Un informateur du service national de lutte contre le trafic de stupéfiants contacte un journaliste du quotidien" Libération ", pour lui faire part d'une révélation susceptible, selon lui, de faire "sauter la République ". Cet informateur prétend que la police française laisse entrer de grosses quantités de drogue sur le territoire national pour pouvoir faire ensuite de grosses saisies. Cependant une partie importante, entrée sur le territoire avec l'aval implicite de la police, ne serait pas saisie, par défaut de surveillance rigoureuse et contribuerait pour une part au trafic qui alimente les réseaux terroristes. Voilà en résumé, cette histoire présentée dès le début du film comme relevant de la fiction, mais qui trouve de fortes similitudes avec une affaire s'étant réellement déroulée. Si " enquête..." présente pas mal de qualités, certains défauts et pas des moindres doivent être relevés par soucis d'honnêteté à l'égard du spectateur éventuel. Voulant s'inscrire dans le droit fil du cinéma de dénonciation du dévoiement de certaines activités de l'appareil d'État que Francesco Rosi a réussi avec génie dans les années 60 et 70, "enquête..." est toutefois loin d'atteindre la qualité des films du réalisateur transalpin. Les acteurs sont ici excellents ( Notons que Lindon coiffe l'ensemble de la distribution qui ne présente dans son ensemble pas de faille), la mise en image et la mise en scène sont aussi de qualité. Par contre, le film pêche, selon moi, par son scénario et surtout par certains de ses dialogues calamiteux et son manque de didactisme. Certes le spectateur averti, suivra sans difficulté l'intrigue et les péripéties de cette affaire, ou à y regarder de près aucun personnage n'est blanc bleu. Y a t il cependant un veritable scandale d'État comme l'annonce le titre ( un peu racoleur) ? Il n'est pas certain que le réalisateur soie parvenu à me le démontrer à l'issue des presque deux heures de projection. Ce sera sur ce point, à chacun d'en juger, mais que l'on ait affaire à une hypocrisie d'État, ça semble peu contestable. Le problème majeur du film est son manque criant de didactisme. Tel qu'il est construit, le spectateur qui vient voir un polar avec des acteurs connus, construit autour d'une intrigue exposée clairement, risque ici de ne pas trouver son bonheur. On peut citer entre autres sources d'opacité, la succession d'acronymes, de termes jamais explicités, voire de personnages inconnus du grand public ( Eta, Gal, Igpn, office, el chapo, l'animal, j'en passe et des meilleures) pourtant nécessaires à la compréhension de l'intrigue. La cohérence du scénario peut aussi être questionnée. A aucun moment, le journaliste ( Pio Marmai ) ne s'interroge pour comprendre les motivations et la fiabilité de l'informateur qui finalement trahit son agent traitant. Pourquoi le fait il ? En quoi, selon lui s'est il fait "avoir" ? est il donc fiable ? Dans quelle mesure ? Il faut que le spectateur admette à la fois sa crédibilité et que le journaliste ne la questionne pas vraiment ( ce qui lui est d'ailleurs reproché par un de ses collègues). Le policier de haut niveau ( Lindon) de son côté, dont l'ego mais aussi le professionnalisme ne semblent pas minces , cherche sans doute à se distinguer auprès de sa hiérarchie et du pouvoir politique, qui veut de son côté, afficher des résultats significatifs auprès de l'opinion publique. A son tour, le pouvoir politique est il informé des détails de gestion de l'informateur et des détails des opérations antidrogue ? On peut tout de même s'interroger. En conclusion, pour le journaliste, le scandale et le scoop portent sur le fait que la police s'affranchirait des règles juridiques, ce qui est injustifiable dans un Etat de droit, même dans un souci d'efficacité. Cette question mérite sans doute d'être mise en lumière. Si le film est loin d'être inintéressant, il n'est sans doute pas vraiment destiné au grand public, compte tenu de sa construction. D'où, il me semble, les sentiments très mitigés éprouvés par beaucoup de spectateurs à la vision de ce faux polar et finalement vrai film politique.