« Je veux de l’exclusivité. Compris ? De l’exclusivité. »
Un long plan séquence en mouvement, caméra au poing, avec jeu d’ombres et de lumières, en plans serrés, l’introduction (4 minutes 30) donne le ton : on est dans du maniéré. Du maniéré qui tache et qu’on nettoie.
En réponse à l’introduction, le reste du film se déroule très souvent en plans fixes, choix casse-gueule s’il en est. Choix réussi pourtant. Toute la palette va y passer, du plan décadré au plan très large, en passant par la caméra fixée sur les acteurs (ou les véhicules). Un petit joyau visuel et technique auquel s’ajoute le naturel dans l’interprétation des acteur·trices.
Dachra, c’est le village, la communauté villageoise, le lieu de l’ancestral et du non-dit. Le lieu de la tradition. Et c’est précisément le sujet de ce film, le conflit entre tradition et modernité, cette dernière soulignée par une langue arabe mâtinée de français, qu’on pourrait presque comprendre sans les sous-titres (presque!)
Reprenant les codes du cinéma d’horreur, parfois trop fidèlement, hélas, musiques stridentes, gestuelle stéréotypée, lumières qui vacillent, respirations haletantes, jump scare, le film ne se détache néanmoins pas suffisamment du style propre au genre, malgré les réelles qualités techniques de la réalisation et le jeu de l’actrice principale (Yasmine Dimassi).
Très lent, quitte à perdre parfois les spectateur·trices en chemin, mais visuellement impeccable, avec une interprétation très correcte, ce film évite malgré tout pas mal de facilités prévisibles et réussit le pari de nous tenir en haleine jusqu’au bout. C’est aussi l’occasion de découvrir un aspect de la Tunisie complètement ignoré de ce côté de la Méditerranée, le monde de la forêt.