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    Six portraits XL : 1 Léon et Guillaume
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    B_Will
    B_Will

    17 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 novembre 2024
    Léon
    La douceur.
    Filmer la douceur avec douceur.
    Le sentiment immédiat d’être chez soi que transmet Alain Cavalier grâce à son approche est sa signature.Il nous l’offre après avoir lui-même ouvert la porte de ces mondes auxquels nous ne pourrions accéder sans lui. Par là, il effectue un écart entre ma réalité et ce que je vois, bien plus grand que ce que me montrent d’autres films à grand spectacle dont les mondes imaginaires sont finalement trop loin pour pouvoir seulement s’anticiper.
    C’est ainsi qu’en filmant le réel le plus basique, il me fait sentir le plus ma condition et celle de l’autre.
    Il filme un monde mourant , un rapport à son travail mourant. Et pour filmer ça de quoi a-t-il besoin ? De rien. D’Alain Cavalier, d’une voix douce et curieuse, d’une pointe d’humour, d’une caméra de pauvre qualité qui prend le son, d’une oreille qui sait écouter et d’un œil qui sait voir.
    Car, outre le dispositif technique, ce qui fait vraiment l’esthétique de ces portraits c’est la présence d’Alain Cavalier qui ne se contente pas de filmer comme voulant faire croire qu’il a filmé le monde tel qu’il est en son absence. Non, il filme le monde avec Alain Cavalier inclus dedans. Il donne autant qu’il prend à Léon. Alors bien sûr ce n’est pas un portrait d’Alain Cavalier. Mais c’est un portrait de Léon par le prisme d’un homme qu’on sent infiniment doux, bon et respectueux. Et c’est grâce à cela que le portrait peut aller si loin.
    Ce qui choque le plus après la découverte de Léon c’est en fait la découverte de Guillaume. Une génération a passé. Léon finit quand Guillaume s’installe dans de nouveaux locaux, plus grands, dans un endroit qui a du futur. Il ne parle pas de son père, il ne parle pas de ses clients, il parle de Paris qu’il pense sur la fin, du prix des choses, de son ouverture qui a tant d’importance pour lui et au nom de cela il écrase sa femme et sa fille qui n’ont pas le droit d’avoir leur vie propre, car rien n’est plus important que l’ouverture d’une boutique plus grande. Il évolue dans un monde où la rentrée des classes d’une fillette en 6e c’est important, mais moins que… C’est un autre monde du travail.

    Ils ont l’air de se toucher parfois Léon et Guillaume, dans leurs gestes. Ils se tendent les bras et le patin d’une chaussure touche presque la lourde pâte de farine et de beurre que l’on masse. Les mains deviennent outils, des outils spécifiques qui n’ont rien en commun, mais auxquelles la précision et la répétition donnent le même air, celui de la tradition qui se transmet de proche en proche, celui de l’acte inconscient tant il est devenu aussi naturel que le manger. Et puis la comparaison s’arrête là, le plan remonte sur les visages et sur les paroles et l’on se rend compte que chacun est une frontière entre des générations qui se savent mais ne se connaissent pas.
    Cela trouve son écho dans le film d’Alain Resnais, « -l’oncle d’Amérique, tu sais celui qui est parti et… - et qui a fini clochard à Chicago » l’ancienne génération veut rester, la nouvelle veut avancer, tout se répète, éternellement.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 096 abonnés 3 969 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 16 novembre 2019
    Je n'ai jamais fini les 24 portraits de femmes qu'avait tourné Alain Cavalier (j'en avais vu 9 il y a des années) et je crois que j'avais oublié à quel point j'aime l'approche de Cavalier. C'est un réalisateur qui aime profondément filmer les gens, filmer les petites choses et je trouve ça fondamentalement émouvant.

    Je veux dire que dans le premier portrait, celui de Léon, un cordonnier obligé de partir à la retraite on voit toute une ribambelle de gens passer devant la caméra, des gens simples, des gens qui n'ont pas l'habitude d'être filmé, que l'on s'intéresse à eux... Et c'est sublime... Ils sont contents, gênés... Et puis en même temps on s'intéresse à un véritable artisan, quelqu'un qui sait travailler de ses mains, on le voit réparer les chaussures, travailler le cuir... C'est passionnant. Cavalier ose les gros plans sur les mains usées par le labeur. Il ose montrer ce qu'est un véritable espace de travail et honnêtement si ce n'était un pas documentaire, jamais on n'aurait pu y croire... c'est un tel bordel...

    Ce qui est d'une beauté absolue c'est de voir ce type vider son magasin au fur et à mesure pour le vendre... On voit plus de quarante années partir petit à petit, quarante-six années de vie dont il faut soudainement se débarrasser, qui doivent vider les lieux... Rien dans la fiction ne peut avoir une portée aussi tragique.

    Le parallèle entre le vieux qui part et le jeune qui s'installe est bien trouvé. Le film s'ouvre sur la fin et se termine sur un nouveau départ que l'on sait, ou du moins que l'on espère fructueux. Et ce qui est intéressant c'est les points communs entre les deux. Rose, la femme de Léon a travaillé avec lui au début et puis il l'a envoyée à la maison, on les voit se disputer... Guillaume lui travaille avec sa femme, on voit même sa fille... Ils se disputent... Je ne sais pas si c'est fait exprès, mais ce genre de petites disputes quotidiennes, d'exaspération ordinaire à cause du conjoint qui permettent de vraiment faire le lien entre les deux portraits, qui permettent de se dire que les deux ne sont pas si éloignés... Même si Guillaume a clairement des rêves de grandeur, de reconnaissance, là où Léon est un petit vieux ronchon, humble et qui a malgré tout un bon fond.

    Malgré ça, les situations restent les mêmes, les problèmes causés par le travail en couple restent similaires...

    Cependant le portrait de Léon est plus chaleureux que celui de Guillaume... sans doute car il parle plus, il s'exprime plus, là où Guillaume est pris dans un tourbillon de travaux pour ouvrir à temps... Deux salles deux ambiances, mais une même thématique, celle du travail et une même ambition pour Cavalier, celle de filmer des gens, des vrais, qui peuvent procurer de belles émotions.

    Il n'y a quasiment que Cavalier pour faire ça, pour filmer les gens ordinaires, leur donner la parole pendant de longues minutes, sans mépris, sans jugement... et lui qui aime tant parler dans ses films plus autobiographique sait se faire petit. Il sait laisser les autres s'exprimer...
    soulman
    soulman

    92 abonnés 1 227 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 novembre 2018
    La qualité d'observation et l'empathie dont fait preuve Alain Cavalier l'emportent sur tout le reste. Ces portraits sont plus ou moins attachants selon le personnage suivi. Ici, Léon est le seul que l'on ait vraiment envie de rencontrer. Son humanisme naturel, sa simplicité et sa relation avec le cinéaste le rendent magnifique.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 388 abonnés 4 208 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 novembre 2018
    Grand cinéaste des années soixante, Alain Cavalier a fait évoluer sa notion de création vers l’authenticité et la spontanéité. S’équipant d’une petite caméra et travaillant seul, il réalise des documentaires pour marquer un temps ou un souvenir. Découpés en trois longs-métrages, « Six Portraits XL » va nous présenter six personnes ordinaires, souvent filmées sur plusieurs années.
    Ce premier volet pourrait être sous-titré les artisans. Léon est cordonnier. Après 46 ans de bons et loyaux services, voici venu le temps d’une retraite bien méritée. Nous assistons à ses derniers gestes sous l’œil amicale d’Alain Cavalier. Pendant des décennies la colle s’est accumulée sur l’établi. Sa femme tente de l’aider à nettoyer avant de vendre la boutique, mais ce n’est pas mince affaire. Guillaume est quant à lui en plein renouveau. Il a tout réussi à Paris mais cette vie ne lui convient plus. C’est avec sa femme Jasmine et sa fille Mathilde qu’il va ouvrir une nouvelle boulangerie à Rueil-Malmaison. Guillaume voit aussi grand que son égo et Cavalier film le ménage avec discrétion. C’est vrai que la préparation donne envie. Un peu moins lorsque la gamine s’assoie pieds nus sur le plan de travail ou des doigts traînent dans les pâtisseries…
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    jus d'citron
    jus d'citron

    10 abonnés 39 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 30 octobre 2018
    Quel magnifique petit film que ce premier volet des Six Portraits XL signés Alain Cavalier. Ici nous suivons Léon, cordonnier au cœur d’or adoré par tout le quartier et qui quitte la boutique dans laquelle il vient de passer ses quarante-six dernières années, où se sont entassés chaussures travail souvenirs… La deuxième partie du film concerne Guillaume, boulanger-pâtissier ambitieux qui décide d’ouvrir une nouvelle boutique plus grande à Rueuil-Malmaison. En filmant le rapport de deux artisans à leur lieu de travail à un moment décisif de leur vie (le départ à la retraite, l’ouverture d’un nouveau commerce), Alain Cavalier signe, à mon sens, en plus de ces deux magnifiques portraits, un très bel art poétique, discret et courageux, définissant l’objet de son cinéma comme les relations que les individus entretiennent aux espaces qu’ils habitent et où les questions du travail, de l’éthique de la famille et de l’argent sont aussi abordées. Un film plein d’entrain de malice et de tendresse, magnifique.
    innocom
    innocom

    4 abonnés 32 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 octobre 2018
    Sublime! Quel plaisir! Quelle grâce! C'est plus qu'un documentaire, c'est du grand cinéma! D'une boutique, on aperçoit la rue, une ville et en fin de compte la belle humanité toute entière. Cavalier arrive à extraire de tous ces rushes l'essentiel. Son film nous remplit. Il touche juste à chaque plan, rien n'est trop, rien ne manque. On est tendrement traversé par le flot doux et lent des images et des paroles. Il émane de cette grandiose et magistrale simplicité une émotion, comme une émotion amoureuse… A y bien penser, comment fait-il, c'est incroyable!... Comme en poésie : parfois quelques mots quotidiens de simple manière agencés transportent …
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