Adapté d'une bande-dessinée espagnole et transposé dans le nord de la France, "Fourmi" est le deuxième long-métrage de son réalisateur, Julien Rappeneau. Ce dernier a toutes les bonnes intentions qui soient, l'ambiance est bon enfant et le casting incroyablement juste. Mais quelle banalité tout de même ! C'est si gentil et bien pensé que ça en devient vraiment ennuyeux. Bon, l'atout majeur réside dans l'interprétation des acteurs. François Damiens, en tête de peloton, est superbe en père alcoolique et défaillant. Le ton global de "Fourmi" aurait pu être davantage teinté de son énergie, cela aurait pu donner un côté social intéressant, quitte à en faire une chronique familiale plus grave. Là, on rentre dans l'histoire du mensonge du gamin, façon "Denis La Malice" : c'est mignon, coquin, gentil et extrêmement prévisible... La relation père-fils est touchante mais on sent très vite que rien ne va déborder et salir les limites du film tout public. Dès le début, on se doute des retournements de situations et de la fin et je félicite encore une fois les acteurs pour vivre si intensément des scènes aussi vides d'enjeux. Maleaume Paquin est très doué, d'une très belle maturité, tout comme ses partenaires adultes qui ajoutent un peu de surprises via leurs réactions. André Dussollier et Laetitia Dosch sont vraiment bons, drôles et naïfs. Ils participent activement à l'intérêt du film. Cette adaptation cinématographique est en fait un conte de fée contemporain à travers le regard d'un enfant, pour les enfants. La photographie jaune apporte des lueurs d'été, les personnages sont bien construits, chacun ayant ses petites trouvailles à défendre mais ça s'arrête malheureusement là. Pas de rythme, pas de grosses émotions, pas de risques, rien de trépidant dans cette relation père-fils. "Fourmi", bien que rempli de beaux sentiments, manque cruellement d'originalité.