J'avais déjà vu deux documentaires sur le sujet, qui ne m'est évidemment pas étranger tant il est peut-être l'événement dont on a le plus parlé au XXIème siècle (du moins avant la crise du Covid-19). Reste que j'étais vraiment attiré par ce téléfilm (évidemment) produit par la BBC, faussement neutre mais très factuel sur la campagne électorale menée du côté du « Leave », aussi efficace dans sa communication que parfois mensongère dans ses propos. Toutefois, c'est surtout sur le premier aspect que « Brexit » se concentre, montrant comment, sous la houlette d'un stratège politique aussi doué qu'insaisissable, un référendum presque ingagnable s'est transformé en véritable machine de guerre pour ses partisans, ayant su saisir (et comprendre) la colère des gens pour arriver à leurs fins, notamment grâce à des moyens technologiques novateurs, principalement sur les réseaux sociaux, quitte à s'éloigner de la légalité. Le camp d'en face n'est pas non plus ignorée, cette association d'adversaires pour une cause commune montrant bien le caractère unique de cette élection aussi cruciale qu'inédite.
Finalement, on est agréablement surpris par une œuvre évitant le réquisitoire facile, critique sur les manœuvres employées pour parvenir à ses fins mais cherchant avant tout à démontrer comment cette victoire s'est construite. Un parti pris intelligent, presque filmé comme un thriller, à l'image d'une écriture redoutablement efficace, notamment dans le portrait de Dominic Cummings, dont le réalisateur fait une figure complexe, proche de l'autisme, bien plus en proie aux doutes qu'on n'aurait pu l'imaginer, presque « logiquement » interprété par Benedict Cumberbatch, très bon (à noter, au passage, que l'interprète de Boris Johnson se montre nettement plus proche de son modèle par la voix et les intonations que le physique). La télévision comme je l'aime : rythmé, s'appuyant sur un sujet fort, traité intelligemment et dont on sort plus cultivé qu'avant de l'avoir allumé. Une réussite.