Etonnant comme une recette trop bien maîtrisée, dans un cadre trop familier, en arrive à ne plus être la garantie d'une soirée ciné ordinaire mais réussie et serait plutôt du genre à faire pousser un soupir las. Dans 'The silencing', tout est bien rangé à la bonne place : l'homme solitaire et taciturne, jamais remis de la disparition de sa fille ; la shérif récemment promue trop soucieuse de bien faire, au point de couvrir les conneries de son frangin le kassos, le tueur masqué qui chasse ses victimes comme si elles n'étaient que du petit gibier,...il n'y a rien à redire à la mise en scène, tendue et efficace, ni au choix des acteurs (quoique certains aient pu de prime abord sembler un peu fades pour leurs rôles, mais tous s’en tirent finalement très honnêtement) et, si on pense avoir démêlé toute l'intrigue au bout d'une demi-heure, le scénario se charge de vous balader sur quelques fausses pistes et voies de garage avant de se résoudre à abattre ses cartes. Qu'est ce qui coince avec 'The silencing', alors ? Rien. C'est un polar de bonne facture, de la “qualité américaine”. C'est juste que voici quelques années, Robin Pront, réalisateur belge prometteur, avait vraiment séduit avec son polar poisseux 'D'Ardennen' : on avait beau n'en être séparé que de quelques dizaines de kilomètres, les décors et les figures de la nuit anversoise ou des Ardennes reculées dégageaient une étrange sensation d'exotisme et de mystère...alors que ces grandes forêts du nord-ouest américain, ces flics, ces fermiers bourrus et ces trafiquants de meth, que je ne rencontrerai jamais de toute mon existence, j'ai l'impression de les connaître par coeur.