Un film remarquable de réalisme sur une réalité qu'il est important de regarder en face. Bravo à Grand Corps Malade, qui fait la preuve que pour chanter comme il le fait, il faut beaucoup d'intelligence et de coeur.
Remarquable aussi d'avoir réussi faire tourner MBappé dans le rôle principal de Yanis, quand on connait son agenda. Blague à part, ce personnage de Yanis est peut-être ce que serait devenu MBappé s'il n'avait pas eu le football pour exprimer son talent et réaliser son intelligence.
Mention spéciale à l'acteur Antoine Reinartz dans le rôle du professeur de géographie. Il campe avec une poignante justesse "le bon prof", vraiment, passionné, consciencieux, compétent à n'en pas douter, qui n'a juste pas su s'adapter à une population d'élèves différents de ses références. Et le résultat est dramatique pour tout le monde.
Très drôle le professeur de musique, la positive attitude dans un déni absolu de réalité - une stratégie comme une autre pour survivre -. Belle issue musicale aussi, inspiré à n'en pas douter par le chanteur metteur en scène.
Bravo pour le plan de fin qui nous donne à voir les haut lieux de Paris à quelques encablures, très évocateur.
Tout y est juste, sauf un point qui est important, presque le moment le plus fort du film, quand Yanis s'exprime face au conseil de discipline. Il demande pourquoi on a regroupé tous les élèves en difficulté/à problème dans la même classe, et donne une réponse : pour ne pas perturber les autres classes. Le film laisse croire que c'est la seule vraie raison.
Il faut dire à certains pédagogues, et à certaines bonnes âmes, que quand le niveau des élèves dans une classe est trop hétérogène, on ne peut pas faire un cours qui bénéficie convenablement à tous. Ceux qui sont trop loin de l'objectif ne peuvent pas suivre, ceux qui ont un bon niveau stagnent, régressent, apprennent à ne pas travailler ou commencent à devenir perturbateurs pour lutter contre l’ennui et l'absurdité de passer des heures chaque jour à voir des choses trop faciles ou qu'ils savent déjà. Une classe comme la SOP (sans options) de ce collège permet d'adapter le niveau pour ces élèves, et leur proposer des cours bien plus bénéfiques, sans interdire que certains d'entre eux, remis en confiance, obtenant de bons résultats, puissent poursuivre une scolarité en adéquation avec leurs capacités.
Ce que n'a pas réussi à faire Yanis, à défaut de perspective qui le motive. Ces cas existent aussi malheureusement, c'est bien de l'avoir présenté dans ce film qui n'est en rien complaisant.
On m'objectera que le bon prof pratique la différentiation, l'individualisation, le travail de groupe faisant que les meilleurs tirent les plus en difficulté vers le haut. C'est une belle utopie qui en général ne fonctionne pas. Un cours doit être adapté au niveau des élèves, quel qu'il soit. Il y a un seuil d’hétérogénéité à ne pas dépasser.
Mais c'est sûr que pour un film, dénoncer dramatiquement et avec art une prétendue injustice est plus vendeur.