‘The old guard’ est la grosse tête de gondole 2020 sur Netflix qui, pour se présenter comme le défenseur du cinéma indépendant et du cinéma de genre, veut aussi assurer sa présence sur le front des productions AAA et n’a apparemment pas été échaudé par le mauvais accueil réservé au polar shadowrunnien ‘Bright’. Surfant sur une tendance porteuse, ‘The old guard’ s’inscrit dans la toute nouvelle veine de la CharlizeTheronXploitation, à savoir que depuis sa prestation mémorable dans ‘Fury road’, l’actrice sud-africaine s’est retrouvée propulsée en tant que visage féminin du cinéma burné. Dans cette adaptation de Comic, elle dirige une escouade de mercenaires qui sont tous des immortels, ce qui est quand même bien pratique dans ce genre de profession. Je ne sais pas si l’adaptation est fidèle à l’oeuvre d’origine - peut-être bien après tout - et je comprends que n’importe quel blockbuster contemporain qui espère qu’on parle de lui en bien se doit de glisser un petit message pour montrer à tous qu’il est du bon côté de l’histoire...mais là, ‘The old guard’ en fait tellement des caisses pour être certain de recevoir son certificat de progressisme que ça en devient risible. Tout d’abord, il y a Charlize Theron, vaillant petit soldat des studios, qui a insisté jusqu’à en perdre haleine sur l’aspect féministe du film : parce qu’elle est la chef de meute de l’escouade mais aussi parce qu’elle partage la vedette avec sa pupille jouée par Kiki Layne, qui est par ailleurs afro-américaine et incarne donc l’avenir de cette “Vieille Garde”. Et aussi parce que c’est une réalisatrice qui signe le film, réalisatrice qui n’avait rien de bien mémorable à son actif jusqu’ici et je dirais que malheureusement, ça se sent un peu. Quant aux vieux mâles blancs présents dans le film - vu qu’ils ont quand même quelques siècles au compteur, les gaillards - pas de panique, ils sont gays, donc gentils. Et le méchant travaille pour un labo pharmaceutique, c’est dire à quel point il est mauvais.. Et puis, il y a Matthias, sans doute parce que Belgian lives matters, j’imagine.. Alors, dans un certain sens, ‘The old guard’ fonctionne, comme fonctionne n’importe quel film fertile en scènes d’action dès lors qu’il y a de l’argent derrière et que le maître d’oeuvre sait tenir une caméra (et que le spectateur n’est pas trop exigeant)….mais il a le tout juste le charisme et la personnalité d’un téléfilm friqué. Alors que le concept de l’immortalité aurait pu donner un peu d’épaisseur à ces figures héroïques venues d’un autre temps - par exemple, dans Captain America et Wonder Woman, ça fonctionnait plutôt bien - ces immortels-ci demeurent falots et leur passé ne donne lieu qu’àune poignée de flashbacks risibles et vite expédiés, en tout cas rien qui puisse susciter la moindre empathie : ‘The old guard’ est lisse, sans aspérités et surtout, douloureusement convaincu que son brevet Woke fera oublier tous ses défauts. Alors, c’est bien beau d’avoir des algorithmes qui vous disent quoi et qui mettre à quel moment pour avoir l’air édifiant et conscientisé, mais la prochaine fois, on embaucherait pas un(e) scénariste efficace et un(e) réalisateur/trice expérimenté(e), juste pour voir ?