Film du Tchèque G.Machaty ( se prononce Massaté en langue Tchèque), "Extase" est surtout connu pour être l'opus qui lança la carrière cinématographique de l'autrichienne Hedy Lamarr (Hedwig Kiesler de son état civil).
L'actrice connue pour sa beauté, est filmée nue courant dans la forêt, se baignant et montrant sa poitrine au spectateur. Ce sont ces plans qui restent aujourd'hui comme l'origine du scandale que représenta " Extase" à sa sortie ( 1932).
Pourtant, le film me semble aller au delà : il est de surcroît une exposition sans ambiguïté du désir féminin, utilisant même la métaphore expressioniste de plans répétés montrant des chevaux, soulignant ainsi le désir et l'insatisfaction charnelle du personnage féminin.
L'impuissance physique est montrée au travers de celle du mari, personnage riche, animé sans doute d'une névrose obsessionnelle ( manie du rangement) au caractère sec qui lui fait préférer la manière dont il range sa table de nuit, met ses chaussons, à l'acte physique avec sa jeune épouse désirante et désirable.
La puissance n'est ici pas celle de la fortune associée à la rigidité émotionnelle et à la frustration des sens, elle est au contraire incarnée par un jeune, vigoureux et romantique chef de travaux de terrassement. Il exerce de surcroît dans un cadre idyllique, sorte d'allegorie du paradis ( paysages de montagne, de forêt, de lac) qui en dit long.
On comprend pourquoi le premier mari à la ville de l'actrice ( richissime marchand d'armes) chercha par tous les moyens à racheter les copies du film. Plus que la jalousie à l'égard de sa femme, c'est sans doute sa propre réputation qu'il chercha à sauvegarder.
La première partie est formidable de modernité et d'insolence, avant que la seconde partie ne donne l'impression de vouloir compenser la liberté de ton exprimée au début du film. Le désir prend alors une allure plus sage, il n'a plus alors qu'un but : celui d'assurer sa descendance.
Même si le scénario est minimaliste, sans doute un peu trop, la modernité de "Extase" justifie largement - selon moi - sa réputation et surtout d'être vue par l'amateur du cinéma du patrimoine.