De Darren Aronofsky je n’avais vu que The Fountain, œuvre pour le moins atypique qui en disait long sur ce cinéaste à part ; pour preuve, l’on trouve également au sein de sa filmographie un certain Requiem For a Dream, long-métrage culte que je me devais de visionner… mais en connaitre à l’avance le dénouement me freinait jusqu’ici. Pour autant, que dire si ce n’est que même en sachant à quoi m’attendre, ce fameux final m’a pris aux tripes ? Quel crescendo diabolique, renversant, inouï ! Quel film coup de poing ! Tant dans son propos que dans sa mise en scène d’ailleurs, Aronofsky multipliant les effets visuels psychédéliques, pour ne pas dire épileptiques, conduisant à une immersion d’autant plus grande. En bref on comprend très vite que l’on tient là un film des plus particuliers, fort d’une empreinte visuelle unique en son genre, le seul bémol étant alors d’y accrocher tant elle est prédominante ; les personnages ne sont également pas en reste, tous aussi paumés que misérables dans leur quête d’une vie meilleure, et s’ils ne sont pas de prime abord plaisants on se prend d’empathie pour eux très rapidement. La trame pour sa part monte peu à peu en puissance au fil de leurs pérégrinations obsessionnelles, et Requiem For a Dream a le mérite de dépeindre les dangers de telles addictions d’une manière pour le moins brutale ; toutefois devant ce récit sombre comme pas deux, entre ton nihiliste et tenants et aboutissants dramatiques, on manque de peu l’overdose vis-à-vis de ce tableau funeste. Sa plus grande force est donc également sa faiblesse première, dans le sens où on peut être amener à penser que Requiem For a Dream en fait trop, son message manquant clairement de subtilité tant il est extrême ; un mal pour un bien en somme, tant cette descente aux enfers de figures désespérées se veut aussi happante que prenante. Et, cerise sur le gâteau, à savoir ce fameux final tout bonnement ahurissant, nous laissant pour ainsi dire pantois, et qui conclut en apothéose ce récit ô combien pessimiste ; les interprétations ne sont également pas en reste, le quatuor principal composé de Leto / Connelly / Wayans (surprenant dans un tel registre) / Burstyn crevant l’écran, à commencer par cette dernière qui se fend d’une prestation démente (la plus marquante du lot). Enfin, il convient de citer la BO de Clint Mansell, dont les sonorités pour le moins obsédantes ne manquent pas de conférer une dimension tragique, voire épique, et cauchemardesque sans commune mesure au tout, Requiem For a Dream achevant alors de nous estomaquer comme il se doit. En conclusion voilà un statut de film culte mérité pour ce véritable coup de force de Darren Aronofsky, qui du haut de sa deuxième réalisation (seulement) se posait déjà comme une figure à suivre de près au sein du paysage cinématographique ; de Requiem For a Dream on retiendra surtout cette parfaite alchimie entre intrigue bouleversante, ambiance et BO aussi terribles que captivantes, et une mise en scène singulière foutrement immersive. Dommage à présent que l’ensemble manque de finesse, tant au niveau de ses personnages, thématiques ou même de son atmosphère si noire… un mal pour un bien au regard de sa portée ?