On ne va pas se leurrer, ce second essai derrière la caméra de Grand Corps Malade (en collaboration encore une fois avec Mehdi Idir) applique exactement la même – et excellente – méthode que celle proposée par leur premier film, « Patients ». Une réussite et un succès mérité que ce feel-good movie dans un centre de rééducation pour handicapés moteurs qui alternait avec soin et un parfait dosage les rires et les larmes. Ici, et c’est peut-être ce manque de surprise qui marque la principale limite de ce second film, la formule est la même mais décalquée sur un collège en zone sensible. En lieu et place du personnel soignant et des patients, on a donc des professeurs, des surveillants et des élèves. Les intentions, la manière de procéder et le résultat sont les mêmes : déjà vu donc mais sans conteste tout aussi réussi.
En effet, dès les premières images, le duo de scénaristes et réalisateurs nous mettent dans le bain. Une plongée réaliste et juste dans le monde de l’éducation contemporaine (ses joies, ses peines, ses difficultés, ses moyens, ...) mais dans un milieu défavorisé et en proie à une certaine délinquance (contexte social, manque de visibilité sur l’avenir, déterminisme social, échec scolaire, ...). Cet environnement et ceux qui l’habitent sont parfaitement dessinés et traités dans « La vie scolaire », tout comme les problématiques abordées. Le trait est sincère et tente de nuancer la vision que l’on peut avoir de ces établissements scolaires de banlieue. Ni tout blanc, à l’instar de certaines comédies qui enjolivent un peu trop la réalité tel que « Tout ce qui brille », ni tout noir non plus, comme les uppercuts « Bac Nord » ou « Les Misérables ». On a plutôt droit à un propos nuancé qui évite tout manichéisme et c’est une gageure non négligeable. Le titre du long-métrage lui va d’ailleurs à ravir entre chronique scolaire, un soupçon documentaire et en filigrane deux destins particuliers, celle de la nouvelle conseillère principale d’éducation, jouée par Zita Hanrot, et un jeune élève en décrochage scolaire, incarné par Liam Pierron, tous deux impeccables.
En plus de la force de son propos et du traitement adéquat et réaliste qui lui est appliqué, « La vie scolaire » étonne par sa mise en scène stylisée et moderne. Le duo de réalisateurs s’éloigne d’une réalisation triviale et illustrative pour nous proposer des images travaillées du meilleur effet, presque atmosphériques. Cette double scène de fête alternant dans un montage malin celle vécue par les collégiens et celle du personnel scolaire en est le parfait exemple avec ces fondus astucieux et amusants permettant de passer de l’une à l’autre. De toute beauté, le long-métrage est donc un plaisir à regarder. On rit à plusieurs séquences très drôles, parce que le rire n’est jamais forcé mais simple et naturel quand, à d’autres moments, on est touché, à défaut d’être vraiment ému. Ce petit théâtre de la vie scolaire est un régal et de voir qu’il se clôture avec la reprise du Gangsta Paradise de Coolio, qui était le générique de fin culte du tout aussi culte film scolaire américain « Esprits rebelles », est un hommage bienvenu. Du bon cinéma français à tous niveaux.
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