Western humanitaire
Cette année 2023 s’ouvrira avec le 1er film de Guillaume Renusson, un mix palpitant entre thriller, survival, et western dramatique. Samuel part s’isoler dans son chalet au cœur des Alpes italiennes. Une nuit, une jeune femme se réfugie chez lui, piégée par la neige. Elle est afghane et veut traverser la montagne pour rejoindre la France. Samuel ne veut pas d’ennuis mais, devant sa détresse, décide de l’aider. Il est alors loin de se douter qu’au-delà de l’hostilité de la nature, c’est celle des hommes qu’ils devront affronter... Ces 94 minutes d’errance dans les Alpes franco-italiennes sont haletantes et parlent évidemment d’un sujet brûlant d’actualité, déjà traité en novembre dans Les Engagés. Le monde se polarise, se radicalise, on le sait, mais des voix et des corps s’élèvent contre le racisme, la xénophobie et donc la haine et la violence qu’elles engendrent. Bouleversant.
Une sorte de ce lonesome cow-boy endeuillé, presque en rédemption, se retrouve piégé dans une chasse à l’homme – ou plutôt à la femme – organisée sur la frontière par un trio d’ « identitaires » d’une violence ahurissante. Toutes proportions gardées, on peut presque penser à l’inoubliable Dersou Ouzala d’Akira Kurosawa, où deux personnages que tout oppose et qui deviennent amis. Pour ce qui est du mutisme quasi-total du couple de protagonistes, c’est le western dans les neiges, Le Grand silence de Sergio Corbucci qui me vient en mémoire. Voilà donc un film de genre ancré dans le réel le plus douloureux. Et puis, outre ces références, il y a le couple de comédiens qui portent ce beau moment de cinéma.
Denis Ménochet, - décidément un immense acteur – m’a beaucoup fait penser au Lino Ventura des grandes années…. Ce qui n’est pas un mince compliment. Zar Amir Ebrahimi, - prix d'interprétation féminine à Cannes pour son rôle dans le film iranien Les Nuits de Mashhad – est tout simplement magnifique de force et de présence… Quel regard ! A noter les présences de Luca Terracciano, Oscar Copp et Victoire Du Bois. Belle musique, même si elle est parfois envahissante de Robin Coudert et la photographie de Pierre Maillis-Laval participent également à la réussite de film martyrisé par le Covid, puis que le tournage a été stoppé après quelques jours, par le 1er confinement avant de reprendre près d’un an après. Des Survivants sauvés des neiges et de la pandémie.