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    Enquête sur un scandale d'état
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    295 critiques spectateurs

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    Cinememories
    Cinememories

    490 abonnés 1 468 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 février 2022
    Après « Les Apalaches » et « Une Vie Violente », Thierry de Peretti quitte la Corse et s'attaque à une étude de manipulation, celle du langage, celle de l'image, mais surtout celle de la vérité, car jamais elle ne nous sera donnée. Un déguisement après l’autre, c’est au cinéma d’intervenir et d’explorer cette notion ambiguë, qui semble remonté vers la plus haute sphère de l’État. Entrevoir un scoop à travers les témoignages construits et documentés d'un infiltré, lui-même dans un fossé identitaire, conduit à se rapprocher de référents variés, dont la justice et la loi dépendent. Des magistrats tombent dans l'embarras et dans une frustration inexplicable, comme en témoigne le personnage de Valeria Bruni Tedeschi, et on laisse également le spectateur dériver dans des interrogations, qui ne cessent d'en générer d'autres, plus pointues ou plus douteuses.

    C'est à cela que l'on se surprend à investir des différentes illustrations de la tension, à commencer par l'ouverture, où une transaction houleuse rompt avec la continuité et le regard attentif de Hubert Antoine (Roschdy Zem), témoin d’un balai chirurgical, que le pays tolère. Son écart de conduite interpelle par la suite, comme si la trahison avait un double visage, alors qu’il vient plaider un scandale qui frappe la passivité, l’incompétence ou la complicité de gradés dans l’ombre. Sa démarche le conduit à communiquer et à répandre son incompréhension à travers des médias, qui jouent également un rôle dans cette supercherie. Stéphane (Pio Marmaï) revêt la peau d'un journaliste à Libération, convaincu par Hubert. Et nous finissons également par observer, d'un œil sceptique, la stratégie du brainstorming, ordonné et dirigée par la talentueuse cheffe rédactrice (Julie Moulier). Il s'ensuit la construction d'un tourment général, où l'homme à la tête de la lutte anti-drogue, Jacques Billard (Vincent Lindon), devient l'objet d'une enquête redoutable et redouté pour le système qu'il défend, car qu'on le veuille ou non, la drogue finit toujours par traverser les frontières.

    Le cinéaste nous invite ainsi à partager ces moments de doutes, passés aux côtés de ceux qui finissent par se tromper et tromper leurs voisins. Il s'agit de cette chaîne paranoïaque et pourtant maîtrisée par un tiers, impossible à cerner et donc à condamner. C'est sur le fil que l'on se contente de suivre les débats sans fin d’individus, qui revendiquent une part du gâteau, jusqu’à en oublier la raison de leur lutte intérieure. S’adresse-t-on réellement à un repenti de l’infiltration, à un journaliste qui ne voit pas plus loin que la dernière ligne de son édito ou à un homme cérébral, dont on finit par accepter l’approximation comme engagement ? Personne n’est à l’abri des projecteurs et l’on continue de se demander comment les esprits se perdent, les corps fatiguent et comment l’on s’affranchit de telles accusations.

    « Enquête sur un scandale d’état » brouille constamment les pistes dans les échanges, mais également dans le format de cadre choisit, où l’on se permet de dévisager les intentions de chacun, quand bien même il serait possible de se tromper. L’intention est là, même en sachant qu’il s’agit d’une adaptation de faits, appuyés par des récits violents et crus. Ici, la fiction est un outil de plus pour propager un sentiment d’errance pur, comme si la caméra et le spectateur accompagnaient chaque étape qui construit et déconstruit une idée reçue.
    norman06
    norman06

    355 abonnés 1 679 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 février 2022
    Un film dossier à la Francesco Rosi, qui parvient à capter l'attention, même si des zones d'ombre émaillent un scénario que d'aucuns pourront soupçonner de complotisme. Les acteurs sont épatants.
    tupper
    tupper

    136 abonnés 1 396 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 février 2022
    Enquête s’attarde sur ses personnages et les mécanismes mis en jeu dans une enquête journalistique mettant au second plan l’histoire elle même. Et c’est très bien ainsi car plutôt qu’une énième enquête policière, on se régale à observer les relations du duo Zem, Marmaï qui fait des miracles avec en bonus un soupçon de Lindon toujours aussi juste.
    Jipéhel
    Jipéhel

    42 abonnés 176 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 février 2022
    Edifiant mais confus

    Thierry de Peretti décide enfin à quitter sa Corse natale où il avait tourné ses précédents films, - au point qu’en plaisantant, il indique que cette « enquête » est son 1er film français -, pour plonger dans les arcanes de la lutte contre le trafic de drogue, ses infiltrés et celles du journalisme d’investigation. 123 minutes sous tension mais hélas souvent très confuses. Octobre 2015. Les douanes françaises saisissent sept tonnes de cannabis en plein cœur de la capitale. Le jour même, un ancien infiltré des stups, Hubert Antoine, contacte Stéphane Vilner, jeune journaliste à Libération. Il prétend pouvoir démontrer l’existence d’un trafic d’État dirigé par Jacques Billard, un haut gradé de la police française. D’abord méfiant, Stéphane finit par plonger dans une enquête qui le mènera jusqu'aux recoins les plus sombres de la République. On discute souvent sur ce blog de la forme et du fond. Ici encore, le fond est passionnant, crucial, révoltant, mais il est gâché par un récit trop confus et elliptique. Dommage, car il y avait du grain à moudre.
    Ce thriller politique refuse tout spectaculaire pour se concentrer sur des faits, des agissements de l’ombre des trafiquants, des indics, des politiques, des flics… et il est bien difficile pour la presse - et le spectateur - de sortir de ce marigot. Ce film-dossier retrace l’affaire François Thierry, du nom du patron de l’Ocrtis, - Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants -, soupçonné d’avoir favorisé l’importation de quantités importantes de cannabis et d’être en lien avec Sofiane Hambli, un des plus importants trafiquants de drogue en Europe. On nous prévient d’emblée à l’écran qu’il s’agit d’une fiction, mais on sent que, même si tout a été soigneusement pesé, les faits retracés sont d’un réalisme inouï, et que seuls les noms des protagonistes ont été changés. Pour ajouter au réalisme, les conférences de rédaction ont été tournées dans les locaux mêmes de Libé. Des questions cruciales sont posées : A quoi ressemble la lutte contre le trafic de drogue aujourd’hui ? Quels en sont les acteurs et les outils, les stratégies et les doctrines ? Quelles sont les modalités de la consommation ? Qu’est-ce que cela implique d’un point de vue politique, économique et philosophique ? Et comme la drogue, c’est le capitalisme ultime, peut-on endiguer son trafic ou est-on réduit à ne faire que du renseignement ? La guerre contre la drogue est-elle une guerre perdue ? Le problème, c’est qu’on ne comprend pas bien où le scénario veut en venir, d’autant qu’il évite soigneusement d’avancer une réponse quelconque. Un beau film mais frustrant.
    Le trio Roschdy Zem, Pio Marmaï, Vincent Lindon, est évidemment au top. Mais comment pourrait-il en être autrement. Leurs personnages troubles et ambivalents naviguent à vue d’un bout à l’autre du film… et nous avec. Quant aux actrices, Julie Moulier, Lucie Gallo, Marilyne Canto et même Valéria Bruni-Tedeschi, le moins qu’on puisse c’est qu’elles jouent les utilités. Le choix de filmer en format 1.33 - qui donne une image pratiquement carrée -, ajoute à l’étouffement qu’on ressent, en particulier dans les scènes – trop nombreuses, trop sombres et trop bruyantes à mon goût -, de soirées en boîte ou en appartement privé. En vérité, il y a plusieurs films en un, et comme on ne sait jamais où on se situe, ça crée ce malaise que j’ai ressenti quasiment d’un bout à l’autre de ce thriller politique très édifiant et qui dégage un doute troublant sur le cœur même de cette enquête. Dostoïevski n’est pas loin.
    chas
    chas

    37 abonnés 180 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 février 2022
    C’est du lourd : non comme le titre le laisse entendre avec l’état en accusé automatique, mais
    comme on le dit d’un dossier allant au-delà des anecdotes individuelles pour insister sur l’importance des trafics de drogues qui mobilisent, immobilisent, les énergies de la police, de la justice, des douanes.
    Pendant 2 heures, ces affaires complexes ne sont pas traitées lourdement, quand les moyens légaux sont parfois contournés
    https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/08/bac-nord-cedric-jimenez.html .
    Les clichés sont évités, mais la première partie peut apparaître énigmatique, surtout si « El Chapo » ne vous dit rien, le puzzle narratif vous semblera long à se remettre en place.
    Alors que pour ma part j’ai apprécié le rythme, le montage, les suggestions et non le boum boum tac tac des productions de ce genre.
    Si j’ignorais que c’est « l’affaire François Thierry » qui a inspiré le scénario, adapté du livre « L’infiltré » d’Emmanuel Fansten (le journaliste) et d’Hubert Avoine (l’infiltré en question), un reportage récent dans « Le Monde » concernant le port du Havre, « sous l’emprise croissante du trafic de cocaïne » rendait compte de l’étendue du problème.
    Le réalisateur n’oppose pas d’une façon simpliste le vertueux journaliste au policier ripou, mais donne à voir le travail collectif de la rédaction de Libération qui aurait pu inspirer un titre plus original à ce film, c’est un de leur talent. Les acteurs Roschdy Zem, Pio Marmai, Vincent Lindon et même Valeria Bruni -Tedeschi sont excellents.
    Le D.
    Le D.

    209 abonnés 950 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 12 février 2022
    "Enquête sur un scandale d'état" est un film que j'ai trouvé plutôt sympa. L'histoire est intéressante et les acteurs jouent très bien. Par contre j'ai trouvé qui y avais un peu de longueurs à certains moments du film et j'aurais bien aimé voir un peu d'action. J'ai trouvé dommage que le film ne soit pas plus dynamique.
    cortomanu
    cortomanu

    79 abonnés 424 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 février 2022
    Pas de courses poursuites, de gros flingues, d'effets spéciaux à gogo et de punch lines dans ce film. Ce n'est pas le polar à la française standard, mais un film diablement efficace. Complexe mais lisible et facile à suivre, cette fiction n'en dépeint pas moins les recoins difficiles de la lutte contre la drogue, ses enjeux, risques, dévoiements... et elle le fait avec talent, grâce à la partition impeccable de Roschdy Zem et Vincent Lindon. Une bonne surprise.
    Dois-Je Le voir ?
    Dois-Je Le voir ?

    365 abonnés 1 824 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 février 2022
    C’est une réalisation de Thierry de Peretti qui s’est inspiré du livre L'Infiltré d'Hubert Avoine et Emmanuel Fansten. Il a écrit le film avec Jeanne Aptekman (Frères Ennemis).

    Enquête sur un scandale d'État va donc s’appuyer sur un livre qui va lui-même être basé sur l’affaire François Thierry. Cet ancien commissaire de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) avait été mis en examen pour « faux et complicité de faux en écriture publique par dépositaire de l'autorité publique », « complicité de trafic de stupéfiants » et « participation à une association de malfaiteurs ». Actuellement, la procédure judiciaire est toujours en cours depuis 2017.

    Au vu des enjeux, forcément, l’histoire va être prenante. Elle avait été médiatisée à l’époque, mais au bout de quatre ans, beaucoup de monde a pu l’oublier surtout avec le contexte actuel. Il est donc important d’avoir ce genre de piqûre de rappel afin de se rendre compte des dérives pouvant exister dans le système. Malheureusement, la trame a beau être puissante, cela ne suffit pas. Le film n’arrive pas à transmettre d’émotion et ne choque pas tellement.



    Pourtant, il va dénoncer des choses primordiales. Le fait que l’organisme en charge de combattre la drogue, facilite son entrée sur le pays, peut rappeler les scandales liés à la CIA. Il y a beaucoup de choses intéressantes qui vont être racontées durant Enquête sur un scandale d’État. Cependant, le film fait en sorte de ne jamais se prononcer clairement sur le vrai du faux. Il est orienté d’une façon qu’on se fait une idée sur la culpabilité du commissaire, mais en image ne la montre jamais. Le problème vient surtout du fait que trop d’infirmations sont balancées. Au bout d’un moment, ça part en peu dans tous les sens. Cela limite logiquement l’impact, car on se noie sous les paroles de l’indic.



    Il est plaisant de pouvoir compter sur des acteurs tels que Roschdy Zem et Pio Marmaï. Chacun fait une belle performance et assure dans les parties solos. En revanche, quand ils sont ensemble, la mayonnaise ne prend pas. C’est donc une déception à ce niveau-là. Quant à lui, Vincent Lindon est toujours aussi imposant.
    Chamar
    Chamar

    29 abonnés 48 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 13 février 2022
    Le film est étonnamment immobile (en fait, on n'apprendra pas grand-chose de plus au cours de l'enquête que ce qui est posé dès le début) retissant sans cesse les mots et les faits que s'échangent les protagonistes, sans qu'on sache jamais tout à fait qui se trompe, qui est trompé, qui trompe, puisque finalement tout le monde se retrouve pris dans un même magma d'incapacité (les trafiquants sont toujours aussi puissants). Les comédiens assument magnifiquement l'ambiguïté - Roschdy Zem et Vincent Lindon sont absolument fantastiques de crédibilité, et la distribution dans son ensemble est impeccable. Qu'est-ce qui fait alors que l'ensemble ne décolle pas tout à fait ? Le réalisme implacable semble clouer le film au sol, au détriment du réel et de sa part insensée, imprévisible, humaine, bien plus mal écrite que ce scénario, mais sans doute bien plus passionnante.
    Hervé L
    Hervé L

    81 abonnés 646 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 février 2022
    Un film intéressant qui montre bien comment un état de droit est à la fois impuissant et complice du trafic de drogues désormais à très grande échelle et qui peut négocier d'état à état. En ce n'est pas la justice très féminisée qui peut comprendre quoi que ce soit au mécanismes en place
    SUZY AND MEE
    SUZY AND MEE

    143 abonnés 111 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 février 2022
    Quel crédit apporter à ce qui fut une source et qui souffre aujourd'hui de disgrâce ...?!! Déjà une source à la base...
    Sujet intéressant, peu connu et le réalisateur évite la facilité.
    Lindon est impayable quand il appelle Zem CANARD :))
    Malgré tout, cela manque un peu de romanesque, de souffle... trop de BLABLABLA BLA BLA
    Cinévore24
    Cinévore24

    350 abonnés 718 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 février 2022
    Jusqu'où aller dans l'illégalité pour contrer ce qui est illégal ?

    Un sujet brûlant, mais desservi partiellement par son traitement formel, et une histoire d'investigation qui finit par se perdre en cours de route.
    Chris58640
    Chris58640

    221 abonnés 763 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 10 février 2022
    En proposant « Enquête sur un scandale d’Etat » (je n’aime pas du tout ce titre « bateau » sans imagination !) Thierry de Peretti est animé des meilleures intentions. Et d’ailleurs dans la forme il réussi un film très rythmé, pourtant un tout petit peu trop long (c’est visiblement la mode de faire long pour faire long), dont l’habillage musical est très réussi, à base de musique électronique bien utilisée, bien calée sur les images. Il a malgré tout deux manies un peu surprenantes, la première est de faire des transitions très « old school » (fondus-enchainés, écrans noirs qui dure au-delà des premiers dialogues) et la seconde de proposer un film sur grand écran en imposant deux immenses bandes noires de chaque côté. En somme, il se prive, et il nous prive, d’au moins un tiers de l’écran pour proposer un film qui parait dimensionné pour les vieux écrans de télévision carrés. C’est probablement voulu, mais j’avoue ne pas bien comprendre pourquoi. Si on excepte ces deux choix artistiques un peu curieux, et une durée un tout petit peu trop longue (certaines scènes, comme celle de la pêche, paraissent quand même assez superflues ou en tout cas trop étirées), le film tient la route. Il faut dire qu’il s’est offert un très beau casting avec trois supers acteurs. Pio Marmaï en journaliste pugnace (et évidemment un petit peu ambitieux, c’est de bonne guerre), Vincent Lindon en patron des Stups inclassable et surtout Rosdhy Zem en infiltré parfaitement insaisissable. spoiler: Son personnage, en deux heures de film, je n’ai pas réussi à déterminer de quel bois il est fait : est-ce que ce qu’il raconte est vrai ou alors verse-t-il dans la mythomanie, enivré de l’importance que lui donne le journaliste ? Franchement, par moment on le croit et par moment on se dit qu’il mène tout le monde en bateau en inventant des révélations toujours plus grosses. Zem devait composer un type fuyant comme une anguille ? C’est indéniablement le cas. Je souligne aussi la performance de Vincent Lindon dans les scènes de tribunal à la fin du film, très convaincant, tellement qu’on lui donnerait le Bon Dieu sans confession alors que ça fait deux heures que le film raconte des horreurs sur son personnage.
    Quant on pense « film de journaliste », on pense à « Spotlight » ou aux « Homme du Président ». Dans ces deux cas-là, on comprenait bien les enjeux, le Bien et le Mal étaient faciles à appréhender. Ici, le scénario a beau faire de son mieux, tout est beaucoup plus compliqué et plus flou. C’est le principal défaut de fond au film de Thierry de Peretti, si on arrive dans la salle comme un néophyte, on va quand même un peu galérer pour tout comprendre d’une enquête protéiforme qui va bien au-delà de la drogue. En réalité, je vais l’avouer, « Enquête sur un Scandale d’Etat » est parfois tout près de nous perdre en route. Pourquoi les Stups organiserait-il le trafic eux même : spoiler: pour faire du chiffre et soigner leur statistiques ? Pour casser les filières en « aspirant » la marchandise ? Pour court-circuiter les Douanes dans une guerre entre services ?
    Ce n’est pas très clair, malgré les efforts du personnage de Jacques Billiard pour l’expliquer. En réalité, la question que le film souligne est plus simple que toutes les arcanes de la lutte contre le trafic de drogue que le scénario essaie de mettre à jour sans trop y parvenir. La question c’est : pour lutter contre ce trafic, doit-on obligatoirement se salir les mains ? Et si oui, jusqu’où peut aller un Etat de droit dans sa guerre contre la drogue ? Au final, c’est bien cela que l’article de Libération soulevait, c’est une question de morale : la morale comme ennemi de l’efficacité ou impératif sans concession. Mais pour poser cette question simple, essentielle même, le film se perd un peu dans les méandres des révélations nébuleuses d’un infiltré à qui on a du mal à faire confiance. Du coup, on perd un peu de vue la problématique et c’est dommage. J’ai bien conscience qu’être clair sur un sujet aussi complexe est difficile, et j’ai bien conscience aussi que le film ne peut apporter une réponse simple à un problème aussi compliqué. La limite entre ce qui est acceptable et inacceptable dans les méthodes des Stups est plus que floue, elle est mouvante et ce n’est pas nous, spectateur totalement extérieur à la question, qui pouvons déterminer de quel côté de la ligne rouge la Police française se situe. Que reste-il au final du film de Thierry de Peretti ? Une vraie question de fond, essentielle et morale, mais un film difficile à lire, qui est parfois à deux doigts de nous perdre en route. A vouloir traiter un sujet aussi délicat et sensible, à vouloir peut-être trop bien faire, il apparait parfois brouillon, dispersé et confus. Les très belles performances de Lindon, Marmaï et Zem ne parviennent pas à dissiper l’impression de confusion et d’inachèvement qui restent une fois la séance terminée.
    PLR
    PLR

    474 abonnés 1 576 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 février 2022
    Dans ce genre de film aux confins du fait divers, de la lutte contre le trafic (on parle de drogue mais ce sera le plus souvent du cannabis), de l’enquête journalistique et de la Raison d’Etat, il y a de la matière et énormément de domaines d’intérêt. Un peu trop même, ce qui complexifie le récit et nuit à la parfaite compréhension de tous les détails et de leurs interactions pour qui (la grande majorité des spectateurs bien sûr !) n’est pas rompu à tout ça. L’ensemble se veut réaliste. Les principaux acteurs semblent être mis en situation et ensuite libres de leur texte, ce qui donne un aspect très documentaire qui va bien avec le sujet. Quiconque suit l’actualité se remémorera des affaires ("scandales") ayant défrayé la chronique. Le scénario flirte avec le sujet politique (au sens de l’action et des résultats ou pas des autorités publiques) avec des vrais noms d’ailleurs ! Incident technique ponctuel dans la salle ou censure, il y a une courte coupure de son dans les dialogues vers la fin. Les secrets de tournage n’en disent rien. On verra bien si d’autres spectateurs auront remarqué ça aussi… C’est que le fond est brûlant.
    Yves G.
    Yves G.

    1 518 abonnés 3 533 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 février 2022
    A la tête de l’OCRTIS, l’office centrale pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, le commissaire Jacques Billard (Vincent Lindon) entend déployer une stratégie novatrice. Plutôt que de procéder à des saisies soi-disant record, sans effet de long terme sur les trafics, il entend pister les cargaisons, identifier tous les trafiquants et procéder à des interpellations massives pour décapiter les cartels.
    Cette politique a un inconvénient : elle autorise, fût-ce temporairement, des importations massives, avec le risque qu’une partie de la drogue pistée échappe au contrôle et soit finalement écoulée.
    C’est cette faille que pointe Hubert Antoine (Roschdy Zem), un informateur de l’OCTRIS devenu lanceur d’alerte. Il s’en ouvre à Stéphane Vilner (Pio Marmaï), un journaliste de "Libération" qui, après avoir recoupé les informations dont il dispose, décide, avec l’appui de sa rédaction, de publier le scoop.

    J’étais allé à reculons à l’avant-première de Enquête sur un scandale d’Etat. Parce que rien ne m’horripile plus que cette expression, scandale d’Etat, utilisée ad nauseam dès qu’une mesure gouvernementale déplaît. Parce que je craignais de voir un énième polar consacré à des flics ripoux et/ou à des trafiquants troubles et/ou à des journalistes courageux.

    La première heure de ce film qui en dure plus de deux confortait mes préjugés. Je n’y comprenais pas grand chose. Un dialogue sur deux m’échappait : la faute à ma surdité naissante ? Les plans séquences tremblotants risquent de donner le tournis aux plus migraineux.

    Mais au bout d’une heure, les pièces du puzzle, lentement, s’assemblaient. Je découvrais alors un film rare, comme je n’en avais jamais vus. Une fiction filmée comme un documentaire. Thierry de Peretti, dont les deux premiers films ne laissaient pas présager le talent, invente une forme étonnante et séduisante : alors même que le texte est écrit à la virgule, qu’il est interprété par des acteurs connus, il donne, grâce au jeu des caméras et du montage, l’impression frappante de l’image volée, filmée en temps réel.

    Autre qualité du film : son absence de manichéisme. Adapté du livre d’Emmanuel Fansten (le journaliste de "Libération") et d’Hubert Avoine (l’informateur des Stups), il aurait pu – comme son titre d’ailleurs le laissait augurer – basculer dans le procès à charge, opposant le lanceur d’alerte vertueux au grand flic ripou. C’était le défaut de "Gibraltar" (l’histoire d’un aviseur des douanes françaises) et de "L’Enquête" (sur l’affaire Clearstream). Rien de tel ici où Thierry de Peretti a le mérite de maintenir la balance égale, ou, à tout le moins, de ne pas la faire outrancièrement pencher d’un seul côté : il ne tait rien des zones d’ombre d’Antoine/Avoine et donne la parole longuement, dans une scène de procès remarquable, à Billard/Thierry pour se défendre.
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