Pas le plus subjugant des Rohmer, même s’il peint les personnages de façon très réaliste. La jeune femme crédule, qui veut croire à sa liberté et à l’amour avec un grand A. Le goujat séducteur. Le garçon fidèle mais insupportable de jalousie et donc impossible à aimer. Et la petite Pauline qui observe tout ça. On a tous connu « dans la vraie vie » ces personnages.
On est mal à l’aise avec Henry. Avec ses chemises rouges et son peignoir de vampire, il n’inspire pas confiance. Il se révèle infidèle, hypocrite, manipulateur, lâche, pervers. Il a beaucoup de torts moraux sans être non plus un grand méchant. Finalement, c’est simplement un homme qui est abordé par une très belle femme, ne l’aime pas plus que ça, lui ment un peu. Il ne brille pas de sympathie sans être non plus infréquentable
(sauf la dernière scène avec Pauline qui est plus dérangeante).
Arielle Dombasle pourrait passer pour la pauvre idiote, mais on n’a pas non plus envie de la plaindre d’être tombée dans les griffes d’Henry. Elle s’est après tout jetée sur lui sans raison, et surtout plus bizarre, tente de pousser son ancien amant dans les bras de sa cousine de quinze ans. Enfin Pierre, beau gosse fidèle, qui a le sens de la responsabilité, ne nous touche pas tellement non plus. Il est puéril dans ses rapports avec Henry, toujours renfrogné, il nous agace.
La seule que nous aimons bien, c’est Pauline. Elle a trouvé un garçon de son âge qu’elle aime bien, et même si les adultes ne semblent pas approuver sa fréquentation, leur relation est plutôt saine. Pas de passion entre eux, mais de la camaraderie. Et le seul problème qu’ils rencontrent leur vient des adultes.
Tout de même un tableau plutôt pessimiste de l’amour. On ne peut pas forcer les gens à aimer (et même une cour trop assidue est contre-productive, cf Pierre), mais le coup de foudre n’est pas non plus un bon révélateur. Alors, peut-on savoir quand on aime ? Aime-t-on vraiment des caractères, ou aime-t-on par un jeu de séduction, si l’autre s’est laissé désirer ? Des questions qu’on se pose tous, mais je ne suis pas sûre que Rohmer nous ait apporté un éclairage particulier dans ce film.