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didbail
30 abonnés
512 critiques
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4,5
Publiée le 6 octobre 2019
Portrait de la jeune fille en feu est un très beau film d'amour, en même temps qu'une réflexion sur l'art et sur le cheminement de l'artiste. La photo est splendide, les 2 actrices, Adèle Haenel et Noémie Merlant (aux yeux à la couleur indéfinissable) sont parfaites. Et l'épilogue sur fond de "Quatre saisons" fait frissonner. Je pronostique une avalanche de nominations aux Césars
Film d'époque, soigneusement reconstitué, sans en faire trop, la dernière sortie de Céline Sciamma avait suscité beaucoup d'engouement à Cannes, et avec raison ! Porté par deux merveilleuses actrices, dont Noémie Merlant - la révélation du film ! - qui crève l'écran et habite ce film pendant toute la première heure, avant d'être rejointe par Adèle Haenel, toujours irréprochable, et qui sort progressivement dans sa carapace. Mis en scène comme un tableau, la caméra pose sur ses actrices le regard d'un peintre, qui, comme Marianne, doit peindre son modèle de mémoire, en retenir leur carnation, le moindre détail de leur visage, leurs expressions... Film léché et sensuel, "Portrait de la jeune fille en feu" nous laisse un souvenir fort, durablement gravé dans nos mémoires, notamment le dernier quart d'heure, avec ses détails troublants, qui laissent place à l’imagination, mais à peine, et "L'Eté de Vivaldi, comme un orage qui se déclenche, vient parachever une oeuvre sur l'amour, mais aussi, d'un bout à l'autre, sur la colère d'une femme !
Film très esthétique avec une lumière digne des plus beaux tableaux des maîtres flamands. Pratiquement aucune musique hormis un choeur de femmes surprenant et envoûtant. Belle histoire d'émancipation féminine, cependant le film souffre de longueurs. Certaines scènes, bien que le regard des deux actrices soit fascinant, auraient pu être écourtées ou tournées différemment.
“Portrait de la jeune fille en feu” est un drame historique français lauréat du Prix du scénario au Festival de Cannes 2019. L’intrigue se déroule en 1770 sur une île bretonne où une artiste peintre se voit chargée de réaliser le portrait d’une fille de comtesse. La peinture doit permettre au modèle de se marier. Pourtant, celle-ci préfère l’indépendance. Les deux femmes vont peu à peu se connaître et s’attirer, au point que l’artiste remet en cause la raison de sa présence. Admirablement filmé, le long-métrage nous transporte dans un érotisme troublant tellement il prend son temps à y avouer ses désirs. Les deux actrices sont envoûtées par leurs personnages et donnent une dimension intense à un scénario pourtant pauvre en rebondissement. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Céline Sciamma a eu la bonne idée de construire ses plans comme des tableaux, vivants cela va de soit, mais les poses et la lumière font que le récit forme une succession de séquences digne des tableaux naturalistes de l'époque. Sur les étapes du travail on aurait aimer sans doute moins de détails qui meublent et plus de véracité dans les gestes artistiques. Le film est empreint de mélancolie, voir de pessimisme, qui renvoie irrémédiablement à la tristesse de savoir que la plupart des peintres femmes sont tombées dans l'anonymat, oubliée de la postérité. Sur ce point essentiel Céline Sciamma ajoute un atout non négligeable pour offrir un joli tableau de 02h riche de lectures à plusieurs niveaux. A voir et à conseiller. Site : Selenie
Portrait de la Jeune fille en feu repose sur la peur du figement par la peinture et les convenances sociales, une peur de se laisser saisir dans un cadre artistique qui emprisonnerait, aussitôt captée, la beauté de la femme qui s’en voit dépossédée tel un trésor et réduite au statut de reflet enlaidi avec le temps. Figer réifie en immortalisant et en uniformisant. Les traits sont brossés avec fidélité, mais témoignent d’une école. Le portrait en vaut bien d’autres, il s’annule exposé dans une galerie aux murs remplis de toiles similaires. Seule vaut la fuite ou, à défaut, seul vaut le code. Ce nombre 28 indiquant la page et le croquis qui s’y trouve. Le nu interdit, ou le corps féminin couché sans a priori par le regard d’une femme. La femme telle qu’elle est, et que l’art académique censure au profit de robes étouffantes et de postures réglementaires. Le film porte donc une révolution sexuelle non pas empêchée – elle a bien lieu – mais enfouie, cachée, laissée à l’appréciation de celles qui sauront regarder là où le regard habituellement ne se risque pas. Portrait de la Jeune fille en feu nous apprend à faire attention aux détails, à scruter le visage ou les gestes du modèle capté dans le mouvement en avant qui l’anime. La photographie du long métrage, signée Claire Mathon, compose ainsi de magnifiques petits tableaux auxquels la caméra insuffle une dynamique particulière. Et le spectateur, dans tout cela, est emporté par ce ravissement des sens, il se délecte d’une telle virtuosité esthétique subordonnée à un propos éminemment politique. Car l’enjeu principal ici est que le portrait ne doit être achevé. Condition sine qua non du mouvement des corps et des cœurs. Le visage est effacé violemment de la toile, moteur d’une intimité prolongée encore et encore, de la même manière que Les Mille et une Nuits perpétuaient la fiction afin de repousser l’échéance fatale censée voir triompher l’homme sur la femme. Le temps de l’art est ainsi redoublé par la naissance d’une passion amoureuse, le regard de l’artiste sur son sujet est dérobé par le sujet et devient l’émanation symbolique d’une flamme tout autant que d’une barrière : les deux femmes ne résolvent que lors de brefs instants la déchirure professionnelle et hiérarchique qui les oppose et qui détermine leur séparation. L’une est libre et vit de son art ; l’autre est soumise aux dures lois de sa classe. Entre elles deux, une servante qui tombe enceinte et représente la maternité qui fait horreur parce qu’elle ne résulte pas d’un choix ou d’un désir, mais bien d’une fatalité. C’est aussi l’occasion pour Céline Sciamma de se raccorder à la souffrance endurée par les femmes : l’avortement manifeste physiquement le déchirement intérieur que subissent Marianne et Héloïse, cette vie arrachée. Le film prend aussitôt l’aspect d’une initiation dont la finalité consiste à questionner les modalités de représentation et de considération de la femme : il n’hésite pas, pour cela, à lorgner du côté du fantastique, multipliant les apparitions spectrales d’Héloïse ou investissant la passion homosexuelle comme une possession – en témoignent les yeux noirs – que l’on exprime par la danse autour du feu profane. Il s’agit d’élaborer peu à peu un langage qui ne passe pas par le verbe, une communication qui se fait communion dans l’art et le sensible : la peinture, la volupté, la musique semblent être le secret langage du cœur, du moins en constituent-elles des expressions successives et permettent-elles la constitution d’un commun à distance.Avec son Portrait de la Jeune fille en feu, Céline Sciamma remonte au XVIIIe siècle pour mieux interroger les images que les sociétés d’hier et d’aujourd’hui construisent, telles des prisons, autour des femmes ; elle compose une œuvre à la picturalité forte pour mieux faire l’éloge du mouvement et de la fuite – ce n’est pas que de la peinture, c’est avant tout du cinéma –, encore idéaux dans un monde patriarcal mais qui sont des actes de foi en la libération de la femme dans notre société contemporaine. Un chef-d’œuvre incandescent.
Ce film m'est totalement passé au dessus. Je n'ai pas compris l'intérêt. C'est une romance, une belle romance, mais qui n'a rien de neuf (si on fait abstraction du coté lesbienne) et qui n'est pas très intéressante... J'ai trouvé le temps extrêmement long, un des films qui m'a le moins intéressé cette année, je préfère revoir Le Roi Lion en live action que de revoir ce film, c'est dire. Si le genre "Orgueil et Préjugés" vous plait, laissez vous tenter et je pense que vous serez conquis. Sinon... Je vous conseille de voir autre chose de plus intéressant, comme votre belle mère ou de regarder l'herbe pousser.
J'apprécie vraiment le cinéma de Céline Sciamma, certains films plus que d'autres, ses sujets, notamment autour de l'identité, son approche toujours personnelle et sensible en faisant sans doute la meilleure réalisatrice de sa génération. Ici, changement de registre avec une œuvre en costumes située au XVIIIème siècle, à l'approche ultra-léchée, picturale, offrant nombre de plans saisissants par leur puissance visuelle, évoquant évidemment les toiles de maîtres, accentuée par une photo lumineuse du plus bel effet. Malheureusement, hormis une introduction et une présentation des personnages assez réussies, cet esthétisme est restée vain pendant un bon moment tant nous n'étions parfois pas loin d'une logique film d'auteur pur et dur, n'ayant pas grand-chose à raconter et se complaisant presque dans une forme de pose que Sciamma sait pourtant si bien éviter habituellement, et que je craignais quelque peu lorsque j'ai pris connaissance du projet. Du coup, j'ai parfois totalement décroché de ce qui pouvait se « passer », le duo Noémie Merlant - Adèle Haenel n'étant pas à la hauteur des espérances (c'est nettement mieux dans le dernier tiers), faisant toutefois figure de génie à côté de celle, désastreuse, de Luàna Bajrami, déjà médiocre dans « Fête de famille » et aggravant ici son cas. J'avais donc beau être sensible au fait qu'un titre français soigne autant sa forme, tout en constatant cet ennui souvent inhérent à ce genre de productions, qu'adore certaines critiques qui préféreront utiliser les mots « lenteur » et surtout « contemplatif » pour justifier qu'on s'endorme devant. Et puis quelque chose se passe. La relation entre les deux femmes devient fusionnelle (la scène offrant son titre au film est magnifique), prenant alors de la hauteur à tout point de vue, que ce soit dans l'écriture spoiler: (dont ce très beau passage consacré à l'interprétation du choix d'Orphée lorsqu'il se retourne vers Eurydice) ou l'intensité émotionnelle, le choix du sensuel plutôt que de l'érotique s'avérant des plus judicieux, comme en témoigne cet échange spoiler: autour du livre et de la page 28 , fort joliment réintroduit dans les dernières minutes, sans oublier la conclusion, peut-être un poil longue, mais puissante. Au fond, dans « Portrait de la jeune fille en feu », il y a presque tout ce que j'aime et n'aime pas au cinéma : un aspect intello élitiste donnant l'impression de ne s'adresser qu'à un cercle assez précis de la population d'un côté, mais aussi une vraie démarche artistique, nous racontant cette brève rencontre avec suffisamment d'ardeur pour que l'on s'y retrouve, surtout dans la deuxième heure. Alors malgré la relative déception, malgré la lassitude longuement ressentie parfois, j'apprécie le geste et que l'auteur de « Naissance des pieuvres » se soit donnée la peine, même avec inconstance, de nous raconter un amour impossible : clairement pas mon Sciamma préféré, mais un des quelques titres dignes d'intérêt offerts par l'hexagone en cette année 2019 particulièrement inquiétante.
La réalisatrice tournait jusqu'à présent des histoires de notre siècle, dans le quotidien ouvert et populaire de nos cités urbaines. Elle nous montre que son talent s'étend au drame historique dans un quasi huis-clos enfermé par la mer. Les quatre actrices principales sont excellentes. La réalisation est magnifique, avec une qualité photographique mais également sonore extraordinaire. Sur un beau scénario, des images magnifiques, des instantanés superbes, une intensité de la condition féminine intemporelle, le poids du destin d'un monde ancien encore proche que la situation sociale ne distingue finalement pas tant que cela. Une nouvelle tranche d'un répertoire sur les ambiguïtés féminines. Mme Sciamma, continuez à prendre votre temps pour faire des films. Et continuez à en faire !
Prix du scénario à Cannes. Tout est dit. Tout est là. C'est trop écrit, rigide, guindé, corseté et finalement assez académique. Un projet approuvé, remâché, essoré, javellisé par toutes les commissions ignares du CNC. Le sujet demeure assez beau mais il est filmé sans envergure, sans feu, sans passion par une réalisatrice lessivée qui n'est ici qu'une Jane Campion du pauvre et ne parvient pas à dire grand chose de neuf sur l'homosexualité féminine. Adèle Haenel n'est pas très convaincante non plus, son personnage finit par lasser puis par agacer.
Ce film ne m'a pas touchée. Il est froid, empesé et artificiel. Je l'ai regardé avec détachement mais sans m'endormir contrairement à beaucoup. Adèle Haenel manque de subtilité. Noemie Merlant est bien, mais quel exercice de style, avec la référence bien lourde à Orphée et Eurydice, l'histoire de l'avortement qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Alors oui c'est féministe et oui ça parle de peinture et oui les images et les femmes sont belles, mais c'est raté.