Visuellement, thématiquement, philosophiquement, on pourrait presqu s’imaginer être devant une nouvelle production Ghibli. Presque...car en dehors de sa capacité à magnifier un cadre suburbain et scolaire autrement insipide et à y laisser affleurer l’animisme inhérent à la culture nippone, ‘Le mystère des pingouins’ s’engage sur des chemins différents, plus en phase avec la réalité, que ceux de l’imaginaire pur : alors que des pingouins apparaissent sans raison dans une petite ville japonaise, deux gamins surdoués mènent l’enquête, secondés par une assistante dentaire sexy qui semble être liée de près à l’étrange phénomène. Un peu à la manière de la série ‘Stranger things’, les personnages sont des enfants d’une dizaine d’années, sans que le film s’adresse forcément à eux en priorité. Si l’argument d’un départ s’avère plutôt farfelu et les pingouins obéissent aux canons de l’élément kawaï indispensable à tout Anime qui se respecte, le film joue sur plusieurs tableaux : l‘énigme en tant que telle dont la résolution, fidèle à une certaine idée du récit à la japonaise, restera floue, et l’intériorité des personnages car pour le jeune Aoyama, il s’agit avant tout de domestiquer l’inconnu, ce qui passe par la mise en oeuvre de ses connaissances patiemment accumulées, afin de tenter de comprendre l’apparition des pingouins, mais aussi d’appréhender un autre type d’inconnu, qui s’incarne à travers les émotions et des pulsions qui commencent à s’entrechoquer en lui : de fait, il n’y a que dans un Anime qu’un petit génie altruiste, débrouillard et mature puisse être prosaïquement et ouvertement fasciné par les seins d’une jeune femme bien plus âgée que lui, sans être bêtement grivois ou donner l’impression d’être mal à l’aise avec ce constat. On n’en saura pas plus de ce ‘Mystère des pingouins’ qui, comme beaucoup d’Anime quand on les termine, laisse l’impression qu’on a loupé un séquence essentielle à la bonne compréhension du récit, mais ce n’est pas si grave : si on reste en terrain connu par beaucoup d’aspects, ce premier film de Hiroyasu Ishida, s’autorise quelques échappées esthétiquement audacieuses et se livre à une étude des personnages suffisamment intéressante pour que le mystère passe effectivement au second plan.