1917 n'est pas un film tout à fait comme les autres.
1917 se distingue des autres avant-tout par l'approche juxtaposée qu'il montre de la guerre. Nous avons donc affaire là à un ènième film sur la guerre ; en l'occurence celle de 14-18, mais différemment.
Le scénario est tiré de faits historiques, et les protagonistes sont filmés comme des soldats et non pas comme en héros de guerre.
Toute la différence se situe ici, et c'est une des raisons pour laquelle ce film se distingue des autres films du même genre.
Adepte de scènes intenses qui immergent le spectateur au cœur de l'action, Sam Mendès déploie l'amplitude du sujet et l'aspect esthétique autour des deux soldats. D'ailleurs, les acteurs qui gravitent autour d'eux ne jouent toujours que significativement en retrait (Colin Firth, Mark Strong, entre autres...).
Le film a la grandeur d'autres titres impressionnants. The Revenant, par exemple, contenait certaines scènes sans coupures qui propulsaient le lyrisme cinématographique à des niveaux rarement atteints (soutenus par du matériel technique qui est à la hauteur du talent de Sam Mendès). Il semblerait que ce petit dernier de Sam Mendès n'ai rien à envier à d'autres titres fortement acclamés par le passé...
Il suffit de regarder ne serais-ce que les toutes premières, comme celle de la sortie des Tranchées, lorsque les deux soldats traversent un "no man's land" qui a carrément des allures de films d'horreur, pour se rendre à l'évidence que Sam Mendès est capable de prouesses tant par l'esthétisme visuel (et sonore) que par le cadre cinématographique ultra réaliste.
Et pourtant, le propos moralisateur du sujet principal, qui est la guerre, n'est que toujours très légèrement abordé.
Les sentiments ne sont pas mis en avant et ce que ressentent les deux soldats l'est tout aussi peu. Il semblerait même que ce soit volontairement mis en retrait...
La scène où le soldat reçoit les soins de la jeune mère d'enfant, alors qu'il vient tout juste de recevoir un coup de fusil sur la tête, reflète cette affirmation. C'est même presque filmé avec exagération : l'arrière de sa tête a un ématome énorme et deux ou trois appuis d'un coton imbidé d'eau suffisent à le soigner, avant qu'il ne se relève après s'être couché un court instant.
Malgré tout ce contaxte, Sam Mendès a été capable de magnifier l'ensemble du film - qui plus est, ne l'est sûrement pas - et de le rendre ainsi cinématographiquement splendide doté d'un très fort esthétisme plastique. C'est beau à voir, même si ce qui est filmé ne l'est absolument pas.
Et des scènes d'anthologie comme celle-là, le film en regorge...
C'est même à se demander si le lyrisme qui monte crescendo de ce titre n'a pas été méticuleusement pensé, non pas à la fin, mais depuis le début...
La scène finale est tout bonnement grandiose, magnifique, et elle clôture remarquablement cette œuvre parfaitement menée et montée. Il fait 2 heures environ, et sa durée est idéale.
2 heures... plongé au cœur d'une action effrénée, non-stop, où l'on ne voit jamais les personnages principaux s'arrêter, pour se restaurer, se reposer, ni même prendre soin de soi.
2 heures de cinéma orchestrées parfaitement bien, avec certains temps d'arrêt à des moments précis et pensés judicieusement, permettant de rythmer l'intensité et de captiver l'attention du spectateur...
Spectateur qui se doit de considérer ue film d'une telle valeur, c'est à dire un chef d'œuvre moderne et évolué.
Cette œuvre parfaite sublime ces deux soldats de guerre. De vrais héros de guerre où le spectateur les voit progresser dans leurs parcours d'accomplissement après que leur supérieur hiérarchique leur en ai donné l'ordre (Colin Firth).
Tout cela est conçu dans un seul et même sens : le spectateur a l'impression que les deux soldats savent déjà où est situé leur destination et ne consultent jamais de carte ni même un quelquonque itinéraire !
Le film de Sam Mendès amène le spectateur jusqu'à son apogée et dans ses tous derniers retranchements.
Les dernières scènes avec le soldat rescapé, qui surmonte toutes les épreuves, même les plus inimaginables, qui fait basculer le cours des évènements à lui tout seul, font partie des scènes les plus importantes de cet apogée.
Le repos mérité et glorieux d'une victoire partiellement mitigée (puisque les soldats braveront les interdits, malgré l'effort qu'a fourni ce héros de guerre) lorsqu'il s'assoit au pied d'un arbre, est de toute beauté et conclu ce film grandiose.
Ici, le soldat n'est pas gratifié de galons et aucune célébration militaire ne lui est organisée, comme c'est le cas pour la quasi totalité des films de guerre. C'est ce qui fait aussi une partie du charme de celui-ci et par une juxtaposition du propos qui est tout à fait étonnante.
Cette scène finale est filmée extraordinairement bien, et confirme le savoir-faire du réalisateur à cet égard : la caméra opère à l'arrière du soldat mais ne dépasse l'autre côté de l'arbre qu'après que le soldat l'ai fait. La scène de l'embourbement du camion dans la boue en est un autre exemple, et Sam Mendès excelle dans l'art de manier la caméra de cette façon.
Après American Beauty avec Kevin Spacey il y a longtemps, deux récents titres de James Bond, Sam Mendès gratifie les cinéphiles d'un titre d'abord très beau, mais aussi exquis par son aspect modernisé et évolué.