C'est l'apologie de l'euthanasie design. L'euthanasie de créateur en quelque sorte.
Le début, on a l'impression de l'avoir déjà vu 200 fois. La matriarche va mourir, et toute la famille se rassemble pour un dernier adieu, et en général ça se passe dans une maison de campagne à tomber. Du coup, on se demande: est ce que les pauvres auraient des préoccupations trop mesquines pour se soucier de leur ultime départ?
Là, on touche l'Everest. La maison n'est pas à tomber, elle est sublime, une très grande maison d'architecte en bois au bord d'une grève déserte.... Même la serre, où tomates et autres légumes poussent à profusion dans d'élégants bacs de bois (par une miette de terre sur le sol), est au top. On comprend bien qu'aucun doryphore, aucun puceron n'aurait l'outrecuidance de poser une papatte dans un endroit si chic.
Des filles, il y en a deux. L'aînée, Kate Winslet, est une bourgeoise conformiste, mari parfait (Rainn Wilson), fils ado bon élève (mais qui voudrait devenir acteur, le gredin!!) La seconde, Mia Wasikowska, est erratique, dispersée, et de plus elle arrive avec sa femme (Bex Taylor-Klaus) alors qu'elles se sont déjà séparées et remises ensemble plusieurs fois. En fait, elle est bipolaire. Enfin, il y a l'inséparable amie d'enfance et de la famille (Lindsay Duncan). Quant à l'époux dévoué et souriant, c'est notre toujours séduisant Sam Neill qu'on est heureux de retrouver.
Lily a décidé de mettre fin à ses jours. Atteinte d'une maladie dégénérative, elle ne veut pas décliner. Pour le moment, elle a une certaine instabilité qui l'empêche de marcher longtemps et la main gauche paralysée. C'est un peu jeune par rapport à tous ceux qui réclament la mort parce qu'ils sont à bout de souffrances. On pense à ce monsieur qui a popularisé son suicide il y a quelques semaines. A côté de lui, Lily fait un peu Marie-Chantal... Quand on vit dans un endroit pareil....
Lily veut donc mourir avec l'approbation de ses proches, après un magnifique diner de Noël (tant pis si ça n'est pas la période...) arrosé au Gevrey Chambertin, où on fait même tourner quelques joints. Naturellement, vous vous doutez bien qu'il y aura un peu de Festen, que des secrets de famille seront révélés.... Car les deux filles se supportent difficilement et cette mère n'était peut être pas si bonne que cela (comme toutes les mères, merci Dr Freud) En voulant ses filles fortes et indépendantes, elle a mis la barre très haut. C'est l'aspect le plus juste du film: ce n'est pas si facile de grandir auprès d'une mère aussi belle, intelligente, solide.... l'une a réagi par le conformisme, l'autre par la dépression. Mais rassurez vous: violons finals!!
Susan Sarandon, toujours belle, juste quand elle traduit la souffrance, abuse un peu de l'expressivité "sourire au bord des larmes" Bref, ce film super esthétique (ahh! ces cieux embrasés à la Turner! ces vastes rivages à la Boudin!) m'a un peu agacée. Je l'ai trouvé assez faux, dans l'ensemble