Rohmer est certainement l'un des cinéastes de la Nouvelle Vague les plus discrets, mais aussi celui qui divise le plus. A vrai dire, concernant le cinéma de Rohmer, on aime ou on aime pas, il n'y a pas de juste milieu. Disons que si l'on apprécie pas les longs dialogues, le rythme lent de l'histoire et l'ambiance "rohmérienne" (mise en scène proche de la vie de tous les jours) vous pouvez passer votre chemin. Concernant "Pauline à la plage", ce long-métrage fleure bon la carte postale des vacances et représente bien les amours de vacances, en particulier par rapport au personnage de Pauline, jeune adolescente de 14 ans, qui justement va découvrir les émois amoureux. Alors, il faut le préciser d'emblée, ce film a un rythme lent, et s'écoule comme les secondes, les minutes, les heures de manière à ce que le spectateur puisse s'investir de fond en comble dans l'histoire, notamment durant la première demi-heure. Cette première partie, dans laquelle on découvre les personnages principaux qui influeront dans les futurs marivaudages à venir, agit comme un rite de passage en quelque sorte. Soit on adhère au style de Rohmer, soit c'est l'inverse et on arrête le film. Pour ceux qui adhèrent, le reste de "Pauline à la plage" met en avant une sorte de chassé croisé amoureux entre mensonges et désirs, reflétant bien la citation de Chrétien de Troye apparaissant en ouverture ("Qui trop parole, il se mesfait"). Évoluant dans un espace limité, à savoir une petite station balnéaire de Normandie, les personnages vont et viennent, leurs sentiments s’entrechoquant au fur et à mesure que le film avance. Si l'on pourrait critiquer à "Pauline à la plage" le fait de ne rien "dire", au contraire, Rohmer effectue ici un développement complexe sur les mystères de l'amour et sur l'hypocrisie humaine. Sous des apparences de petit film simple et naïf, "Pauline à la plage" est en réalité une étonnante réflexion sur l'amour et sur ses affres qui peuvent survenir.