Ce n'est pas le premier Jim Jarmusch que je voie et pourtant, je ne sais toujours pas si j'aime ce réalisateur. Si je lui reconnais un talent évident, je ne suis jamais captivé, l'exceptionnel « Broken Flowers » excepté. Pourtant, cela commençait plutôt bien : un ton posé, léger, en décalage mais pas trop avec ce que l'on peut attendre d'un film de genre, exploitant habilement son décor et ses personnages, ayant tous un rôle à jouer, surtout avec un tel casting (Bill Murray, Adam Driver, Tilda Swinton, Chloë Sevigny, Steve Buscemi, Danny Glover, pour ne citer qu'eux, sans oublier une Selena Gomez particulièrement touchante ici). On pourra trouver cette mise en place trop longue, j'ai aimé prendre contact avec cet univers, faire connaissance avec chaque protagoniste, l'arrivée des morts-vivants apparaissant, de façon assez étrange, presque comme moins intéressante que le reste. Je n'irais pas jusqu'à écrire « rajoutée », l'intrigue s'articulant largement autour de l'événement, mais c'est à partir de cette invasion que l'œuvre commence à se répéter, perdre de son intérêt. On a l'impression que tout ce qui intéressait Jarmusch, y compris sur le fond (écologie et donc planète menacée, solitude des êtres, consumérisme), celui-ci l'a posé dès le départ, n'ayant plus tant de choses à raconter par la suite, malgré un indéniable talent pour filmer
(à ce titre, la traversée en voiture de la ville infestée est aussi soignée que longuette)
. Dommage, les nombreuses références étaient sympas, comme la chanson de Sturgill Simpson, accompagnant élégamment l'œuvre et lui donnant son titre : un joli potentiel ayant toutefois du mal à tenir la distance, et ce malgré un final plutôt inattendu, étrangement apaisé où le cinéaste se plaît brièvement à jouer de
la mise en abyme et même à partir dans un trip « science-fiction »
pour le moins surprenant, que l'on trouvera fun ou grotesque selon l'approche qu'on en a. Frustrant.