J'avais beaucoup aimé "Hérédité", le précédent film d'Ari Aster et si je lui avais trouvé de belles qualités dans son ambiance pesante à souhaits, le profond malaise qu'il suscitait ou encore son étouffant crescendo dans l'horreur, j'avais en revanche trouvé ses influences, Polanski période "Rosemary's Baby" en tête, un peu trop prégnantes.
Mais avec "Midsommar", Ari Aster est passé à un niveau bien plus personnel, s'appropriant totalement et avec une maîtrise consommée les codes du genre ! Car la trame si elle peut ici paraître classique est parée de codes visuels et d'un rythme qui tranchent avec les canons du genre. Tout y est magnifique et porte une ambiance et un propos vertigineux, la lumière étincelante, la nature frémissante, la valse étourdissante du Midsommar, les décors et costumes criants d'authenticité...
Mieux, le film est riche de multiples couches de lecture. Tout comme Dani, le spectateur peut se laisser porter par ses sens et émotions tant le film est viscéral et hypnotique, mais l'on peut également, à l'image de Christian et Josh, chercher à percer et déchiffrer les nombreux mystères qui parsèment les dialogues, les décors ou les attitudes des personnages (figurants compris). Tout ici est porteur de sens.
Avec ce film, Ari Aster fait pleinement éclore une véritable patte d'auteur... à suivre...
Voilà, "Midsommar" est arrivé à point nommé pour moi, tant j'en avais marre de ces films d'horreur stupidement épidermiques qui phagocytent le genre. Car "Midsommar" est beau, profond, lumineux, angoissant, intelligent, sensible, horrible. C'est un trip halluciné païen où l'horreur jailli en plein jour et aux yeux de tous, sans pudeur et généreuse comme la chaleur étourdissante d'un solstice d'été.