Originaire de Draguignan, dans le Var, Jean-Philippe Gaud a suivi les cours de la Fémis : Département Montage, promotion 1997. C’est donc en tant que monteur qu’il a réalisé, jusqu’à présent, le plus gros de sa carrière cinématographique tout en participant à l’écriture de scénarios et en réalisant quelques court-métrages de fiction ou documentaires. Amateur d’opéra par tradition familiale, il a également mis en scènes deux opéras, « Paillasse » et « Le Barbier de Séville ». "Tazzeka" est son premier long métrage, un film qu’il a muri pendant 7 ans et dont l’ensemble des qualités lui permettent de prendre place parmi les réalisateurs à suivre du cinéma français.
On le sait depuis longtemps : la cuisine faite avec amour et le cinéma font souvent bon ménage ! Rappelons nous, entre autres," Le Festin de Babette", "Beignets de tomates vertes", "Salé sucré", "The lunchbox", "Les délices de Tokyo", des films de rencontres plus ou moins fortuites qui, tous, dégageaient sans aucun pathos une grande émotion tout en titillant agréablement nos papilles. Le film de Jean-Philippe Gaud vient incontestablement prendre sa place dans cette famille. C’est parce qu’il désirait réaliser un film parlant de l’immigration avec un ancrage dans le réel tout en étant plus léger que ce qu’on a l’habitude de voir sur ce sujet, que Jean-Philippe Gaud a choisi de faire de son personnage principal un cuisinier en devenir, ce métier, par nature dans le liant, permettant a priori des rapports humains plus apaisés. Quant au choix du Maroc et, plus particulièrement, de Tazzeka pour démarrer l’histoire, le réalisateur l’explique par son désir de faire partir Elias d’un environnement qui ne soit pas particulièrement lourd tout en ayant une coupure franche entre les paysages des deux parties du film, campagnard pour commencer, urbain ensuite.
"Tazzeka" est un film qui donne la pêche, un film qui fait chaud au cœur. Il est possible, voire probable, que certains le jugent avec un certain mépris, le trouvant trop gentillet, trop « bisounours » : tant pis pour eux ! Très bien interprété, il est, en plus, magnifiquement mis en images et il recèle un certain nombre de scènes qui, d’un point de vue purement cinématographique, marquent les esprits, l’exemple le plus remarquable étant une magnifique scène de dégustation à l’aveugle sur fond d’un aria de Mozart. Pour son premier long métrage, Jean-Philippe Gaud a tapé juste.