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rogerwaters
146 abonnés
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4,0
Publiée le 28 octobre 2019
Toujours aussi remonté contre le système capitaliste qui empire d’année en année, Ken Loach continue sa croisade contre le grand capital et contre l’exploitation humaine sous toutes ses formes. Il se lance ici dans une diatribe contre l’uberisation de la société et la multiplication de ces contrats précaires où l’on vend aux pauvres gens du rêve, avant que tout ceci tourne au cauchemar. Le cinéaste décrit avec efficacité un système qui prend les plus démunis en otage en leur faisant supporter tous les frais au détriment d’une vraie sécurité. Bien entendu, le cinéaste n’a pas la main légère et charge les personnages de tous les problèmes du monde. L’effet d’accumulation pourrait mener vers le mélodrame, mais Ken Loach y échappe une fois de plus en cernant au mieux ses personnages et en s’appuyant sur des acteurs plus vrais que nature. Bien entendu, tout ceci sert un propos largement orienté, mais peu importe tant la dénonciation s’avère forte et puissante. A noter qu’il ne s’agit pas d’une projection très plaisante puisque le but de Loach est de nous scandaliser et donc de nous énerver face à une situation inextricable.
on ne peut pas dire que Ken Loach fait dans la nuance , son film nous montre une famille dans les difficultés matérielles , la mère ( une sainte laïque ! ) s ' occupe avec amour de ses chères personnes âgées et a des horaires démentiels , le père qui a cumulé les emplois de toutes sortes s ' engage dans une société du genre Amazon et va connaître les cadences infernales et les règlements iniques de cette entreprise avec à son sommet un patron à peine caricatural !!! complètent ce tableau les enfants du couple , une fillette charmante qui aime son père , sa mère et son frère aîné qui bien sûr a des gros problèmes de comportement ! bon , mais tout cela donne un film émouvant , brillamment interprété et qui même dans ses outrances pose des problèmes bien présents de nos jours ! J ' ai adoré !
« Sorry we missed you » : certains diront que c’est à nouveau du Ken Loach et ils ont en partie raison … et c’est pour cela – je pense - qu’il n’a pas eu à Cannes une 3ème palme d’Or (décernée au film coréen « Parasites »). C’est du Ken Loach classique en termes de technique avec un montage linéaire très simple, des décors parfaitement adaptés, une lumière de qualité, une bande son sobre et un jeu d’acteurs assez étonnant en particulier celui des 2 enfants, Seb (ado en début de crise) et Liza Jane (12 ans encore dans les jupes de sa mère mais plus mature qu’on ne pourrait le penser). C’est du Ken Loach également sur le fond car ce cinéaste âgé de 83 ans se bat de nouveau contre la société, en particulier le capitalisme dévorant lié à la mondialisation. Il s’attaque ici à un « leurre » proposé à des jeunes : devenir « auto-entrepreneur, « à leur compte et en devenant ainsi leur propre patron » mais en franchise pour une grosse boite de transports de colis. Ricky, le père y croit et espère ainsi pouvoir enfin acheter sa maison à Newcastle, et il demande à sa femme, Abby, auxiliaire de vie très dévouée auprès de ses « petits vieux » mais payée à l’heure par une société de services, de vendre sa voiture pour pouvoir acheter à crédit une camionnette pour faire ses tournées. Dans l’entreprise tout est « gouverné » par Maloney qui distribue le travail, les amendes, les pénalités et pousse bien sûr à des tournées avec une charge de travail de plus en plus importante (au point qu’il faut pisser dans une bouteille pour ne pas perdre de temps) et faire des journées de plus de 12 h éreintantes … le tout sous le contrôle d’un mini-ordinateur qui géolocalise le camion et vous calcule même les HEA = heure estimée d’arrivée chez le client et ainsi de suite Le film a peut-être moins plu à Cannes que « Moi, Daniel Blake » (2016) qui était un réel cri contre la société dite moderne car dans son nouvel opus, Ken Loach s’attache à montrer ce que ce système « bancal » (tel que le chien à 3 pattes qu’on aperçoit au début du film) engendre au sein de la vie de la famille avec comme dit par Abby « une spirale les attirant tous vers le fond » : la communication cesse entre les membres de la famille ou se fait par téléphone, par sms, par mot déposé sur la table, tout le monde est crevé et déchiré …et Seb de partir sur une mauvaise pente. Le bémol que je mettrai est que notre héros -Ricky – a quand même une certaine chance : sa famille est très soudée, sa femme de par son métier (et qui est obligée de payer ses tickets de bus pour travailler) est très à l’écoute de ses enfants et de son mari et elle réagit de façon très positive face aux catastrophes ; Seb à la chance de tomber sur un vieux policier qui arrive à calmer la situation … et même à la limite, le méchant Maloney qui confiera à Ricky que lui aussi est « surveillé » par la société mère de transports et que toutes les sociétés de ce type se font elles-mêmes la guerre pour le dieu « argent » ! A voir … si on a le cœur à gauche bien évidemment !
Ken Loach excelle dans la peinture de la working class anglaise aux prises avec la brutalité du monde qu'on nous propose aujourd'hui. Pas besoin d'être anglais pour comprendre la vie, les difficultés, les espoirs, l'humanité de cette famille et être ému parce qu'elle traverse. C'est universel. Un film beau, triste et réussi.
Sorry we missed you concourait en sélection officielle du festival de Cannes 2019. Il s'inscrivait ainsi dans les traces du précédent film réalisé par Ken Loach, Moi, Daniel Blake. Dans la continuité de ce dernier et bénéficiant des mêmes qualités, Sorry we missed you forme un diptyque avec la Palme d'or 2016 mais sans obtenir le moindre prix en mai dernier. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
Quand on va voir un film de Ken Loach, on ne va pas voir une comédie pour rire ou se changer les idées agréablement. On sait qu'on va voir un film triste et plombant. C'est cela tout l'intérêt car ce réalisateur fait des films percutants et pertinents qui dépeignent bien la triste réalité économique et sociale du monde capitaliste occidental.
Dans son dernier film, le scénariste s’intéresse à la cellule familiale qui n’est pas épargnée par le contexte économique. Encore une fois, il nous fait le portrait d’une Angleterre laborieuse , éreintée par les pratiques libérales. Son regard se porte sur les travailleurs soit disant indépendants qui sont en réalité les esclaves modernes et sur les aides à domicile qui s’occupent des personnes âgées ou handicapées. Dans les plateformes logistiques gouvernées par les données, il n’y a pas de place pour l’autonomie ou l’indépendance.Il manque peut-être à ce film les éléments concernant l’utilisation des données personnelles qui lui aurait donné peut-être une envergure plus moderne. Quand à la femme qui doit s’occuper des personnes à leur domicile, elle en vient à déserter le sien et à ne plus avoir le temps de s’occuper de ses enfants. En interrogeant les conditions de vie au delà du travail, l’impact des horaires à rallonge et le mirage du travailleur indépendant, le scénario démontre comment l’homme est meurtri, voire broyé. Comme à chaque opus, le film est vraiment puissant. Cette fois-ci, il met en évidence que les victimes sont aussi les enfants, témoins impuissants de la dégradation du monde. Ils essayent de se révolter mais leurs actes sont contre-productifs. Ken Loach dresse un portrait noir et quasi sans espoir de notre société. On pourrait presque s’étonner que son « témoignage » demeure le même tout en variant: les plus démunis restent les victimes du système.
Le grand avantage avec les films de Ken Loach c’est qu’on en connaît d’avance le thème. Cette fois-ci nous nous retrouvons au cœur d’une famille que tout bouscule et qui petit à petit va imploser. La société que nous avons construit, dans toute sa splendeur, et qui pour certain est un vrai un chemin de croix. Voilà ce que nous montre Ken Loach, une fois de plus, avec une grande habilité. Des acteurs convaincants et attachants et une mise en scène coup de poing. 4 étoiles
C'est un très bon Loach!! bon cela ne détrône pas "Kes" pour moi, le bijou de Loach...C'est sec, à l'os mais la démonstration est parfaite pour faire comprendre l'arnaque complète de la start-up nation...Il y a ceux qui en bénéficient et il y a ceux qui trinquent... c'est tragique. Heureusement qu'il y a encore des cinéastes comme ken Loach, qui ne restent pas dans leur quant à soi et qui dénoncent les injustices du monde moderne et les "fariboles" qu'on nous vend comme pourrait dire l'autre. Les acteurs sont parfaits et parfaitement crédibles, les situations sont totalement crédibles, et seraient transposables en France ou partout ailleurs certainement. Loach a un tel talent qu'on se croirait dans un docu.
Ce nouveau film de Ken Loach est une narration de la vie d'une famille pauvre à notre époque. Il n'y a pas d'histoire si ce n'est celle d'une famille sans histoire particulière qui se bat pour subvenir à ses besoins. Il ne se passe pas grand chose de tout le film mais pour autant tout est bien écrit, même si les acteurs (qui ne sont pas tous du métier à la base) ne jouent pas très bien, ce qui nous empêche d'y croire par moment. Plusieurs séquences sont en trop et rajoutent toutefois des longueurs dont on aurait pu se passer. Nous pouvons cependant noter la remarquable dévotion de personnage du père pour sa famille tout au long du film.
Sorry, we missed est un film social d'une grande importance et d'une rare humanité, qui prouve que notre façon de consommer peut être un acte de résistance !
« Sorry we missed you » by Ken Loach. Immersion dans une famille au bord de la misère qui accumule les soucis: dettes et autres problemes d’éducation. Le sujet est d’autant plus dramatique que malgré les efforts consentis par les parents, la famille s’enfonce progressivement dans la guigne comme dans des sables mouvants. Jusqu’à ce que plus rien n’aille plus. Dans ce Newcastle désespérant et trébuchant, au pays de la livre stérile, le désespoir -comme un fog - stationne et plombe l’horizon. Tandis que le maillot des Magpies est strié de bandes noires et blanches, ici tout est gris sombre et définitif. Le film pousse à l’anxiété et aux rongements d’ongles. On se dit que la Grande Bretagne a dévissé pour de bon. L’individualisme a vaincu. L’individu est vaincu. Un marasme, un bourbier, une grande déprime inquiétante car crédible. 15/20.