Atteinte dune maladie neurologique dégénérative, Lily (Susan Sarandon) a demandé à son mari Paul (Sam Neill) de l’aider à mourir avant la perte irréversible de son autonomie. Elle a réuni autour d’elle ceux qu’elle aime : Jennifer, sa fille aînée (Kate Winslet), son mari et son fils de quinze ans, Anna, sa cadette avec sa compagne Chris, et enfin Liz son amie de toujours.
Sortez vos mouchoirs ! Vous allez au cinéma pour vous distraire, pour rire en famille devant une comédie et oublier vos soucis quotidiens ? Ce film n’est pas pour vous.
Si l’automne qui commence, les nuits qui raccourcissent, le thermomètre qui chute – sans oublier le virus qui circule – vous fichent le bourdon, réfléchissez-y à deux fois avant d’aller voir un film sur le suicide assisté et la mort inéluctable.
Réfléchissez-y à deux fois…. et allez le voir ! Car "Blackbird" est le film le plus émouvant du mois qui réussit, sur un sujet plombant, à nous faire pleurer des torrents de larme bien sûr, mais aussi à nous faire rire , la dignité de Susan Sarandon face à la mort n’ayant d’égal que l’ironie sardonique qu’elle lui oppose.
"Blackbird" est le remake d’un film danois sorti en 2014 qui avait valu à son réalisateur Bille August (bi-palmé en 1989 et en 1992 avant de sombrer dans l’oubli) et à son actrice principale deux "Bodil", les "Césars" danois. Il est signé par Roger Michell, un réalisateur touche-à-tout qui connut son heure de gloire avec Coup de foudre à Notting Hill. Il rassemble une belle affiche : Susan Sarandon, impériale dans le rôle de Lily, Kate Winslet, à contre-emploi dans celui de sa fille aînée, psycho-rigide à souhait, Mia Wasikoska (qui ressemble de plus en plus à Jodie Foster) dans celui de la cadette, instable et fragile.
La réalisation, la mise en scène, le montage, rien n’est très original dans "Blackbird" qui se déroule, l’espace de deux jours dans une immense maison ultra-moderne sur le littoral désert du Connecticut, symbole des contradictions d’une génération qui avait vécu Woodstock, au moins par procuration, avant de céder aux sirènes émollientes du conformisme bourgeois et du Bourgogne siroté dans d’immenses verres à pied.
Mais "Blackbird" réussit sans se forcer à toucher au cœur sur un sujet déchirant. Est-ce parce qu’il m’est de plus en plus personnel, les années passant ? Je me souviens combien Quelques heures de printemps où Vincent Lindon accompagnait sa mère, interprétée par Hélène Vincent, s’euthanasier en Suisse m’avait bouleversé. Immanquablement, "Blackbird" m’a fait le même effet. Les joues ravinés par les larmes, je lui ai pardonné ses faiblesses, ses tentatives pas toujours réussies de pimenter une histoire sans aspérité par des rebondissements artificiels.
Mais je ne veux pas en rajouter dans l’exposition impudique de mes tourments intérieurs et de ma dépression automnale. Je vous laisse, cher lecteur, découvrir "Blackbird". Quant à moi, c’est l’heure de mon pentobarbital…