Bien que les avis divergent concernant ce film et que la réception publique soit plutôt mitigée, il est clair que tout ce qui est présenté ici relève de l'art de l'image, de la mise en scène et du son, tout ces éléments portant totalement ce qui se déroule, faisant parti de ce cinéma plus sensitif que descriptif, jouant surtout sur le développement des sensations, et pas simplement en ce qui concerne l'effroi. La première chose qui saute aux yeux concernant l'accueil partagé de cette oeuvre, c'est évidement l'aspect marketing qui met en exergue que le genre visé est davantage l';horreur, ce qui est semble porter grandement préjudice puisque le public arrive avec un certain nombre d'attente qui y sont liés, et que cette direction semble complètement flouée par le simple fait que l'ambiance imposant un lente installation afin de distiller cette atmosphère stressante, l'aspect violent et trash met un certain temps à s'installer clairement, bien que cet élément du film est d'une très puissante force visuelle par sa qualité et son abnégation totale de la délicatesse, et c'est surtout à ces instants là que le genre de l'horreur brille le plus et peut se targuer d'offrir du gore de haut voltige, et souvent bien singulier, mais sans concession, et cela devrait avoir convaincu les amateurs du genre. Ainsi, le film se présente plus comme un moment de pure angoisse, et sous ce prisme là, l'ensemble se tient à merveille, car la tension monte vraiment efficacement, cela dès les premiers instants par une scène horrifique, mais davantage psychologiquement que visuellement, le tout dans un cadre de l';image et une ambiance très stylisé et maîtrisée, puis le déroulement de l'intrigue prend le relais de cette angoisse de plus en plus palpable, jusqu'à enfin tomber dans le trash bien plus visuel, rivalisant d'idées sadiques mais toujours fidèle à atmosphère qui se dégage. Car comme cela a été, à raison, commenté de nombreuses fois, la qualité majeur pour ce qui est du genre traité, c'est de parvenir à créer une tension plus que palpable en plein jour, quand l';horreur préfère les couleurs plus sombres, de lieux plus obscure afin de jouer sans cesse du « jump scare » ou autre techniques habituelles pour coller une frayeur au spectateur, sauf que dans ce film, tout est fait que la peur et l'angoissent proviennent avant tout de cet aura qui règne dans cette communauté, de cette sur-exposition lumineuse qui met encore plus en exergue l'horreur psychologique qui peut s'imposer dans l'entrée dans le village traditionnel. D'ailleurs, l'une des qualités de Ari ASTER en tant que réalisateur, c'est de placer son angle de vue et de construire son cadre à la même hauteur de regard des personnages, du moins quand il s'agit d'illustrer l'adaptation et l'intégration des rites et coutumes qui paraissent totalement hors-normes pour les héros venus de l'extérieur, mettant le spectateur dans la même position incompréhension ou de découverte, ressentant les mêmes questionnement et surtout la même frayeur, et bien que la volonté ne soit pas de décrire frontalement l'horreur de ce groupe, mais plutôt de manière à le ressentir, ainsi le simple fait d'utiliser une langue telle que le le suédois
sans systématiquement y apposer de sous-titres pour traduire leurs dires
, cela exacerbe la sensation d';inconfort et de stresse quant à ce qui pourrait arrivé (puisque saisir ne serait-ce que quelques mots d'une langue totalement différente est loin d'être aisé), surtout que l'intrigue n'hésite à montrer de temps à autre la violence physique, un peu en guise d'avertissement, afin de remettre l'esprit dans le droit chemin. Et cette illustration de ce que représente l'endoctrinement est assez intéressante puisque le but est de ressentir dans ce film, et l'intrigue se déroule parfaitement dans ce sens, jusqu'à un final qui risque de laisser les plus bien-pensants sur le bord tellement ce qui conclue cette histoire paraît inconcevable, il n';en est pas moins évident que cela correspond totalement à ce que le personnage principal illustre depuis la première scène, d'autant plus que tout dans le film rappelle les sociétés marginales qui tombent dans l'esprit sectaire, et ici la communauté telle qu'elle est présenté laisse aucun doute sur leur enracinement traditionnel qui semble obsolète et donc inconcevable de se faire alpaguer l'esprit par leur façon de raisonner, et pourtant l'ambiance mise en oeuvre laisse totalement imaginer l'endoctrinement dans le sens le plus littéral, que ce soit comme déjà relevé par l';utilisation d'une langue peu entendue, donnant cette sensation de chants liturgiques mêlés aux incantations et notes musicales enivrantes, et créant une ambiance sonore assez unique qui participe grandement à la réussite esthétique de ce film (certain son semblent même totalement indépendant du film en lui même), sans oublier le travail effectué sur l'image, allant jusqu'à illustrer de manière assez inopinée les sensations troublées des protagonistes, jouant habillement de la fluidité et de la netteté de l'image, le tout de façon subtile (comme lors d'une scène de banquet
qui laisse perplexe sur ce que l'on pense voir se passer
) et même de façon subliminale lors d'une scène, et chacun de ses éléments techniques sont non seulement très maîtrisés et d'une qualité évidente, mais en donnant encore un peu plus de poids l'atmosphère malsaine qui se dégagent malgré la lumière immaculée que semble proposer ce tableau très esthétique. Question casting, seule l'héroïne sort réellement du lot, offrant d'une côte un angle d'attaque en ce qui concerne le scénario assez intéressant, du début à la fin, mais il faut avant tout reconnaître que c'est surtout son personnage et son développement qui restent les plus réussis, son interprétation laissant quelques fois à désirer, renvoyant trop facilement aux codes habituels des films mettant en scène un groupe d'amis confronté au pire, aspect que le réalisateur avait pourtant utilisé de manière intelligente en scindant l'intrigue en deux parties (illustré par ce passage
à travers une porte solaire pour entrer dans la communauté
) afin de passer à quelque chose de bien moins habituel concernant le style et le genre abordés, pour enfin se conclure de manière totalement originale. Mais ce n'est évidement pas la seule bonne idée pour ce qui est de l'imagerie générale, puisque le film est parsemé d'indices visuels sur la teneur à proprement parler du scénario, laissant de nombreux éléments dans le le flou mais sans jamais oublier d'y faire référence en arrière plan, aiguisant cette sensation d'être dans la peaux des protagonistes profanes, ne pouvant pas toujours intellectualiser ce qui se déroule, restant constamment dans le vague de ce qui se trame, mais ayant tout de même des pistes pour essayer d'appréhender la suite, le seul obstacle à ce but étant l'incapacité d'assembler de manière cohérente tout ce qui est présenté, et l'on comprend pourquoi dans les dernières moments du film, et de manière assez habile tout de même. Pour conclure, il est clair que l'ensemble de ce que montre ce film n'est pas destiné au cinéma du divertissement pur et dur (d'où cette erreur de vendre le film comme provenant du genre de l'horreur), toujours surtout un intérêt esthétique et parvenant avant tout à créer une ambiance très singulière et ainsi créer de véritables réactions sensorielles, tant par la peur que par l'incompréhension, pour finalement y dérouler les causes et conséquences de certains drames de la vie qui peuvent mener vers un tout autre genre de drame, et en regardant la réalité droit dans les yeux, à travers le prisme de cette communauté isolée mais soudée, donnant lieu à de vrai moment d'angoisse psychologiques, mais sans perdre de vue la volonté de porter ces différentes idées avant tout par l'esthétique et la construction de l'image, sans oublier d'utiliser différents mythes et légendes nordiques de manière claires et convaincantes afin de mettre en évidence certains aspects philosophiques, mais n'essayant pas d'imposer un mystère épais, plutôt une brume de méfiance pour y distiller toute la volonté d'un réalisateur qui aime mettre de lui dans son cinéma.