Eric Besnard a eu l'idée du scénario de L'Esprit de famille après la mort de son père, lorsqu'il s'est demandé comment dépasser ce deuil. Le metteur en scène se rappelle : "Ma névrose première étant d’écrire, assez logiquement, j’ai décidé de m’atteler à un texte dans lequel mon père, désormais absent, serait, quand même, omniprésent. Ma mère avait été le point de départ de Mes Héros, mon couple, celui du Goût des Merveilles, mon père serait le point de départ de celui-là. Cela peut paraître fou, mais quand je me suis mis devant mon ordinateur, j’ai eu immédiatement l’impression d’écrire à quatre mains."
L’Esprit de famille n’est pas un film de fantômes, mais un film sur les symptômes de la persistance de la présence des êtres aimés disparus. Eric Besnard confie : "Des êtres dont on se dit qu’on aurait dû passer plus de temps avec eux, auxquels on a l’impression d’avoir oublié de dire des choses essentielles, et dont on pense qu’ils auraient pu nous apporter encore beaucoup. Redonnez-moi trois minutes avec lui ou elle. Juste quelques secondes. Quelques mots. Les morts se dissolvent dans l’éternité. Ceux qui restent doivent se résoudre à dialoguer avec eux par l’esprit. Mais au cinéma, médium de toutes les licences, on peut se permettre l’impossible. Le manque est tel que le fils fait apparaître le père. La présence matérialise la force de l’absence. Et permet de rendre hommage à un esprit facétieux amoureux du réel, de la vie, et de l’incarnation. Le dernier tour de piste de l’artiste…"
Avec Revenir, Josiane Balasko retrouve le metteur en scène Eric Besnard après Mes héros. Ce dernier collabore par ailleurs une fois de plus avec le comédien François Berléand après Une belle âme (1994), Le sourire du clown (1999) et Ca$h (2008).
Eric Besnard n'a pas voulu que L'Esprit de famille soit un film esthétique : "C’est pareil pour les effets spéciaux dont on abuse, je trouve, depuis les années 80. Moi ce qui m’enthousiasme, c’est de traduire la puissance de la nature et le rayonnement des gens. Bien éclairer un acteur, faire un plan en extérieur à l’heure juste, c’est pour cela que je fais ce métier. Pour vivre ces moments là. C’est la cinématographie qui m’intéresse, pas l’esthétique."
Eric Besnard a tourné L'Esprit de famille dans la baie de Quiberon en raison de la belle lumière de l'endroit et le fait d'y avoir trouvé une maison idéale. Le cinéaste se rappelle : "Elle était suffisamment "habitée" pour avoir l’air d’avoir abrité une longue histoire familiale, et elle était suffisamment grande pour qu’on puisse comprendre qu’une femme devenue veuve n’ait plus les moyens de l’entretenir. En plus, cette maison avait une situation incroyable, plantée, comme ça, au milieu de nulle part, mais avec les "pieds" dans l’eau. L’enquiquinement majeur du tournage a été de "composer" avec la marée. Organiser un plan de travail avec la marée en abscisse, et la météo en ordonnée a souvent relevé du casse-tête chinois. Filmer un décor à marée haute ou à marée basse ne raconte pas du tout la même chose. Mais cela peut aussi vous aider à faire ressentir les émotions des personnages."