Gemma, brillante roboticienne travaillant pour un fabricant de jouet mercantile, accueille sa nièce de 8 ans à la suite du décès subit de ses parents. La geek, impuissante face au deuil que traverse l’enfant, lui conçoit une poupée cybernétique prénommée M3GAN (pour « Model 3 Generative Android »). Malheureusement la créature échappe à sa maîtresse.
INTELLIGENT
On ne peut qu’applaudir les réflexions de fond de cette œuvre, aux parfums lointains de Jacques Tati, où la technophilie absurde en devient un dogme risible et sans but.
Le film nous plonge dans des réflexions sur la vacuité de nos relations à l’ère du tout technologique. À l’incapacité que nous avons, aveuglés que nous sommes, à prendre soins l’un et l’une de l’autre, à prendre soins du deuil, de nos relations et de nos affects. Les machines et leur froideur finissent d’achever le peu d’humanité qu’elles nous laissent et nous donnent en des êtres désaffectés, froids, incapables de percevoir l’essentiel, la mort, l’existence, l’« être ensemble ».
Tout est réduit par le numérique et le binaire. La parentalité en devient présence et règles. L’amitié et l’amour se réduisent à une relation sans confrontation ni à l’autre si à soi, sorte de narcissisme auto-érotique aliénant.
« M3GAN » nous rappelle ces éléments, nous fait peur, sans finesse aucune, mais a le mérite d’être franc.
ARTIFICIEL
Mais c’est bien la forme qui pose problème. Le scénario se déroule sous nos yeux passif dans l’invraisemblance la plus crasse. La réalisation fade, vue et revue est d’un consensuel aberrant. L’intelligence des protagonistes est nulle, tout comme le travail musical et sonore. L’androïde ne fait pas peur, agace, n’amène rien, sorte de psychopathe au rabais dont on ne perçoit ni la dangerosité, ni les convictions.
Aussi creux qu’une coque en acier inox, c’est le sentiment que l’on garde de « M3GAN », avant de l’oublier très vite.