Quel gâchis d’avoir réuni un si beau trio d’acteurs dans une contrée paradisiaque pour accoucher d’un film d’une telle insignifiance. Si Parrish avait imaginé un tout autre film construit en flash-back que les producteurs refusèrent, on n’est pas tout à fait certain que le résultat aurait été plus pertinent. Ce drame (car il s’agit d’un drame et non d’une film d’aventures comme certains veulent le vendre) décrit la rencontre de trois âmes en peine qui, pour des raisons différentes, errent sans but d’un port à l’autre.
Deux hommes, une femme, on imagine la suite mais tout se déroule sans ressorts et sans tension. Pire, on ne parvient pas suffisamment à s’attacher aux personnages pour éprouver une certaine empathie à leur égard. Le film s’étire ainsi avec langueur pendant 1h51, laissant le spectateur lui-même à la dérive face à des événements qu’il ne comprend pas toujours. Tout est de toute façon trop long et sans âme, et la principale péripétie du film (le personnage de Jack Lemmon pris au piège dans la cale d’un bateau) est affreusement et inutilement longue sans apporter quoi que ce soit au récit.
La fin éclaire véritablement sur le sens et le ton du film : un drame d’autant plus noir qu’il est baigné du soleil langoureux des tropiques. Les amateurs de drame lui reprocheront son manque de profondeur. Les amateurs de films d’aventures crieront, quant à eux, à l’imposture. Et il y a de fortes chances pour que les deux se soient pesamment ennuyés. Un exploit avec une telle distribution et de tels paysages !