Rares sont les films qui, une fois terminés et le générique de fin lancé, nous amène à ce constat sacrément positif : il n’y avait aucune fausse note dans la crédibilité; non seulement celle de l’histoire, mais aussi celles concernant chaque ligne de dialogue, chaque réaction ou encore chaque geste des personnages. Des personnages en outre parfaitement bien incarnés par des acteurs méconnus mais qui jouent à la perfection et participent donc à cet aspect ultra réaliste et crédible qui caractérise « Calibre ». Ils donnent de la chair à leur personnage et leur calvaire semble aussi réel que possible, ce qui permet d’être scotché à son siège durant une heure et demie sans aucune baisse de rythme. Le début semblait pourtant quelconque. En effet, on voit deux amis partir à la chasse dans une région reculée d’Ecosse et un événement va perturber leur weekend et tout remettre en question. Eh bien, contre toute attente, pas de créature fantastique ici, ni de de villageois consanguins et violents. Non, ce film coup de poing va rester dans le réalisme étouffant pour nous emmener dans ce terrible engrenage qui pourrait arriver à tout le monde...
Et l’identification aux personnages est tellement forte que l’on se demande maintes fois durant la projection comment on aurait réagi à leur place. Une chose est incroyable : chaque fois que le script pourrait se laisser aller à une facilité de scénario, une petite invraisemblance, une infime incohérence ou même une simple réaction qu’on ne voit que dans les films et bien « Calibre » passe à travers. Tout sonne juste et jamais on se dit que les protagonistes sont bêtes ou que c’est gros ou improbable. C’est ce qui rend ce suspense dramatique hautement addictif et captivant. Le genre d’œuvre qui vous cueille pour ne plus vous lâcher, non pas parce qu’elle va vous faire sursauter ou vous mettre mal à l’aise, mais bien parce qu’elle fait monter tension et stress de manière exponentielle, mettant nos nerfs à rude épreuve jusqu’à cette conclusion qui fait froid dans le dos. Une conclusion nihiliste et forte et qui s’avère finalement tout aussi crédible et logique dans le contexte que Matt Palmer a instauré en amont avec soin et application. Un script d’orfèvre donc, pourtant simple et évident de prime abord, mais que l’on peut qualifier aussi également de rare et de travaillé, jusqu’au plus petit détail.
Et le pire (ou le mieux c’est selon) dans tout cela? C’est un premier film! Alors même si Matt Palmer n’obtiendra pas la palme de la mise en scène, ses images étant somme toute classiques, il sait créer un univers tangible, conforme à la réalité tout en y fondant des personnages bien écrits. Il est méticuleux dans le déroulement du scénario et sa science du montage et des effets est parfaite. On regrettera peut-être juste quelques plans un peu trop étirés parfois, mais cela passe, participant à cette montée en puissance de la tension. Le contexte bien planté en arrière-plan sert également cette œuvre inattendue, lui donnant une densité psychologique et sociétale non négligeable. On ressent les doutes, les peurs, les questionnements intérieurs des personnages comme jamais et c’est presque plus stressant et difficile pour l’esprit que certains films d’horreur pourtant extrêmes, comme par exemple « Hostel ». Tout ce qui se passe dans « Calibre » pourrait arriver et se retrouver dans les colonnes faits divers de la presse. Un petit film sorti de nulle part en forme d’uppercut qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher et vous retourne aussi bien le cerveau que le bide! A ne pas louper!
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