Aimer sans trahir, ni soi-même, ni l'autre, ni l'aimée ?
Nina enseigne le français, vit en couple depuis longtemps et voit ses tentatives d’avoir un enfant échouer, les unes après les autres. Rien ne se passe comme prévu, ni comme on veut, ni comme on imagine...
Un fort pouvoir de fascination, voire d’envoûtement, l’attirance sexuelle est tout le temps mêlée d’amour, de répulsion, de déni, de phantasmes... Aucune des trois ne sait vraiment où elle est, quelle est sa place.
Magda dans l’ivresse de sa liberté conquise est soudainement désemparée par cet attachement vital ; sa vie est engagée pour ce qui semble une première fois. Elle en accepte immédiatement la responsabilité, même si l’échec - être rebutée - la pousse à s’envoyer en l’air comme se jeter d’un pont.
Nina est absolument perdue, l’échec de la longue quête de maternité, la vacuité du lien avec son mari (t’en as pas un peu marre des hommes ?), cet amour bouleversant, soudain, la révélation absolue et le frein d’un déni culturel (est-ce vrai que je suis comme ça ?) dont on sent très vite la légèreté, la faiblesse - l’amour a force révolutionnaire - il faudrait plus de temps qu’on en a pour s’y retrouver.
L’homme, Wojtek incapable d’assumer, ni de protéger, dont la bienveillance est surtout un écho de sa faiblesse. La situation lui échappait mais n’aboutissait pas... ça lui garantit au début une espèce de rente de tendresse à peu de frais, il ne s’en donne pas la peine. Tout s’écroule, une rigolade le rend inutile (t’en as pas un peu marre des mecs ?) Désemparé, seul, il tente de s’immiscer - l’intérêt de l’histoire est ailleurs. En mâle conforme il essaie un peu la violence, lui appartient-elle encore, le croit-il ? même pas. Au bout de ce chemin de croix un bonheur est à construire - elles savent faire - même si l’avenir de l’enfant risque d’être plombé par sa conception. Cet enfant, fruit d’un viol (sans consentement) et d’une volonté paradoxale, il est le corps de l’amour malgré tout, de l’amour aujourd’hui malgré et de la chair de chaque personne, ici, là devant nos yeux et les leurs tout aussi étonnés Les hommes n’ont pas encore - en corps - trouvé leur place. Les femmes assument comme par le passé, mais inventent déjà de nouvelles manières, de nouvelles aventures, c’est le genre ?
On le voit, on le sent, tout le monde est mal à l’aise. Et pourtant on ne baisse pas les bras quelque chose nous pousse, on va quelque part, quelle que soit l’héroïne à laquelle vous vous identifiez... et comme on s’accroche puissamment à ce regard si fort si porteur d’espoir sur lequel l’écran s’éteint et fait place au générique.