Pour écrire Chamboultout, Eric Lavaine s'est basé sur l'une de ses amies, Barbara Halary-Lafond, qui a écrit un livre témoignage retraçant sa nouvelle vie depuis que son mari, victime d’un accident de scooter, est devenu aveugle. Dans cet ouvrage, elle parle de son combat, mais aussi de sa famille et ses amis. Le réalisateur explique :
"Bien que le livre soit bienveillant, certains de ses proches cités ont très mal réagi, c’est cela qui m’a intéressé. On peut dire que la vie de Barbara a été « chamboulée » deux fois : une première fois lors de l’accident de son mari et une deuxième fois quand son livre est sorti. Mais mon film n’est pas l’adaptation de ce livre, il débute à la sortie du livre. Ce qui m’a interpellé c’est la façon dont certains lecteurs de Barbara ne se sont concentrés que sur leur cas personnel et les quelques lignes qui leur étaient consacrées, ils ne retenaient que des petites choses anecdotiques ne voyant pas les épreuves que Barbara et sa famille traversaient."
Deux ans après L'Embarras du choix, Eric Lavaine revient avec Chamboultout, une comédie familiale et amicale inspirée d'une histoire vraie. Pour l'occasion, le metteur en scène s'offre une solide tête d'affiche : Alexandra Lamy, qu'il a déjà fait tourner à deux reprises (elle avait le rôle principal dans Retour chez ma mère et L'Embarras du choix) et José Garcia, qu'il dirige pour la première fois.
Barbara Halary-Lafond est associée au scénario de Chamboultout comme le récit est inspiré de sa propre histoire sans en être une adaptation. Dans le film, le livre que publie Béatrice, tout comme les personnages décrits, sont inventés. Eric Lavaine a emprunté des séquences ou des répliques à la vraie vie de Barbara, comme par exemple l’obsession qu’a Frédéric de ne penser qu’à manger ou encore ses instants de lucidité sur sa situation. Tout le reste est une adaptation très libre de l’expérience qu’elle a vécue.
Comme il avait envisagé de faire une suite à Retour chez ma mère, Eric Lavaine s'est dit qu'il n'allait pas tourner quatre films de suite avec Alexandra Lamy. C'est après l'avoir vue dans Tout le monde debout de Franck Dubosc, où elle joue une personne en chaise roulante, qu'il a voulu lui confier le rôle de Béatrice dans Chamboultout. "Elle a une force et une vraie sensibilité et possède bien sûr un rythme inné pour la comédie. Pour les séquences d’émotion, j’avais déjà vu tout le potentiel d’Alexandra dans Retour chez ma mère. Je dois aussi avouer très égoïstement, j’ai pensé à mon confort de travail sur le tournage ! Alexandra est l’actrice idéale : c’est une bosseuse, toujours d’humeur égale qui fait régner une ambiance sereine sur le plateau", confie-t-il.
Chamboultout se passe entre Bordeaux et Biarritz. Au Pays Basque, Eric Lavaine aime l’idée qu’il puisse y faire très mauvais ou très beau et que les éléments y soient puissants. "Le lieu d’un film est toujours important : si l’histoire commence à Bordeaux, ici elle démarre véritablement dans la maison à Biarritz, donc je voulais qu’elle soit à la hauteur de mes attentes. Or j’ai eu du mal à trouver cette maison, qui est à la fois bien située avec vue sur la mer et la lande, sans être trop arrogante", précise le metteur en scène.
Pour ce huitième film, Eric Lavaine a fait le choix de travailler avec de nouvelles personnes côté équipe technique, comme par exemple le directeur de la photographie Antoine Roch et l'assistante réalisatrice Mathilde Cavillan. Il confie : "J’étais jusqu’alors dans une espèce de confort un peu plan-plan et je voulais me bouger un peu plus. Le travail précis de mon directeur de la photo Antoine Roch et l’acuité de Mathilde Cavillan (1ère assistante réalisateur) m’ont rendu très heureux. Moi qui avais parfois tendance à ne considérer que l’écriture du script et le jeu des comédiens, avec Chamboultout j’ai pu exprimer une écriture cinématographique que je souhaite poursuivre."
Si Eric Lavaine n'a jamais tourné avec José Garcia, les deux hommes se connaissent depuis longtemps. Le réalisateur a d'ailleurs proposé plusieurs rôles au comédien, sans que les choses aient pu se faire. José Garcia explique :
"Après tous ces râteaux, il m’a rappelé en me disant que si je refusais d’incarner Frédéric dans Chamboultout, il le prendrait vraiment mal car, cette fois, il y avait un vrai défi à relever. J’ai toujours aimé les sujets qu’il abordait et cette tendance qui consiste à publier le récit de sa vie n’était pas un concept mais une réalité intéressante. Et effectivement, l’idée d’interpréter Frédéric me plaisait. Il y avait en lui de la comédie, de l’humanité et un parcours très chaotique. Ce rôle était difficile à interpréter parce qu’il perd la vue, n’a plus de filtre mais conserve son humour ; le danger était donc d’en faire trop et de mal gérer l’ensemble de ses défaillances. Frédéric est dans une telle énergie que dans un univers normal, sa présence est déjà très forte. Un personnage qui dit ses quatre vérités à tout le monde, cela heurte forcément. Mais à côté de ça, il fallait garder la fébrilité d’un aveugle et être très vigilant pour rester crédible car en une seconde, on peut retrouver ses réflexes de voyant."