Quand on voit ce film, on se dit tout de suite que si Francis Ford Coppola ou Martin Scorsese étaient nés quarante ans plus tôt ils auraient pu être derrière la caméra. La famille latino-américaine avec le patriarche qui sous une bonhomie apparente peut s'avérer odieux, une grande réussite bien self-made-man mais pas toujours sous le signe de la légalité, une fratrie avec le chouchou qui a tous les droits, le frustré qui va devenir aussi pourri que son papa, le type qui se mouille pas trop et qui reste à distance, et l'inévitable idiot du clan, de la vengeance dans l'air, etc... Difficile de ne pas penser au "Parrain", et si l'ensemble ne dure que 100 minutes il y avait peut-être matière à une petite saga. Enfin on va pas se plaindre que ce ne soit ni Coppola, ni Scorsese qui est derrière la caméra vu que c'est un troisième très grand qui se charge de la réalisation. Il est considéré comme mineur dans la filmo de l'immense Joseph L. Mankiewicz, et il est vrai que dans une oeuvre qui comprend des chefs d'oeuvre comme "Eve", "L'Affaire Cicéron", "Chaînes conjugales", "Le Limier" pour ne citer que ceux-là il est difficile de se faire une place, mais pourtant c'est un très bon film noir portant bien le style de son cinéaste avec un aspect culturel fort, notamment par le biais de l'opéra italien, ses dialogues étincelants, son goût de la narration en flashback, ses personnages forts, et sa direction d'acteurs parfaite. Richard Conte, très bon, Edward G. Robinson, totalement à l'aise, et j'ai dû pousser 483 soupirs enamourés devant la superbe Susan Hayward qui est excellente aussi. Un très bon Mankiewicz valant un très grand chez beaucoup d'autres, cette "Maison des étrangers" mérite une belle visite.