La femme n’est plus ancrée dans un univers cohérent, malgré les nombreuses œuvres qui cherchent à leur rendre hommage. Paul Feig a pourtant bien maîtrisé le genre, sans déborder le vase dans « Mes Meilleures Amies », mais plus rien ne va plus depuis peu. La gente féminine est réduite à un rôle de substitution dans les flingueuses et le reboot de « S.O.S. Fantômes ». « Spy », en revanche, a su confronter les deux sexes pour une complémentarité divertissante. Il est alors logique que le réalisateur oscille entre ces deux extrémités, mais son dernier essai n’a pas de quoi rassurer quant au traitement des femmes, des minorités ethniques ou bien des orientations sexuelles déviantes. Le film pensera à aborder certaines de ces choses sans y croire et c’est sans doute la faille de trop, la blessure si visible qu’il est impossible de visionner l’œuvre avec une once d’innocence ou de curiosité. C’est comme fêter le Réveillon en nous annonçant que le Père Noël n’existe pas, une part de magie s’en est aller.
Mais le film tombe à pic, car il est porté par une actrice appréciée du public. Cependant, il aurait été judicieux de comprendre les effets néfastes du passage du petit écran au grand. L’impact doit être immédiat chez Emilia Clarke, qui se bat contre la caricature de son personnage, sans vraiment jamais s’en détacher. La fille, perdue dans son conflit intérieur, n’est pas à la hauteur de nos attentes pour autant, car n’assume pas ses défauts avant de se redresser. Son maquillage omniprésent ne devait cacher que sa fragilité psychologique, mais cela ampute du crédit dans sa crédibilité. On cherche souvent à l’associer aux sans-abris ou encore à la minorité immigrée, d’où Londres et le Royaume-Uni en plein Brexit. Que nenni ! Le fait d’insister en la plaçant au premier plan renforce à la fois l’égoïsme du personnage, mais ne provoque pas la bonne émotion à son égard. La mise en scène se voulait maline en un sens, mais désamorce constamment ce qu’il a si bien commencé à introduire.
Il est évident qu’une grande galerie de personnages secondaires seront présents pour servir cette héroïne sans complexe, mais c’est bien la maigre implication de Tom (Henry Golding) qui aura le mérite d’apaiser l’agacement derrière un traitement douteux. Il inspire la sérénité et la solidarité, l’exact opposé de Kate. Et dans cette dualité, il existe bien une étincelle qui ne trouvera pas la voie pour s’enflammer abondamment. Leur histoire reste souvent superficielle, bien qu’elle justifie ce pourquoi nous sommes venus, à savoir l’esprit de Noël. On nous tend ainsi une longue perche, nous invitant à slalomer entre les figures féminines, trop nombreuses ou ridicules pour être citées. Il est donc évident que le sentiment de Feig réside dans une fable festive, mais avec des héroïnes indépendantes, mais qui possèdent bien des faiblesses. Après tout, la morale nous rappelle que c’est grâce à un homme qu’on sauve une femme de son traumatisme. L’un ne va donc pas sans l’autre, mais le récit enchaîne maladroitement les sketches pour atteindre un point de non-retour beaucoup trop tôt et d’une manière peu harmonieuse.
Néanmoins, personne ne boudera l’audace de réinvestir le mythe de la comédie romantique de Noël avec un dénouement bien calculé, mais sans doute poignardé par l’équipe marketing. En soi, « Last Christmas » ne manque pas de finesse et prend le temps de tordre les conventions pour mieux amener la morale finale. Le problème, c’est que tout repose sur cette fatalité, possiblement prédite pendant sa longue exposition. On constate et on passe son chemin. Peu équilibré, passé un certain acte, on ne retiendra que les quelques paroles du groupe Wham! ayant inspirées un conte qui promet de passer le temps, mais sans les surprises ni l’émotion d’une communauté unis autour d’une réelle guérison.