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Flavien Poncet
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4,0
Publiée le 7 mai 2008
Darryl F. Zanuck, producteur, et Jospeh L. Mankiewicz, réalisateur, imputent un véritable cri avant-coureur lorsqu’ils mettent sur pied le film «No way out» (USA, 1950). Pour la première apparition au cinéma de Sidney Poitier, Mankiewicz met en scène une intrigue de film noir tournant autour d’un pivot tabou, notamment dans le cinéma américain, le racisme. Alors qu’Hollywood s’enfièvre dans la chasse aux sorcières, «No way out» confirme son titre français : «La porte s’ouvre». C’est une porte nouvelle, humaniste et juste, que rouvre Mankiewicz et contre laquelle s’appuyait nombre de personnes pour la fermer définitivement. Se passant majoritairement dans un hôpital, lieu récurrent chez Mankiewicz («People will talk», «Suddenly, last summer…), le film oppose un noir qui a réussi (Poitier dont l’aménité fébrile est extraordinaire) à un blanc misérable (Richard Widmark tout aussi mémorable). Ce renversement de situation du schéma que le cinéma américain affectionnait à l’époque offre un récit singulier sur la ségrégation des noirs. Mais plus que ce film social auquel il est aisé d’apparenter le film, c’est du phénomène de la haine que traite Mankiewicz. L’horreur provient de la hargne des cœurs. Nulle scène du film mieux que celle de la rixe entre les «blacks» et les «whites» ne témoigne de l’absurdité du racisme. Préparant leur descente dans le quartier des noirs, les blancs voient une fusée de détresse éblouir le dépôt d’ordure dans lequel il se prépare, aveuglant leur regard, dessinant sur leur visage les teintes blêmes de leur carcasse. L’éblouissement s’éteint, tous venant de se révéler comme simple squelette vivant, et les noirs les surprennent, improvisant une bataille parmi les déchets. Les symboles qui constellent cette scène rendent à la bêtise du racisme sa futilité suprême puisque nous ne sommes tous que des cadavres en sursis (comme nous l’esquisse cette lumière fulgurante) et des entités dans l’amas des choses (à l’instar de cette décharge métallique).