Le film « L’orphelinat » de Shahrbanoo Sadat, nous plonge dans le quotidien de Qodrat, un jeune garçon de 15 ans vivant à Kaboul sous l’occupation soviétique, juste avant l’arrivée des Talibans à la fin des années 80. Débrouillard et passionné de cinéma, Qodrat survit en revendant des tickets pour ses films hollywoodiens préférés, notamment les comédies musicales de Bollywood. Cependant, rattrapé par la police, il est placé à l’orphelinat où il se lie d’amitié avec d’autres jeunes vagabonds. Privé de ses sorties au cinéma, il s’imagine avec eux dans des films d’aventures, réinventant ainsi son quotidien et transformant l’orphelinat en une scène où il se voit combattant comme un héros, pour échapper à l’ennui de son quotidien.
Ce qui est intéressant dans « L’orphelinat », c’est le regard du réalisateur Shahrbanoo Sadat sur la période précédant la prise de pouvoir des Talibans, nous permettant de comprendre ce qu’ont vécu les jeunes Afghans sous l’occupation soviétique. À cette époque, l’Afghanistan était encore une République investie dans l’éducation populaire, et malgré la menace islamiste grandissante, les jeunes continuaient de rêver. Bollywood avait une influence cinématographique très importante en Afghanistan. Les films d’action étaient à la mode, et ils regardaient aussi des propagandes politiques soviétiques du gouvernement afghan soutenu par l’URSS, qu’ils comprenaient à peine mais acceptaient de vivre avec. Il est surprenant de constater que ces adolescents considèrent cette période comme une époque heureuse, presque avec naïveté, ce qui révèle une vérité poignante : l’innocence de la jeunesse face à des événements qui les dépassent.
Cependant, malgré la richesse du contexte historique et social, le film semble s’éparpiller et perd le fil du scénario. Je n’ai pas réussi à m’accrocher complètement au récit, qui m’a paru trop contemplatif et flou. Ce qui est dommage, c’est que le réalisateur Shahrbanoo Sadat n’ait pas su exploiter les profondeurs des personnages… Mmhhh, pas mal, ce film !