Révélée en 2012 par le plutôt drôle "For a Good Time, Call..." qu'elle avait écrit, produit et interprété, Lauren Miller Rogen passe un nouveau cap en réalisant son premier long-métrage, "Like Father", après avoir dirigé quelques courts. Mais, soyons honnêtes, à moins d'être un fan absolu de Seth Rogen (il y tient d'ailleurs un second rôle) et de son épouse, cette énième histoire de rabibochage entre un père et sa fille n'avait pas beaucoup d'arguments sur le papier pour attiser notre intérêt si ce n'est son duo inédit d'acteurs, Kristen Bell et Kelsey Grammer.
L'addiction de Rachel à son travail est telle que son fiancé préfère l'abandonner devant l'autel le jour de leur mariage. Déprimée, elle accepte de prendre un verre avec son père réapparu spécialement pour assister à la cérémonie alors qu'elle ne l'avait pas revu depuis vingt-six ans. Après une nuit de beuverie, la jeune femme, encore éméchée, prend la décision d'effectuer la croisière prévue pour sa lune de miel et emmène son père avec elle...
Et cela se confirmera hélas assez rapidement : sans ses deux têtes d'affiche, "Like Father" ne serait sans doute qu'un autre petit film insignifiant de plus sur des retrouvailles père-fille n'ayant que pour seule originalité son cadre de croisière. Cependant, Lauren Miller Rogen a la bonne idée d'éviter la lourdinguerie comique habituelle que pouvait suggérer un tel contexte et préfère l'utiliser avec un minimum de réalisme pour faire évoluer la relation de ses deux personnages "prisonniers" au sein d'un groupe de sympathiques passagers et d'activités incontournables. Il en résulte ainsi un film certes timidement drôle mais qui opte avant tout pour un ton doux-amer assez classique afin de mettre en avant les moments les plus dramatiques -et clairement les plus réussis- du long-métrage. Si "Like Father" suit un chemin extrêmement balisé de feel-good movie familial avec une bonne humeur devenant réellement contagieuse lors du numéro final de ses personnages, c'est en effet, en grande partie, lorsque ces derniers dévoilent leurs failles au grand jour que le film en devient immédiatement attachant. Comme s'ils étaient conscients de l'opportunité que leur offre ces passages plus travaillés que le reste, Kristen Bell et Kelsey Grammer s'en emparent pour faire transparaître une sincérité désarmante dans cette relation père/fille dont la profondeur insoupçonnée tranche complètement avec la construction artificielle dans laquelle ils s'inscrivent. Grâce à eux et à ces instants de réconciliation, "Like Father" en devient très touchant et, même si tous ses ressorts sont connus par avance, agréable à suivre jusqu'à son terme.
Cette croisière aurait aussi probablement gagné à être rabotée d'un bon quart d'heure pour gagner en efficacité mais "Like Father" dispose heureusement de la plus-value incontestable apportée par une lumineuse Kristen Bell (peut-être une de ses meilleures prestations dans un film) et Kelsey Grammer pour rendre ce voyage maritime bien plus attractif et qui n'aurait sans doute pas la même saveur sans eux.