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    Enquête sur un scandale d'état
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    FaRem
    FaRem

    8 875 abonnés 9 665 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 27 septembre 2022
    Inspiré de l’affaire François Thierry, le film de Thierry de Peretti est une fiction et les faits évoqués ne doivent pas être considérés comme reflétant la réalité. C'est sur ces quelques lignes que s'ouvre ce "Enquête sur un scandale d'État" qui pose malgré tout des questions intéressantes. Doit-on lutter contre l'illégalité en étant soi-même hors-la-loi ? Faut-il être un voyou pour arrêter les voyous ? Si une guerre n'est jamais propre, il est quand même nécessaire d'avoir des limites. Jacques Billard, qui est en charge de la lutte antidrogue, est soupçonné d'avoir couvert l'importation de grandes quantités de drogues lors de livraisons au cours desquelles il piochait parfois pour faire ses chiffres et ainsi satisfaire ses supérieurs. Sa manière de s'affranchir du système est dénoncée au même titre que sa relation avec un grand baron de la drogue par Hubert Antoine, un indic, qui raconte tout à Stéphane Vilner, un journaliste de Libération. C'est à partir de ce moment-là que la machine s'enclenche avec l'élaboration de l'article puis tout ce qui suit une fois qu'il est sorti. La première partie est vraiment bonne entre l'enquête, les révélations et les échanges entre les personnages de Roschdy Zem et Pio Marmaï. Une partie fascinante, car on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la réalité, et ce malgré le message du début. Je ne comprenais pas la note du film et c'est en découvrant la suite que j'ai compris, car la seconde partie est beaucoup moins convaincante. Le récit est attentiste à l'image des personnages qui sont sur la défensive par rapport à la plainte pour diffamation et à la sortie du livre. J'ai quand même apprécié le film, car il est porté par un très bon casting et que l'histoire reste plaisante à suivre, mais je suis un peu resté sur ma faim.
    traversay1
    traversay1

    3 684 abonnés 4 890 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 16 octobre 2021
    En plaisantant, Thierry de Peretti indique que Enquête sur un scandale d’État est son premier film "français" après deux longs-métrages consacrés à sa Corse natale. Il n'y a cependant pas de dépaysement dans la manière du cinéaste, qui refuse le spectaculaire et préfère les conversations (malheureusement pas toujours faciles à entendre, pour cause de bruits de fond ou d’enchevêtrements de paroles) pour nous immerger dans un faux thriller en pleines zones grises. Au-delà de ce qui constitue la trame du film, les dérives de l’État dans la lutte anti-drogue, c'est l'alliance entre un journaliste d'investigation et un "employé" des stups, qui agissait comme infiltré, qui intéresse de Peretti. On reconnait la patte du réalisateur dans cette minutie obsessionnelle des détails et un hyperréalisme très documenté. Ce n'est pas que le film soit fastidieux mais il semble tellement obsessionnel quant au traitement de son sujet qu'il n'y a nulle part d'espace pour respirer un peu (et se détendre ?) y compris dans les nombreuses scènes dans une salle de rédaction. On aimerait tenir là une œuvre à la Pakula ou à la Rosi, ce qui est rare dans le cinéma hexagonal, mais de Peretti s'impose à lui-même et aux spectateurs une telle exigence dans son récit qu'il en devient filandreux et parfois même opaque. Trois acteurs se détachent largement du lot : Roschdy Zem, Pio Marmaï et Vincent Lindon, impeccables, dans un film très masculin qui ne s'autorise aucune sortie de route sentimentale ou humoristique.
    ffred
    ffred

    1 744 abonnés 4 028 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 novembre 2022
    Après les excellents Les Apaches et Une vie violente, Thierry de Peretti revient avec un polar sombre inspirée de faits réels. Un scénario assez complexe mais bien écrit, une mise en scène serrée, une interprétation haut de gamme. Le duo Pio Marmaï/Roschdy Zem fonctionne parfaitement. Vincent Lindon est comme toujours excellent. Un second rôle mais deux scènes formidables, l’une face à Valeria Bruni-Tedeschi en procureure de la république, et l’autre face à la trop rare Maryline Canto en juge. Entre polar et thriller politique, un film rondement mené assez passionnant.
    Yves G.
    Yves G.

    1 517 abonnés 3 532 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 février 2022
    A la tête de l’OCRTIS, l’office centrale pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, le commissaire Jacques Billard (Vincent Lindon) entend déployer une stratégie novatrice. Plutôt que de procéder à des saisies soi-disant record, sans effet de long terme sur les trafics, il entend pister les cargaisons, identifier tous les trafiquants et procéder à des interpellations massives pour décapiter les cartels.
    Cette politique a un inconvénient : elle autorise, fût-ce temporairement, des importations massives, avec le risque qu’une partie de la drogue pistée échappe au contrôle et soit finalement écoulée.
    C’est cette faille que pointe Hubert Antoine (Roschdy Zem), un informateur de l’OCTRIS devenu lanceur d’alerte. Il s’en ouvre à Stéphane Vilner (Pio Marmaï), un journaliste de "Libération" qui, après avoir recoupé les informations dont il dispose, décide, avec l’appui de sa rédaction, de publier le scoop.

    J’étais allé à reculons à l’avant-première de Enquête sur un scandale d’Etat. Parce que rien ne m’horripile plus que cette expression, scandale d’Etat, utilisée ad nauseam dès qu’une mesure gouvernementale déplaît. Parce que je craignais de voir un énième polar consacré à des flics ripoux et/ou à des trafiquants troubles et/ou à des journalistes courageux.

    La première heure de ce film qui en dure plus de deux confortait mes préjugés. Je n’y comprenais pas grand chose. Un dialogue sur deux m’échappait : la faute à ma surdité naissante ? Les plans séquences tremblotants risquent de donner le tournis aux plus migraineux.

    Mais au bout d’une heure, les pièces du puzzle, lentement, s’assemblaient. Je découvrais alors un film rare, comme je n’en avais jamais vus. Une fiction filmée comme un documentaire. Thierry de Peretti, dont les deux premiers films ne laissaient pas présager le talent, invente une forme étonnante et séduisante : alors même que le texte est écrit à la virgule, qu’il est interprété par des acteurs connus, il donne, grâce au jeu des caméras et du montage, l’impression frappante de l’image volée, filmée en temps réel.

    Autre qualité du film : son absence de manichéisme. Adapté du livre d’Emmanuel Fansten (le journaliste de "Libération") et d’Hubert Avoine (l’informateur des Stups), il aurait pu – comme son titre d’ailleurs le laissait augurer – basculer dans le procès à charge, opposant le lanceur d’alerte vertueux au grand flic ripou. C’était le défaut de "Gibraltar" (l’histoire d’un aviseur des douanes françaises) et de "L’Enquête" (sur l’affaire Clearstream). Rien de tel ici où Thierry de Peretti a le mérite de maintenir la balance égale, ou, à tout le moins, de ne pas la faire outrancièrement pencher d’un seul côté : il ne tait rien des zones d’ombre d’Antoine/Avoine et donne la parole longuement, dans une scène de procès remarquable, à Billard/Thierry pour se défendre.
    velocio
    velocio

    1 331 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 février 2022
    C’est en 2015 qu’a éclatée ce qu’on a appelé « L’affaire François Thierry« , du nom du patron de l’Ocrtis, Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, soupçonné d’avoir favorisé l’importation de quantités importantes de cannabis et d’être en lien avec Sofiane Hambli, un des plus importants trafiquants de drogue en Europe. Au départ, l’interception par les Douanes de trois camionnettes garées Boulevard Exelmans, dans le 16ème arrondissement de Paris, et dans lesquelles on trouve 7 tonnes de cannabis et la mention du nom de Sofiane Hambli. En parallèle, pris de doute sur le bien-fondé des actions auxquelles il participait, Hubert Avoine, un homme employé par l’Ocrtis pour différentes missions d’infiltration après avoir été infiltré dans les cartels mexicains pour le compte de l’agence antidrogue américaine, s’est mis à dénoncer les méthodes de François Thierry à la justice ainsi qu’à un journaliste de Libération, Emmanuel Fansten. En mars 2017, « L’infiltré », un livre écrit par Hubert Avoine et Emmanuel Fansten est sorti en librairie. Quelques mois plus tard, un cancer a emporté Hubert Avoine.

    C’est de ce livre que Thierry de Peretti, qui, jusqu’ici, avait réalisé ses films en Corse, s’est librement inspiré pour "Enquête sur un scandale d’état". Librement mais avec toutefois beaucoup de points communs entre la fiction et la réalité des faits ! Les noms des personnages ne font pas partie des points communs : ils ont tous été changés ! François Thierry est devenu Jacques Billard, interprété par Vincent Lindon, Hubert Avoine est devenu Hubert Antoine, interprété par Roschdy Zem et Emmanuel Fansten apparait sous le nom de Stéphane Vilner, interprété par Pio Marmaï. Par ailleurs, le réalisateur a choisi de laisser planer le doute sur ce qui est, finalement, le fond de l’affaire : Hubert Antoine, l’infiltré qui « crache le morceau », dit-il le vrai lorsqu’il parle des méthodes de Jacques Billard, auquel cas on peut en effet parler d’un scandale d’état, ou bien n’est-il qu’un affabulateur ? En plus, si Hubert Antoine est un affabulateur, quelle est la part de vérité, quelle est la part de mensonge dans ce qu’il raconte ? Jacques Billard ne s’efforce-t-il pas sincèrement de combattre le marché de la drogue avec, certes, des méthodes contestables mais, peut-être, efficaces ? Se pose alors la question : jusqu’où peut-on aller dans l’illégalité pour combattre l’illégalité ? Cette chape grise posée sur l’histoire par le réalisateur rend parfois délicate la compréhension du film mais le rend incontestablement passionnant à suivre.
    Jorik V
    Jorik V

    1 284 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 15 juin 2022
    Voilà du cinéma à la fois utile mais exigeant. Du cinéma qui va bien plus loin que du divertissement et demande l’attention et l’adhésion du spectateur plus que la normale. Du cinéma sérieux, nécessaire et très fouillé. Bref, du grand cinéma à l’ancienne devrait-on dire mais qui va en dérouter beaucoup. C’est aussi cela qui fait son charme et sa réussite mais qui en définit parfois également les limites. En effet, le cinéaste venu de l’Ile de Beauté Thierry de Peretti - et connu pour ces petits polars corses « Les Apaches » et « Une vie violente » - ne nous caresse pas dans le sens du poil avec « Enquête sur un scandale d’état ». Sa première grosse production (sous-entendu avec de grands noms au casting et un sujet plus ample) demeure parfois difficile d’accès pour plusieurs raisons et devrait rebuter une bonne partie du public.


    On nous cause ici d’une affaire peu connue et plus ou moins étouffée par les grands médias qui aurait pourtant dû être portée aux nues car elle remet en question une bonne partie de la machinerie étatique, pointe la corruption des élites du doigt et stigmatise les mensonges d’état, ici concernant le trafic de stupéfiants. C’est le genre de film d’investigation à l’ancienne qui devrait être plus souvent mis en avant sur le grand écran, à l’instar du génial « Goliath ». Même si le scénario prend logiquement des distances avec la réalité, l’affaire est là. Puante, écœurante et révoltante. Et ce film ultra réaliste et documenté montre comment le peuple est (encore) pris pour un idiot par la majorité des canaux d’information, contrôlés par une censure qui ne dit pas son nom, tout comme le pouvoir et la justice, tout aussi corrompus jusqu’à l’os. Le genre de long-métrage qui devrait être montré dans les écoles et à toute une fange des citoyens endormis à la propagande étatique. C’est fouillé, très documenté et passionnant si on se donne la peine de se plonger dedans. C’est tellement bien fait que l’on croirait presque qu’on assiste à un docu-fiction tourné en cachette.


    Malheureusement, s’il est vrai que le fond interpelle, captive et positionne « Enquête sur un scandale d’état » comme une œuvre « lanceuse d’alerte », il n’est pas forcément évident de s’y retrouver. Il ne faut pas perdre une ligne de dialogue sous peine de ne plus rien comprendre à un sujet déjà très touffu et exigeant. De plus, le film se termine comme il commence, c’est-à-dire de manière fort abrupte. Le trio de comédiens est parfait, notamment Vincent Lindon qui étonne encore et prouve qu’il est définitivement un comédien tout-terrain et engagé comme aucun autre dans le cinéma français par ses choix de carrière. Mais, au bout de deux heures, il est vrai qu’on fatigue, qu’on peut se dire que le film enfonce des portes ouvertes et qu’on a du mal à suivre. Et, surtout, de Peretti choisit une forme très austère, trop proche du documentaire et loin des canons du cinéma d’investigation. Sa mise en scène est presque laide et ne tient pas la comparaison avec les cousins américains du genre. Un choix discutable qui rend son film encore plus difficile à digérer. En somme, c’est une œuvre nécessaire et à voir mais à visionner avec toutes ses neurones branchés et toute l’attention requise pour pleinement en profiter.


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    Christoblog
    Christoblog

    839 abonnés 1 689 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 19 février 2022
    Thierry de Peretti est un cinéaste vraiment étonnant, qui semble capable de rater l'inratable.

    Enquête sur un scandale d'état possède en effet tout pour réussir, en particulier une histoire passionnante et un Roschdy Zem aussi charismatique que d'habitude.

    Malheureusement l'écriture du film est d'une bizarrerie déroutante : de nombreuses scènes semblent sortir de nulle part, d'autres s'étirent sans intérêt, de curieuses ellipses apparaissent, des morceaux d'intrigues semblent manquer alors que certains passages au contraire paraissent appartenir à un autre récit. La mise en scène et certains choix artistiques n'éclaircissent pas l'obscure construction du film : le générique de fin qui double celui du début, le résumé final en voix off (comme si le film devait être expliqué), la prise de son parfois à la limite de l'inaudible, les plans très lointains de ville ou de paysages.

    Ce troisième film de Thierry de Peretti est donc une curiosité assez désagréable à regarder, même si ses partis-pris (une réalité mise à plat avec le minimum d'artifice, chaque élément potentiellement dramatique comme désamorcé) sont intellectuellement stimulants.
    Alain D.
    Alain D.

    605 abonnés 3 303 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 janvier 2024
    Ce Drame, coécrit et dirigé par Thierry de Peretti, nous fait suivre une enquête journalistique éprouvante menée par un très bon Pio Marmaï alias Stéphane Vilner jeune journaliste à Libération, et un superbe Roschdy Zem alias Hubert en infiltré des stups.
    Sans rien résoudre ni démontrer quoi ce soit, ce film, sombre et complexe, laisse néanmoins à réfléchir. A noter également la très belle prestation de Vincent Lindon dans le Rôle de Jacques Billard, chef de la SIAT (police française des Stup)
     Kurosawa
    Kurosawa

    594 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 juin 2022
    Le troisième long-métrage de Thierry de Peretti traite d'une obscure affaire d'un trafic de drogue qui aurait été organisée par les sommets de la police française dans les années 2010. Plutôt que d'éclaircir les nombreuses zones d'ombre de ce "scandale d'état", le cinéaste corse va au contraire creuser le mystère en créant de longues scènes dialoguées dans lesquelles il devient vite impossible de démêler le vrai du faux. Le personnage le moins opaque, car le plus neutre et dont le devoir est justement de faire la lumière sur cette histoire, est celui de Stéphane, journaliste à Libération, qui va entrer en contact avec Hubert Antoine, lequel prétend être un ex infiltré des stups qui a pu observer de très près les manœuvres illégales du grand patron Jacques Billard. Or, de cet Hubert Antoine, personnage paradoxal dans la mesure où il est à la fois hyper bavard et extrêmement secret, on ne saura définir une identité unique : c'est parce qu'il est capable de donner une quantité de détails sur sa période en tant qu'infiltré que le spectateur – et par extension Stéphane –, serait tenté de le croire ; sauf que Hubert devient soudain très intéressé quand il apprend qu'un livre relatif à l'affaire pourrait sortir et qu'il pourrait toucher beaucoup d'argent. On peut alors se demander ce qui pousse Hubert Antoine à parler : on peut y voir une démarche éthique radicale qui lui permettrait de prendre une revanche sur les stups et notamment Jacques Billard – dont la relation reste illisible, comme en témoigne leur seule scène en commun, d'ailleurs vite expédiée, dans un restaurant, où la proximité de langage se mêle à la tension ; on ne peut pas non plus écarter l'idée selon laquelle Hubert Antoine serait pétri de contradictions et purement intéressé, manipulerait tout son monde pour rafler la mise. Quant à Billard, il est aussi beau parleur que l'indic, à l'image de cette scène finale du procès, où il est capable d'endormir toute l'assistance en portant une argumentation qui semble irréfutable, mais qui se verrait facilement démentie par tous les éléments précédemment apportés par Hubert Antoine. Inscrits dans un cadre souvent large, dans des plans fixes et ouverts, les personnages apportent leur version, mais sans que l'on sache vraiment si c'est dans le but de malmener leurs concurrents, de rester fidèle à une honnêteté morale ou si les deux tendent à se mélanger. Moins un film d'espionnage qu'un grand film sur le pouvoir de la parole, "Enquête sur un scandale d'état" ne résout rien, il épaissit le mystère : de l'ouverture dans la somptueuse villa à Marbella jusqu'à cette balade nocturne en voiture, chacun aura dévoilé ses raisons, mais c'est bien l'absence d'élucidation qui clôt ce film dense et passionnant.
    Cinememories
    Cinememories

    489 abonnés 1 468 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 février 2022
    Après « Les Apalaches » et « Une Vie Violente », Thierry de Peretti quitte la Corse et s'attaque à une étude de manipulation, celle du langage, celle de l'image, mais surtout celle de la vérité, car jamais elle ne nous sera donnée. Un déguisement après l’autre, c’est au cinéma d’intervenir et d’explorer cette notion ambiguë, qui semble remonté vers la plus haute sphère de l’État. Entrevoir un scoop à travers les témoignages construits et documentés d'un infiltré, lui-même dans un fossé identitaire, conduit à se rapprocher de référents variés, dont la justice et la loi dépendent. Des magistrats tombent dans l'embarras et dans une frustration inexplicable, comme en témoigne le personnage de Valeria Bruni Tedeschi, et on laisse également le spectateur dériver dans des interrogations, qui ne cessent d'en générer d'autres, plus pointues ou plus douteuses.

    C'est à cela que l'on se surprend à investir des différentes illustrations de la tension, à commencer par l'ouverture, où une transaction houleuse rompt avec la continuité et le regard attentif de Hubert Antoine (Roschdy Zem), témoin d’un balai chirurgical, que le pays tolère. Son écart de conduite interpelle par la suite, comme si la trahison avait un double visage, alors qu’il vient plaider un scandale qui frappe la passivité, l’incompétence ou la complicité de gradés dans l’ombre. Sa démarche le conduit à communiquer et à répandre son incompréhension à travers des médias, qui jouent également un rôle dans cette supercherie. Stéphane (Pio Marmaï) revêt la peau d'un journaliste à Libération, convaincu par Hubert. Et nous finissons également par observer, d'un œil sceptique, la stratégie du brainstorming, ordonné et dirigée par la talentueuse cheffe rédactrice (Julie Moulier). Il s'ensuit la construction d'un tourment général, où l'homme à la tête de la lutte anti-drogue, Jacques Billard (Vincent Lindon), devient l'objet d'une enquête redoutable et redouté pour le système qu'il défend, car qu'on le veuille ou non, la drogue finit toujours par traverser les frontières.

    Le cinéaste nous invite ainsi à partager ces moments de doutes, passés aux côtés de ceux qui finissent par se tromper et tromper leurs voisins. Il s'agit de cette chaîne paranoïaque et pourtant maîtrisée par un tiers, impossible à cerner et donc à condamner. C'est sur le fil que l'on se contente de suivre les débats sans fin d’individus, qui revendiquent une part du gâteau, jusqu’à en oublier la raison de leur lutte intérieure. S’adresse-t-on réellement à un repenti de l’infiltration, à un journaliste qui ne voit pas plus loin que la dernière ligne de son édito ou à un homme cérébral, dont on finit par accepter l’approximation comme engagement ? Personne n’est à l’abri des projecteurs et l’on continue de se demander comment les esprits se perdent, les corps fatiguent et comment l’on s’affranchit de telles accusations.

    « Enquête sur un scandale d’état » brouille constamment les pistes dans les échanges, mais également dans le format de cadre choisit, où l’on se permet de dévisager les intentions de chacun, quand bien même il serait possible de se tromper. L’intention est là, même en sachant qu’il s’agit d’une adaptation de faits, appuyés par des récits violents et crus. Ici, la fiction est un outil de plus pour propager un sentiment d’errance pur, comme si la caméra et le spectateur accompagnaient chaque étape qui construit et déconstruit une idée reçue.
    Cinemadourg
    Cinemadourg

    784 abonnés 1 542 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 février 2022
    Inspiré de l'affaire François Thierry ayant éclaté en 2017 (un flic français soupçonné d'être un peu trop proche du milieu des trafiquants de drogues qu'il est censé combattre), ce thriller politico-judiciaire nous plonge dans les coulisses de la lutte incessante contre les stupéfiants en France et ailleurs dans le monde.
    Le scénario se concentre essentiellement sur la relation entre un infiltré / indic de la police (interprété par le très bon Roschdy Zem) et le journaliste qui va faire sortir ce scandale dans les médias (joué par un Pio Marmaï appliqué).
    Filmé à la manière d'un documentaire d'investigation, et plaçant le spectateur au coeur de toutes les scènes, le réalisateur Thierry de Peretti recherche un peu trop l'aspect brut et épuré des choses, au détriment d'une trame véritablement captivante et des émotions pouvant en rejaillir.
    Le jeu des comédiens est très bon, mais ça ne m'a pas suffit à adhérer totalement à ce récit légèrement décousu et n'apportant que peu de réponses au final.
    Globalement très moyen.
    Site CINEMADOURG.free.fr
    ConFucAmuS
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    540 abonnés 956 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 22 février 2022
    Dans son ouverture, le film prévient qu'il s'inspire de faits réels sans prétendre les restituer avec fidélité. Une démarche analogue au récent Bac Nord, alors que l'œuvre de Thierry de Peretti se montre moins caricaturale dans sa démarche. Du titre aux choix de mise en scène (format carré 1.33) en passant par la structure elliptique volontairement sinueuse, le résultat évoque le rendu caméra au poing, direct et pourtant cryptique. Chaos et spontanéité sont l'alpha et l'oméga d'une sombre affaire dont les tenants et aboutissants demanderont un temps pour être remis dans l'ordre.

    L'exemple le plus flagrant est la scène d'introduction : une succession de beaux plans-séquences amples et précis mais dont le sens n'est pas évident. De Peretti ne simplifiera pas ce qui est emberlificoté, tout au plus nous donne t-il quelques éléments pour décoder ce qui est en jeu. Un parti pris qui pourra laisser quelques spectateurs sur le carreau mais a le mérite de ne jamais les prendre pour des témoins amorphes. Qu'il se défende de reproduire le réel est une chose, Enquête sur un scandale d'État réussit à rendre crédible une histoire aux ramifications complexes par cette justesse dans les nuances. Chose qui devient extrêmement rare en des temps où l'information et le débat s'appauvrissent à coups de dialectiques imbéciles et/ou fainéantes. Une bonne raison de saluer le casting, particulièrement les monstres de jeu Roschdy Zem et Vincent Lindon.

    L'approche connaît pourtant un écueil de taille, qui réside dans une construction brumeuse à coups de bonds dans le temps ou de bascules abruptes qui contribuent à rendre la compréhension fragile. Un effort sur la narration eut été bienvenu, ne serait-ce que pour établir, renforcer ou bousculer les rapports entre personnages. Un aspect fouillis amplifié par une bande originale bien trop assommante, festival de sound-design entre l'aspirateur balai et une playlist de SPA. Ce qui finit par nuire à la concentration lors de séquences dialoguées, alors qu'un meilleur mixage sonore aurait pu diminuer cette gêne. C'est bête à dire, mais ce qui manque au long-métrage finalement c'est un petit plus de cinéma.
    elbandito
    elbandito

    352 abonnés 964 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 février 2022
    A la fois thriller politique et film documentaire nébuleux, ce troisième film de Thierry De Peretti a le mérite de ne jamais juger les actes ou décisions de ses trois protagonistes, excellents Roschdy Zem, Pio Marmaï et Vincent Lindon, En brouillant volontairement les pistes, et grâce à son montage saccadé et déstructuré, le réalisateur a l’intelligence de laisser jusqu’au bout planer le doute sur les tourments qui entrainent nos trois protagonistes dans la tourmente d’un scandale d’état.
    Dois-Je Le voir ?
    Dois-Je Le voir ?

    365 abonnés 1 824 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 février 2022
    C’est une réalisation de Thierry de Peretti qui s’est inspiré du livre L'Infiltré d'Hubert Avoine et Emmanuel Fansten. Il a écrit le film avec Jeanne Aptekman (Frères Ennemis).

    Enquête sur un scandale d'État va donc s’appuyer sur un livre qui va lui-même être basé sur l’affaire François Thierry. Cet ancien commissaire de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) avait été mis en examen pour « faux et complicité de faux en écriture publique par dépositaire de l'autorité publique », « complicité de trafic de stupéfiants » et « participation à une association de malfaiteurs ». Actuellement, la procédure judiciaire est toujours en cours depuis 2017.

    Au vu des enjeux, forcément, l’histoire va être prenante. Elle avait été médiatisée à l’époque, mais au bout de quatre ans, beaucoup de monde a pu l’oublier surtout avec le contexte actuel. Il est donc important d’avoir ce genre de piqûre de rappel afin de se rendre compte des dérives pouvant exister dans le système. Malheureusement, la trame a beau être puissante, cela ne suffit pas. Le film n’arrive pas à transmettre d’émotion et ne choque pas tellement.



    Pourtant, il va dénoncer des choses primordiales. Le fait que l’organisme en charge de combattre la drogue, facilite son entrée sur le pays, peut rappeler les scandales liés à la CIA. Il y a beaucoup de choses intéressantes qui vont être racontées durant Enquête sur un scandale d’État. Cependant, le film fait en sorte de ne jamais se prononcer clairement sur le vrai du faux. Il est orienté d’une façon qu’on se fait une idée sur la culpabilité du commissaire, mais en image ne la montre jamais. Le problème vient surtout du fait que trop d’infirmations sont balancées. Au bout d’un moment, ça part en peu dans tous les sens. Cela limite logiquement l’impact, car on se noie sous les paroles de l’indic.



    Il est plaisant de pouvoir compter sur des acteurs tels que Roschdy Zem et Pio Marmaï. Chacun fait une belle performance et assure dans les parties solos. En revanche, quand ils sont ensemble, la mayonnaise ne prend pas. C’est donc une déception à ce niveau-là. Quant à lui, Vincent Lindon est toujours aussi imposant.
    pierrre s.
    pierrre s.

    449 abonnés 3 316 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 janvier 2022
    Vu grâce au Club300.
    Le ton du film est très réaliste, parfois proche du documentaire, s'appuyant notamment sur une réalisation faite de nombreux et longs plan-sequence qui laissent un immense champ d'expression aux comédiens. Lesquels sont d'ailleurs très bons et habités par leurs personnages.
    L'histoire quant à elle dépasse l'entendement et fait du film un très bon polar.
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