The Mountain n'est sans doute pas la réussite que les deux teasers annoncent, mais c'est un film ambitieux et plastiquement très réussi. Il semble que certains critiques attendaient un film à thèse du type Shock Corridor, mais il s'agit plutôt ici d'un nouveau Mulholland Drive. L'opus se distingue par sa croyance en l'image, contre la parole. Les personnages parlent extrêmement peu. A contrario, la photographie est riche de sens, par ses couleurs, sa lumière, ses décors, etc. Sur le fond, on découvre un moment de transition entre deux traitements de la folie. La froide brutalité des électrochocs suivis de trépanation est remplacée par la prise de médicaments. Le médecin au centre du film s'en trouve dépité. Mais le récit nous emmène aussi ailleurs, dans l'irréalité des rêves et visions d'un jeune homme pour qui le réel et son double fusionnent. Ce film très courageux par sa recherche d'une nouvelle esthétique, n'est pas pleinement réussi. Le jeune comédien joue particulièrement mal, sans doute sous la direction du cinéaste : il ne prend qu'une seule et même attitude pendant près de 2h. ça ne fonctionne pas. Denis Lavant alterne les saillies admirables et le grand n'importe quoi, à nouveau à la demande du cinéaste ou du scénariste. Un peu dommage. Le semi-échec de ce film était déjà perceptible dans sa diffusion totalement anecdotique (quelques cinémas à Paris) ; c'est sans doute trop sévère car cela reste une expérience cinématographique intéressante.