Inutile de faire des grandes phrases, "Requiem for a Dream" est incontestablement une bombe cinématographique, un film dramatico-noir qui a marqué toute une génération grâce à sa mise en scène si singulière, son propos si vrai. La drogue est un sujet fréquemment abordé au cinéma, surtout pour les jeunes, "Basketball Diares", "Las Vegas Parano" ou "L'Homme au bras d'Or" et surtout "Trainspotting" sont considérés par beaucoup comme des références, "Requiem for a Dream" est lui considéré comme un film générationel. Mettant en scène quatre personnages rêveurs, une mère vieillissante qui rêve de passer à la télévision, son fils absent rêve de fonder une famille avec sa petite amie qui rêve d'ouvrir une boutique de mode, leur ami lui se revoit ses instants de bonheur avec sa mère et rêve de réussite. Sauf que quelque chose fait tache dans le rêve, c'est la réalité, l'addiction, la drogue.
Film indépendant cherchant à étudier toutes les formes de dépenses à travers des personnages bercés dans l'illusion, "Requiem For A Dream" est également une sorte d'archétype du film choque, le film qu'on ne peut pas oublier, la quintessence du film qui laisse une trace indélébile, pessimiste, comme un fouet violent qui vous met à genou, singulier et dure, quasi insupportable au montage final.
Darren Aronofsky qui a l'époque est l'auteur du vibrant succès "Pi", phénomène festivalier, est donc de retour en 2001 pour ce film qui malgré les éloges au box office passera inaperçu, à peine sept millions de dollars seront récoltés, ridicule par rapport au statut que le film occupe aujourd'hui, grâce à sa bande originale très reprise notamment, Clint Manssel qui donne un score mélancolique et purement dramatique, vibrant, évoquant un cataclysme, le cataclysme psychologique que vivent respectivement les personnages, s'enfonçant dans l'illusion et rattrapés par la dure réalité, une réalité dévastatrice pour ces protagonistes victimes de leur dépendance restent pourtant dans l'espoir, le plus violent n'est pas le fait de rapidement constater que leurs vies s'effondrent, mais qu'on s'effondrent avec eux, "Requiem For A Dream" se vit de l'intérieur. Evidement de par l'attachement aux personnages, on est eux, le film les présentant au début comme des êtres rêveurs, seuls, aux intentions louables. Tout ça grâce au rendu ou l'harmonie entre l'image, l'écriture et la musique forme une véritable perfection, le ton est donné immédiatement, on ne peut plus en ressortir, grâce notamment au montage qui fait penser à "L'Etrangleur de Boston" (1968) on comme, plus le film avance, plus les personnages s'enfoncent plus ça devient violent, oppressant pour finir insupportable avec des scènes découpées qui se croisent d'images en images et une musique poussée à fond rendant le long métrage d'avantage radicale et fluide, des prises de vues également térribles, confirmant la maitrise et l'audace de Aronofsky qui signe une oeuvre sans concession, dure, le cinéaste ne veut pas nous faire vivre un immense moment, mais nous emprisonner dans la mentalité des personnages, il cherche le traumatisme, comme une expérience ultra puissante, une cinématographie parfaitement fusionnée à la narration.
Le final lui est un matraquage pur et simple, une virée en enfer sans issue, les quatuor se retrouve dans une cage inaccessible, une prison dont ils ne ressortiront pas car il est trop tard, des victimes, baignant dans le sang et la sueur, pas de happy end, mais une des pires fins jamais vue faisant penser à "Irréversible" de Gaspar Noé qui lui aussi massacre littéralement le destin de ses protagonistes de façon tout aussi brutale.
Les comédiens sont la dernière grande force du film, il fallait des acteurs solides pour camper ces personnages, on pense notamment à Ellen Burstyn qui vole la vedette à ses compagnons, elle est tellement crédible qu'elle est la Sarah Goldfard qu'elle incarne, on voit son visage qui petit à petit se brise, son corps changer, ses cheveux blanchir, son esprit qui se soumet à la folie, Jared Leto tient son plus grand rôle, l'acteur est remarquablement juste et sensible, Jennifer Connelly et Marlon Wayans sont également prodigieux, habités et extraordinaires ils s'en sortent avec les honneurs.
Film violent, immonde, dure, insupportable et qu'on oublie jamais vraiment, requiem terrifiant pour un cauchemar. L'archétype du film dont on ne sort pas indemne.