Tout est esthétique dans le film de Céline Sciamma. Les décors, extérieurs -des côtes bretonnes rocheuses d'une saisissante beauté- comme intérieurs, superbement éclairés pour créer une ambiance à la Le Nain. Il y a une remarquable recherche dans l'évocation de l'époque; les bougeoirs; les feux dans l'âtre; les lents déshabillages, jupons, corset.... Tout est juste dans la naissance de cet amour improbable entre Marianne, peintre parisienne, mondaine peut on dire et Héloïse, sauvageonne ilienne tirée du couvent pour faire le mariage qui permettra enfin à sa comtesse de mère (Valeria Golino) de fuir son enfermement. Marianne doit faire le portrait à envoyer au futur pour achever de le décider; Héloïse refuse d'être peinte parce qu'elle refuse le mariage. Ce sentiment qui les pousse l'une vers l'autre, elles mettront un certain temps à lui donner un nom, parce que ni leur époque, ni leur milieu, ni leur environnement ne le leur permettent! Ce sont par des regards, par des sourires au fur et à mesure qu'une certaine complicité se crée, mais jamais par des gestes, qu'elles vont s'apprivoiser -apprivoiser le sentiment impossible, innommable qui monte en elles... La brune Noémie Merlet et la blonde Adèle Haenel sont magnifiques. Il y a aussi une réflexion intéressante sur l'acte créatif. Les différentes étapes du travail de Marianne pour aboutir à ce portrait qui doit être réaliste, mais flatteur, des plis du satin de la robe jusqu'au teint de la jeune fille, tout en respectant les régles du portrait mondain de l'époque. Dommage donc que Sciamma n'ait pas, par contre, soigné le contexte de cette belle histoire d'amour car là rien ne se tient, à commencer par l'existence de ce château perdu au milieu de la mer, assez loin des côtes, et entretenu par une seule petite bonne, Sophie (Luana Bajrami). Laquelle de plus est enceinte (le saint Esprit? vu qu'il n'y a pas un homme à l'horizon) et amenée à avorter; les manoeuvres abortives et le passage chez la faiseuse d'ange sont aussi traités de façon intéressante -sur le lit où la femme charcute la pauvre Sophie, il y a un bébé, crasseux mais rondouillard et heureux de vivre... - mais cassent l'atmosphère du film. Et puis, au delà de la solidarité féminine, le véritable "copinage" entre les trois jeunes femmes laissées seules au château est, pour l'époque, invraisemblable. Enfin, il y a une scène ridicule de fête sur la plage autour du feu où les villageoises (rien que des femmes là encore) chantent dans une espèce de transe... Comme si la réalisatrice avait voulu en faire trop....
C'est certe très beau à l'écran mais d'une vulgarité et d'un malsain, pas étonnant de la part de Céline Sciamma. Mais bon comme c'est très féministe et que Adèle Hanel et Noémie Merlant s'en donne à cœur joie dans ce torchon, on crie au chef d'oeuvre. Eh, bien je suis bien content que ce film ai été boycotter aux Césars car c'est une horreur.
Céline Sciamma réussit un film particulièrement esthétique pour ses lumières, ses portraits de femmes, ses paysages bretons. Elle réussit à sublimer deux actrices, Noémie Merlant et Adèle Haenel. Elle nous offre une histoire originale, agréable et pleine d’espoir, en abordant la question d’une relation entre deux femmes avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, juste ce qu’il faut de paroles (souvent fortes et que l’on aimerait retenir). Pour permettre d’explorer cette relation jusqu’au bout, le scénario prend un côté onirique : quasi-absence des hommes, absence d’opposition externe à cette relation interdite. Il résulte de tout cela un film reposant à regarder… ce n’est pas si souvent ! Et si l’on doit vraiment apporter un bémol, ce sera sur la mise en scène : très belle nous venons de le dire, mais un peu lente, un brin classique et sans surprise. Et au-delà de ses qualités cinématographiques, le film aborde des questions très actuelles. Des questions artistiques : sur la relation entre le modèle et l’artiste ; sur la puissance du regard et la perception de celui de l’autre ; sur ce qui fait qu’une œuvre trouve sa force. Des questions sur la femme et son émancipation : Marianne est une libérale, Héloïse une résistante ; Sans doute deux traits de caractère indispensable pour permettre à une femme de lutter pour leur accomplissement en cette fin du 18ème siècle… et encore aujourd’hui ! Un des plus beaux films de l’année !
long très long, l'intimité de ce film ne m'a absolument pas touchée ☹ je m'y suis ennuyée. Des gros plans en permanence qui passe de l'une à l'autre pour ce face à face qui n'en finit plus.
Il y avait tout pour faire un grand film autour de ce huis clos féminin sur une île quasiment inaccessible où les passions vont se consumer au fil d’un récit romanesque et sulfureux. Deux femmes à priori sans cause, ni commune mesure entre elles, vont s’aimer. La passion entretenue par un double secret ( la demoiselle qui ignore qui est sa dame de compagnie, va devoir cacher leur liaison ) demeure très conventionnelle au regard d’une mise en scène appuyée, voire parfois lourdingue. Seuls quelques face à face , théâtralisés parfois, illuminent le discours de la réalisatrice assez maladroite quand elle se penche sur le chevalet de son sujet. Pour le romanesque j’ai souvent pensé à Jane Campion. Pour la technique et le savoir-faire pictural, Pialat et son « Van Gogh »… Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Quel pensum ! Un étalage d'états d"ame féministo-saphique d'un ennui profond. Pourtant l'idée de base est plutôt bonne, les actrices jouent très bien et la photo assez belle. Malheureusement, plutôt que mettre l'accent sur la création artistique et le processus créatif, sujet qui n'est qu'effloré, on se perd dans des relations totalement ennuyeuses. Non, montrer un pinceau parcourir une toile pendant 5 minutes pour faire genre ce n'est pas intéressant.
Un film plutôt ennuyeux avec beaucoup de longueurs et peu de surprises. L'image a un aspect est très numérique, en particulier de jour en extérieur, ce qui m'a empêché de me projeter dans le passé. En intérieur certains plans sont plus réussis mais, à force de vouloir imprimer à toute force une esthétique picturale, ça a finit par me lasser profondément. Pour ne rien arranger, je n'ai pas compris les éloges pour Adèle Haenel : elle plombe le film par son jeu qui me semble totalement faux. Au final un beau gachit de scénario et une perte de temps.
Si vous voulez quand voir ce film, évitez de regarder la bande annonce qui dévoile 80% du film.
Voici une œuvre particulière qui ne peut rencontrer qu'un public cinéphile et exigeant. Un film où chaque plan ressemble à un tableau, ou la lumière magnifie les visages et les corps. Beaucoup de pudeur dans le traitement de cette histoire d'amour, de la lenteur aussi, mais Quelle beauté ! Une mise en scène remarquable et une musique économe qui lorsqu' elle se déploie nous fait vibrer à l'unisson de ses 2 interprètes
Un véritable petit bijou artistique, dans tous les sens du terme... Eblouissant, paroxystique, une quintessence qui vient saisir l'instant, et toutes ces petites perles de seconde... Lorsque le désir de capturer son sujet en peinture vient se superposer au désir subtil et abyssal... Les deux actrices principales crèvent l'écran. Adèle Haenel transperce et foudroie. Pas étonnant que la jeune femme à son chevet succombe elle aussi...
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1,0
Publiée le 15 août 2020
Une grande partie est visuellement saisissante, beaucoup de scènes sont composées de manière satisfaisante et lorsque nous voyons la peinture appliquée sur la toile cela retient notre intérêt pendant un certain temps. Bien que pas assez longtemps pour justifier la durée de ces scènes. Cela me rappelle des films comme Black Swan et Le Patient Anglais qui étaient tout aussi incohérents, statiques et mal avisés mais qui ont obtenu d'excellentes critiques en s'adressant au public louant implicitement le spectateur avec des références culturelles de haut vol. Dans le cas du Portrait de la jeune fille en feu, les touches culturelles sont le mythe Orfeo et les Quatre saisons de Vivaldi. Fait intéressant tous ces films promettent une expérience érotique mais échouent à la livrer car aucun des personnages ne ressemble à de vrais êtres humains. Il y a une discussion sur Orfeo dans laquelle l'un des personnages principaux déclare fatalement qu'Orfeo s'est retourné vers Euridice parce qu'il était dans l'âme un artiste pas un amoureux. C'est ce film en un mot une déclaration simulée et profonde qui devient de plus en plus dénuée de sens à mesure que vous y réfléchissez...
Film respectant énormement la période historique jusque dans les details. Jolie histoire d'amour très vrai. Ca fait du bien de vouloir les relations entre les femmes enfin bien representées
Désolé mais ce film m'a profondément ennuyé Je pense qu'il doit être de bon ton d'apprécier ce genre de film sous peine d'être accusé d'h ... eh bien tant pis j'en prends le risque : film à éviter sous peine d'ennui mortel - 2 heures de vide sidéral !
Depuis 2007 et "La naissance des pieuvres", Céline Sciamma réalise un film tous les 4 ans, environ. "Portrait de la jeune fille en feu" est donc son 4ème long métrage. C’est aussi le premier à être apparu en compétition dans la sélection officielle du Festival de Cannes. C’était cette année et il s’est vu décerner le Prix du scénario alors que beaucoup voyaient plutôt le duo de comédiennes Noémie Merlant et Adèle Haenel obtenir conjointement le Prix d’interprétation féminine. Dans ce film, Céline Sciamma continue son observation du monde féminin, bien aidée par deux comédiennes en état de grâce et par une excellente directrice de la photo. Il est dommage, toutefois, que le film s’essouffle dans sa deuxième moitié.
Un film libertaire d'une belle sororité : Un trio de femmes ignorant les classes sociales composent cette magnifique œuvre de Céline Sciamma (mia !). Une histoire de peintre donc, qui implique une belle lumière et une belle composition du cadre. Et surtout une magnifique histoire d'amour faisant écho à celle de la réalisatrice pour sa muse, amie et amante, Adèle Haenel. Ces trois dernières années, je n'ai jamais vu autant de films de femme, comme on dit... et a chaque fois le plaisir est différent.