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fcaponord
13 abonnés
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5,0
Publiée le 16 octobre 2019
un grand film qui donne un regard sans concession sur les conditions des petits boulots qu'on trouve dans un pays au capitalisme sans barrière sociale, l'exple de cette famillle qui fait tout pour s'en sortir, et pour garder une cohésion familiale malgré des journées de boulot de plus de 12h00 est bouleversant ! C'est aussi un méchant clin d'oeil à tout ceux d'entre nous qui commandons des marchandises à prix cassé sur internet sans se soucier de ce qu'il se passe derrière le rideau des plateformes, bref ce film c'est une grande claque en pleine gueule ! J'ai apprécié, lors de l'avant première l'intervention de Ken Loach avec son metteur en scène qui respectent les manifestations publiques (yellow jacket...) pour exprimer l'inacceptable de nos sociétés, tout en soulignant que ces mouvements auraient une plus grande signification si elles étaient suivi de propositions concrètes étaient suivi de propositions concrètes pour diminuer ces écarts de richesses hors normes de nos sociétés modernes...
Cette année, trois réalisateurs ayant déjà obtenu deux Palmes d’Or étaient en compétition au Festival de Cannes : Les frères Dardenne et Ken Loach. Une troisième Palme d’Or était-elle envisageable, évènement qui ne s’est encore jamais produit ? Vue la faiblesse de la sélection 2019, une troisième Palme d’Or était en effet tout à fait envisageable, "Le jeune Ahmed" et "Sorry we missed you" faisant partie de la demi-douzaine de films qui ressortaient de cette sélection décevante par ailleurs. "Le jeune Ahmed" s’est vu décerner le Prix de la mise en scène alors que Ken Loach est reparti bredouille. Un Ken Loach qui, il y a 3 ans, avait annoncé que "Moi, Daniel Blake" était son dernier film mais qu'on n'est pas vraiment surpris de voir repartir au combat pour fustiger l’ « ubérisation » de la société. Ce qui est plus surprenant de sa part, et, finalement, on s'en félicite, c’est que, dans "Sorry we missed you", c’est l’incursion dans la vie d’une famille qui représente l’élément central du film, l’écrasement social causé par l’environnement économique étant bien sûr bien présent mais avant tout sous la forme des dégâts qu’il cause à la dite famille.
Ricky vit avec sa femme Abby et leurs 2 enfants dans un sordide pavillon de Newcastle. Ils sont endettés et ont du mal à joindre les deux bouts. Ricky décide d’acheter à crédit une camionnette et de travailler « à son compte » pour une entreprise qui livre des colis. Pour financer l’acquisition de la camionnette, Abby accepte de vendre la voiture qu’elle utilise pour faire son travail mal payé d’infirmière au domicile de personnes âgées isolées et désargentées. A l’ère d’Amazon et de la vente en ligne, on découvre les conditions précaires et de stress dans lesquelles vivent les chauffeurs livreurs : des journées hyper denses durant lesquelles les chauffeurs spoiler: ne peuvent pas s’arrêter pour uriner, des pénalités exorbitantes à payer en cas d’absence ou de retard même légitimes, des agressions verbales/physiques ...
Cette misère sociale s’inscrit dans un contexte familial conflictuel, avec un adolescent qui sèche l’école,spoiler: passe son temps à faire des graffitis sur les murs, est hypnotisé par son téléphone et manque de se battre avec son père.
Dans ce film réaliste et pessimiste, caractéristique de l’œuvre de Ken Loach, le spectateur n’a aucun répit spoiler: et se demande sans cesse quand la situation arrêtera d’empirer.
“Sorry, we missed you”, c’est le titre du film et c’est le texte qui est écrit sur les « avis de passage » déposés par Ricky dans les boîtes aux lettres des clients absents. « Sorry, we missed you », c’est aussi les mots que Ricky et Abby pourraient écrire à leurs enfants auxquels ils n’ont pas l’énergie de vraiment s’intéresser, à leur couple qui passe après tout le reste et à leurs rêves qui ont cessé d’exister. « Sorry, we missed you », c’est un film qui ne laisse pas indemne et qui fait ouvrir les yeux sur l’envers du décor de la société de consommation actuelle.
Ken Loach est sans conteste l’un des plus grands cinéastes du monde. On peut désapprouver ses opinions politiques, la justesse des faits qu’il décrit dans "Sorry we missed you" et son regard sur le capitalisme à outrance n’en sont pas moins chargés d’une analyse pertinente concernant les effets destructeurs de tout un système sur les classes modestes. Le constat ici est même plus alarmant encore que dans les précédents films. Prenant pour exemple une famille de Newcastle réduite à l’état d’esclave par l’économie de marché, Loach dans la première partie du film, analyse d’abord les raisons du mal être social : pénibilité du travail, despotisme de l’employeur soumis lui-même au rendement, incitation à s’endetter dans l’espoir d’un meilleur lendemain, pénalisations financières et autres offensives d’un système qui finit par écraser la cellule familiale déjà en état de précarité. La mère accumule les tâches tout en étant limitée par l’absence d’un moyen de transport dont elle ne peut bénéficier, le père croule sous les heures de travail à force des pressions d’un patron soumis aux diktats d’Amazon et leur fils, adolescent en révolte peu doué pour les études, se résout à lutter contre un modèle sociétal qu’il perçoit comme sans avenir. Seule la fillette du couple s’accroche comme éperdue à des restes d’enfance, tentant de rassembler les derniers liens d’une famille au bord de l’implosion. La force des scènes décrites par Loach et son scénariste Paul Laverty atteint de plein fouet le spectateur le plus aguerri. Si la crise économique des années 1930 aux Etats-Unis avait donné pour film emblématique "Les raisins de la colère" de John Ford, ils se pourrait bien que Sorry we missed you incarne à lui seul le ravage occasionné à la fois par le projet néolibéral de l’Union européenne et par celui, non moins dangereux du Brexit dans les milieux ouvriers de l’Angleterre des années 2010. C’est d’abord l’empathie qui domine les personnages de premier plan chez Ken Loach. Conscients de leurs limites et de leurs excès, la violence n’est jamais une fin en soi. Forts en actions et en initiatives, soudés par des valeurs familiales puissantes, c’est la raison qui prime avant tout. Plutôt que de se livrer au chaos on multiplie les tentatives de rapprochement, de dialogue, de communication et l’injustice démontrée n’en est que plus percutante, prenant véritable valeur de dénonciation. C’est pour cela que le film touche, observant au plus près et avec une rare authenticité les agissements des uns et des autres au cœur du tissu social. Qui plus est il nous laisse le libre arbitre. Chacun reconnaîtra dans un final pour le moins bouleversant le choix qui lui est propre de vivre ou de mourir lorsqu’on a tout tenté et que la responsabilité individuelle se présente à nous.
Plus fort encore que "Moi Daniel Blake" palme d'or en 2016; Encore un film palmable du festival 2019 (il y en avait beaucoup cette année), mais il était normal que la palme aille à un réalisateur plus novateur, car Ken Loach reste ken Loach et il aurait été anormal qu'on lui décerne l'or une troisième fois. La tension créée est si forte qu'en plein milieu du film le grand grand auditorium Louis Lumière a résonné d'applaudissements ! À voir. Un grand moment.
L’intérêt pour le film vacille rapidement sous l’effet de la lassitude. La faute à une tendance inutile du cinéaste à vouloir tout mettre sur le dos de ses personnages principaux. Il est dommage que dans sa quête d’un discours moralisateur mais juste, il en oublie la finesse.