à revenir en France, ne s'en est jamais remise et n'est pas arrivée à se stabiliser. Djamila, la cadette, s'est intégrée à la société française au-delà de toute espérance et est devenue maire de Saint-Quentin. Zorah l'aînée est dramaturge. Elle monte actuellement, malgré l'hostilité de ses sœurs et de sa mère, une pièce autobiographique racontant la jeunesse de ses parents. Sa fille, Farah (Hafsia Herzi) y interprète le rôle de sa mère. C'est alors qu'une nouvelle leur parvient d'Alger d'une lointaine cousine : leur père vient de subir un AVC. Elles décident d'aller à son chevet pour découvrir enfin le sort de leur petit frère.
Yamina Benguigui a un profil original. Cette documentariste, venue à la fiction sur le tard ("Sœurs" est son deuxième long métrage en bientôt trente ans de carrière) a fait un détour par la politique. Adjointe au maire de Paris, elle est même devenue ministre entre 2012 et 2014. Chargée de la francophonie au Quai d'Orsay, elle y a laissé un souvenir mitigé que le devoir de réserve m'interdit de détailler.
Son film s'est fait étriller par la critique. Sorti le 30 juin, il a vite disparu des écrans. Lui furent reprochés en vrac le manque de direction de ses actrices, le didactisme de son message, sa ressemblance avec "ADN" de Maïwenn.
C'est un procès injuste. En particulier, on se saurait reprocher à "Sœurs" les hasards du calendrier qui ont retardé sa sortie après celle de "ADN" qui traite en effet de la quête par son héroïne de ses racines algériennes et avec lequel il partage le même mouvement : de la France vers l'Algérie où il se conclut en pleines manifestations populaires du "Hirak".
Que dire du jeu des artistes ? Yamina Benguigui a eu la chance de réunir trois stars - quatre si on inclut Hafsia Herzi injustement bannie de l'affiche. Qu'elle leur fasse la part belle n'a rien de blâmable, filmant longuement leurs déchirements. C'est l'inverse qui aurait été décevant. Maïwenn fait du Maïwenn : en colère contre le monde entier. Rachida Brakni a un peu de mal à trouver sa place. C'est Adjani qui est la plus étonnante, la peau diaphane et lisse d'une adolescente, jouant sur un mode un peu décalé le rôle de la grande sœur cathartique.
Reste le didactisme du message. "Sœurs" parle d'une famille franco-algérienne écartelée entre deux cultures et deux pays, traumatisée par l'amputation de l'un de ses membres, kidnappé par son père. Un tel thème n'est pas léger. Il se serait mal prêté à un traitement sur un mode mineur. Sans doute les flashbacks qui émaillent le film manquent-ils parfois de subtilité ; mais ils ont le mérite d'illustrer une histoire familiale complexe qui se déroule à trente ans de distance. D'autant que s'y superposent les répétitions de la pièce de Zorah qui produit une mise en abyme particulièrement efficace.
"Sœurs" ne mérite peut-être pas les trois étoiles que je lui décerne avec trop de laxisme. Mais il a reçu une telle volée de bois vert que je veux, par mon indulgence, essayer de contrebalancer cette injustice.
Sorti en plein embouteillage de reprise du cinéma post-COVID, le nouveau film de Yamina Benguigui ne parviendra pas à se faire une réelle place au box-office. La réalisatrice met pourtant Isabelle Adjani, Maïwenn, Rachida Brakni et Hafsia Herzi en tête d’affiche de “Soeurs”. Les trois premières sont donc trois sœurs franco-algériennes qui retournent en Algérie assister aux dernières heures de leur père et espèrent trouver des réponses sur la disparition de leur frère il y a trente ans. Chacune à sa personnalité et a construit son chemin. Lorsqu’elles sont ensemble, un pêle-mêle d’émotions hystériques s’installe dans l’atmosphère. La réalisatrice ne semble pas avoir su diriger la fougue des artistes, qui en roue libre, s’expriment de manière trop spontanée, écrasant ainsi un scénario déjà fragile de complexité. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Ce film un peu maladroit dans son propos aborde le problème de l'identité propre à chacun mais qui se focalise sur l'identité des franco algériens et/ou binationaux sous le prisme des femmes. I ADJANI, MAIWENN, RACHIDA BRAKNI, les 3 incarnent leur rôle avec perfection. De nombreuses scènes de confrontations entre les soeurs comportent des scénes d'une grande émotions. L'histoire de se frère enlevé par son pére en Algérie, l'absence du pére, le déracinement, la reconstruction par le théatre comme catharsis. Un très bon film qui aurait mérité 1h supplémentaire pour approfondir le sujet.
Si le début est un peu long notamment avec les scènes relatives à la pièce de théâtre ( mais cela permet de mettre en place les personnages), les actions se déroulant à Alger sont plus vivantes et plus réalistes et la tension entre les sœurs palpables. Merci à la réalisatrice de nous montrer quelques belles images d Alger car helas beaucoup de film sensé se dérouler en Algérie sont tournés au Maroc ( autorisation, plus pratique..). Toujours heureux de revoir Isabelle Adjani bien entourée de ce beau film.
Bouleversant c'est le premier mot qui me vient en voyant ce film. Il est bouleversant et fait réfléchir. Adjani, Brakni et Maiwenn sont bouleversantes nous secouent nous font réfléchir. C'est un très beau film.
Très beau moment de cinéma... les méandres de la mémoire collective et individuelle insondables, enfouis, refoulés qui remuent les trois sœurs ... et la douleur qui réapparaît au moment de faire face au passé est palpable à l'écran... rien n'est digéré... chacune lutte à sa façon ... les actrices sont splendides, Adjani en tête... la dernière partie en Algérie est excellente... Applaudissements spontanés du public en fin de séance... c'était touchant.
Une histoire assez intéressante sur les relations familiales franco algériennes complexes. De très bonnes actrices comme Maiwenn toujours aussi épatante dans ses émotions et sa sincérité (j'adore cette actrice) Rachida Brakni très juste, mais en revanche moi qui ai toujours admiré Isabelle Adjani une grande déception, vide d'émotions, un peu papier glacé, une performance assez mièvre dans l'ensemble sans grand intérêt et qui ne fait plus la différence hélas. J'ai aimé ce film car il y a de beaux moments notamment entre soeurs ou avec la maman (excellente), mais sans plus au final. Moyen.
Vu en juillet 2021 à Bron histoire de 3 sœurs franco-algériennes (Isa Adjani, Rachida Brakni, Maiwenn) L’interprétation troublante et tout en résonances du trio Adjani-Brakni-Maïwenn sauve un récit un peu compliqué.