Du duo Grand Corps Malade - Mehdi Idir, j'avais vu le premier film, l'éminemment autobiographique et réussi « Patients ». Sans doute un peu moins personnel tout en le restant un minimum, « La Vie scolaire » fait à nouveau preuve d'une belle sincérité, cette plongée dans un collège de Saint-Denis sentant le vécu, gardant un regard plutôt bienveillant et sans réel jugement sur ces jeunes parfois livrés à eux-mêmes, manquant sensiblement de repères pour pouvoir s'en sortir. Sans tomber dans un angélisme béat, les deux compères restent toutefois sans doute un peu trop « gentils » dans leur vision des différents élèves, prenant en partie compte de leur milieu défavorisé tout en évitant presque constamment de montrer la violence, ce qui est assez discutable. Certaines sous-intrigues, notamment le compagnon incarcéré de Samia, j'ai trouvé cela rajouté, faisant un peu grosses ficelles à la fois pour justifier sa présence, ses doutes quant à son avenir et
son choix final de rester
(peu crédible). Heureusement, en plus d'une réalisation inégale mais un peu plus ambitieuse, on sent que le slameur a l'habitude d'écrire : sens du rythme, de la tchatche... Celui-ci évite pas mal l'enchaînement de scénettes (bien qu'on puisse parfois avoir cette impression) pour offrir un scénario relativement consistant, traduisant correctement les différents moments, clés ou pas, d'une année scolaire, se concentrant, logiquement, sur une poignée d'élèves (surtout un) tout en offrant une galerie globale sympa, à défaut d'être exploitée au maximum. Le casting est au diapason, de la charmante Zita Hanrot en passant par le prometteur Liam Perron, Alban Ivanov ou Moussa Mansaly. « La Vie scolaire » suscite une certaine sympathie, de celle provoquée par les œuvres s'attachant au quotidien, à un milieu concernant chacun d'entre nous avec un minimum d'optimisme. Dommage que ce regard ne soit pas parvenu à être plus profond, plus réaliste dans certains aspects, prenant un minimum en compte les différents rôles joués par chacun (conseiller principal d'éducation, professeurs, assistants d'éducation), tout en manquant sans doute de globalité, voire faisant franchement dans la facilité pour faire rire (parfois avec réussite, d'ailleurs) : je pense notamment à l'enseignant d'EPS auquel on a vraiment beaucoup de mal à croire. Pourquoi pas, donc : le moment est loin d'être désagréable, les sourires fréquents (voire plus), à l'image d'un générique de fin plein de chaleur, accompagné, comme pour « Patients », d'un morceau on ne peut plus adapté signé Grand Corps Malade lui-même. Mais on ne peut s'empêcher d'avoir l'impression d'être passé à côté d'un vrai bon film, faute sans doute de ne pas avoir su saisir avec plus de réalisme ce qu'est le collège aujourd'hui dans certains quartiers sensibles.