Au Japon, l’animation remplace d’ordinaire le cinéma, et pas seulement lorsqu’il s’agit de matérialiser des univers imaginaires qui demanderaient des moyens trop imposants. Dans ‘Liz et l’oiseau bleu’, quelques banales salles de classe suffisent comme écrin à la relation entre deux lycéennes, Atsumi et Nao, partenaires au sein d’un orchestre d’harmonie qui travaille à l’exécution d’une pièce tirée d’un conte de fée : l’une joue du hautbois, distante et réservée ; l’autre est flûtiste, solaire et extravertie. Le conte, quant à lui, relate l’histoire d’une jeune fille qui partage sa vie avec un oiseau bleu voué à repartir tôt ou tard voler sous d’autres cieux : il est donc entendu qu’il métaphorise le lien inégal, “désaccordé” précise l’Anime en préambule, entre les deux jeune filles. A partir de là, deux possibilités s’offrent à vous : soit vous serez émerveillé par la délicatesse avec laquelle la jeune réalisatrice Naoko Yamada matérialise ces adolescentes en pleine construction émotionnelle et les sentiments, platoniques, contradictoires, refoulés, qui s’agitent en elles : une heure trente de regards fuyants, de pérégrinations silencieuses d’une salle de répétition à une autre, de corps qui se frôlent, de mots retenus au dernier moment. Le scénario ne s’éparpille même pas en intrigues secondaires, occupé qu’il est à contempler chaque respiration de ses personnages. Soit, et ce fut malheureusement mon cas, tout en comprenant bien de quoi il est question ici et en reconnaissant la grande sensibilité de Yamada, vous allez juste vous ennuyer ferme...Et les quelques séquences de mise en abîme qui relatent l’histoire de Liz et de son oiseau, aussi pimpantes soient-elles avec leur couleurs d’aquarelle, ne seront pas suffisantes pour inverser la vapeur...