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gimliamideselfes
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5,0
Publiée le 22 novembre 2019
Seconde salve de portraits et c'est encore une fois excellent. Ici on quitte le monde du travail pour rentrer dans quelque chose de plus intime encore. Nous suivons donc Jacquotte qui chaque année visite la maison de ses parents et grands-parents... une immense bâtisse qui nous fait dire que sa famille ne se mouche pas du coude. Et là c'est fabuleux, on voit tous les trucs et les machins accumulés depuis une centaine d'années, les choses importantes, les babioles... tout ce qui compose une vie en fait...
Mais surtout la grande détresse, c'est que cette maison abandonnée doit être retapée pour qu'on y mette des appartements neufs... et là on se rend compte que tout le charme disparaît que tout est uniformisé par la modernité.
Et ça a quelque chose de profondément touchant de voir une petite vieille qui sur une quinzaine d'années va essayer de sauver des petites choses dans son grenier pour que ça ne soit pas jeté... des choses qu'elle ne regardera plus, que plus personne ne regardera, mais qu'elles veut là pour savoir qu'elles sont là, à leur place.
Puis, il faut le dire Cavalier filme ça avec beaucoup de pudeur, ce temps qui passe, ces gens (et lui aussi) qui vieillissent... c'est un film sur le temps qui passe, c'est quelque chose qui travaille forcément le spectateur par rapport à sa propre mortalité.
Quant à l'autre portrait, celui de Daniel, réalisateur et acteur, je l'ai trouvé horrible... (mais dans le bon sens du terme) Je veux dire que rien que le voir avec ses TOCs me stresse au plus au point. Il a l'air d'être un gars tout à fait simple, sympathique, mais le voir expliquer tout ce qu'il fait quand il part de chez lui, c'est au dessus de mes forces. Disons que ça me rend fou, vraiment. Daniel doit à chaque fois demander si la fenêtre est bien fermée, attendre pour vérifier qu'elle le soit bien... et il fait ça avec tout, les serrures, le pot de café...
Je n'avais jamais vu quelqu'un de réellement toqué et c'est atroce... et là c'est en fiction, mais disons que Cavalier en filmant avec encore une fois de la pudeur et surtout beaucoup d'humanité, sans juger, sans poser de questions idiotes, en le laissant juste faire ce qu'il fait d'habitude pour retranscrire au plus près du réel, fait un film sublime sur ces troubles... Il montre ce que c'est réellement au quotidien, sans forcer... sans tricherie... c'est terrible.
Vraiment ça m'a retourné. C'est une véritable tragédie, sortir de chez soi dans prendre une demi-heure, la moindre action est compliquée...
La qualité d'observation et l'empathie dont fait preuve Alain Cavalier l'emportent sur tout le reste. Ces portraits sont plus ou moins attachants selon le personnage suivi. Ici, on regrette de ne pas retrouver un autre Léon car, ni Jacquotte et sa marotte de petite bourgeoise, ni Daniel et ses obsessions, ne nous empêchent de trouver le temps long...
Grand cinéaste des années soixante, Alain Cavalier a fait évoluer sa notion de création vers l’authenticité et la spontanéité. S’équipant d’une petite caméra et travaillant seul, il réalise des documentaires pour marquer un temps ou un souvenir. Découpés en trois longs-métrages, « Six Portraits XL » va nous présenter six personnes ordinaires, souvent filmées sur plusieurs années. Le second volet s’attache au temps et aux souvenirs. Pendant dix ans, Alain Cavalier suit Jacquotte une femme très attachée à la maison de ses parents. Son mari et elle n’y vivent plus mais les souvenirs présents dans les murs et les bibelots lui interdisent de la vendre. Alors ils y passent une fois par an. Le mari ouvre les fenêtres pour aérer la maison et lis son journal tandis que Jacquotte scrute le papier peint qui se décolle et les objets devenus mémorables. Tous les ans habillée de la même robe, elle décide enfin de vendre et de stocker ce qu’il reste de ses souvenirs au grenier. Nous retrouvons ensuite Daniel et ses tocs. Le vieux garçon est empli d’angoisses et se réfugie dans ses jeux à gratter et sa collection de disques. Sans jamais le brusquer, Cavalier tente de le ressaisir. Teintée de nostalgie, ces deux chapitres sont les plus émouvants. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com