Le film de Ronan Le Page tient parfaitement la route… pendant une heure ! Honnêtement mis en scène, bien calibré pour ne pas durer trop longtemps, pour ne pas étirer inutilement telle ou telle scène, doté d’un scénario qui est suffisamment malin pour qu’on ne devine pas d’emblée où il va nous emmener, « Je promets d’être sage » tient parfaitement ses promesses pendant les 2/3 de sa durée. C’est drôle, parfois d’un humour outrancier comme dans son improbable scène d’ouverture (plus caricaturale, tu meurs…), parfois d’un humour teinté d’ironie, lorsque le Graal suprême pour Franck prend la forme… d’un CDI dans la Fonction Publique Territoriale. Franck obtient un poste de vacataire dans le très beau Musée des Beaux Arts de Dijon (je l’ai reconnu tout de suite !) et ce dernier est parfaitement bien mis en valeur. J’imagine qu’il n’est pas facile de filmer dans un beau musée comme celui-ci, avec tous ces objets précieux qui ne demandent qu’à se briser. Le film donne presque envie de le visiter, alors même que le lieu « musée » en lui-même est plutôt présenté comme l’antichambre de l’ennui ! Le film est un peu cruel pour les gardiens de musée qui font pourtant un beau métier, un métier indispensable ! Le casting de « Je promets d’être sage », même s’il offre quelques jolis seconds rôles à Mélodie Richard ou Gilles Privat, est dominé de la tête et des épaules par Pio Marmaï et surtout Léa Drucker. Lui, adorable, sexy et toujours prompt à laisser son potentiel comique s’exprimer, elle, d’une justesse totale comme d’habitude. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu « moyenne » dans aucun film, même quand le long-métrage lui-même est moyen, elle est parfaite ! Ils forment ensemble un couple un peu bizarrement assorti (mais c’est voulu) mais très vite attachant et source de situations très drôles. Comme je l’ai dit, le scénario fonctionne sans problème pendant une heure. On ne devine pas d’emblée pourquoi Sybille est si désagréable et aigrie, on se doute bien qu’elle cache quelque chose mais on pense d’abord à une maladie. C’est d’ailleurs évoqué dans plusieurs scènes, comme si elle souffrait d’un trouble du langage ou de la mémoire. Mais le scénario décide très vite de ne pas nous en dire plus sur ce point là, ce qui a pour double effet de frustrer le spectateur et aussi de ne pas totalement éclairer le deuxième secret de Sybille. Elle déteste son job, elle déteste ses collègues, elle se déteste aussi, clairement. Ni sa « maladie », ni son gout étrange et morbide pour la rubrique des Faits Divers du « Bien Public » ne sont bien exploités par le scénario qui, au bout d’une heure, se dilue de façon invraisemblable dans le néant. C’est peut-être un peu dur de le dire comme ça mais cette fin qui part en vrille, avec à la clef une histoire d’amour à laquelle on a quand même beaucoup de mal à croire, frise la sortie de route. En fait, à partir du moment où le couple se forme, l’intérêt du film s’émousse. Le duo fonctionnait, le scénario fonctionnait tant qu’ils étaient comme chien et chats, ou alors complice forcés d’une situation délicate. A partir du moment où ils franchissent le pas, l’intérêt s’envole, le film se tourne vers un ersatz de comédie romantique et on va tout droit vers ce que je redoutais : une non-fin. Les dernières scènes, sans grand intérêt, laisse une impression de gâchis désagréable. Il avait toutes ses chances sur le papier, le film de Ronan le Page, il avait un beau décor, un beau casting, des personnages avec un vrai potentiel et un sujet intéressant à défaut d’être original. Et puis, il s’affaisse sur lui-même pour finir en une sorte de queue de poisson. Combien de films français j’aurais vu ces dernières années avec ce pareil défaut ? Ca laisse songeur…