Divorce Club est qualifié par son réalisateur de « film sur la régression » (interview donnée par Michaël Youn et Arnaud Ducret à Aunis TV, 9:22), celle d’hommes (surtout) et de femmes (aussi) qui, après une séparation subie davantage que choisie, décident de cohabiter pour conjurer leur malheur, selon l’adage qui veut que l’union fasse la force. Cette régression raccorde donc les personnages à un état de développement intellectuel et psychologique antérieur, les conduit à un retour en arrière ici prétexte au déchaînement de leurs désirs jusqu’alors inassouvis ou brimés, à l’exercice d’une misogynie jamais cachée puisqu’elle constitue le critère de résidence énoncé par Patrick : interdiction de toucher à l’ex-femme et à la Ferrari. Femme et voiture sont placées sur un même plan, celui de la collection et de la compétition pour des hommes qui trouvent là l’occasion de se venger des séductrices, des bourrelles, des sans-cœurs. La clausule, que nous ne révèlerons pas ici, contribue d’ailleurs à prolonger la misogynie et en faire le cadre du long-métrage puisque seul l’accord du meilleur ami autorise la femme à passer des mains de l’un à l’autre comme autrefois une fille passait de l’autorité de son père à celle de son mari, voire à celle de ses enfants si celui-ci venait à partir. Toutefois, le regard porté sur les femmes ne serait pas problématique si et seulement s’il constituait une intention comique, un postulat de base que l’affrontement de caricatures – ces hommes en état de régression, éternels adolescents, face à ces femmes froides et sans âme – permettait de dynamiter. Or, à bien écouter le réalisateur et son équipe, rien de tel, sinon une prudence prise à l’égard de ladite misogynie, « écueil dans lequel on pouvait tomber », comme le dit si bien Youn. Ce qui fait de Divorce Club un ratage quasi intégral, dans la mesure où il n’ose pas être ce qu’il aimerait être, pire refuse d’être ce qu’il est au fond de lui : une comédie franchement misogyne. Il était plutôt intéressant, à l’heure du #MeToo, de faire une comédie qui prenne le parti de l’homme saisi dans sa stupidité fondamentale et travaille les clichés de l’homo erectus stérile dans sa lutte avec la féministe experte en sports de combat. Mais le problème du long métrage est qu’il tombe dans cet entre-deux d’autant plus dommageable qu’il rend ses intentions contestables et confuses. Ce flottement de point de vue, qui témoigne du malaise éprouvé par Youn devant son sujet, est heureusement sauvé par le rythme frénétique de l’ensemble, ainsi que par ses acteurs, Arnaud Ducret en tête. Surnagent quelques situations cocasses et des personnages hauts en couleurs, mais Divorce Club ne risque jamais la polémique et le politiquement incorrect, se bornant à défendre, par défaut, une conception de la femme et de la relation entre les sexes ô combien abjecte.