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traversay1
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3,5
Publiée le 19 janvier 2020
En femme aliénée au foyer, Hunter, le personnage principal de Swallow, est la digne héritière des héroïnes de Sirk ou de Hitchckock, cadenassées dans un monde patriarcal et considérées comme de jolis bibelots, utiles s'ils restent à leur place et assurent une descendance. Le premier long-métrage de Carlo Mirabella-Davis, très stylisé jusque dans ses codes-couleurs, montre la perfection du rêve américain avec une ironie sardonique qui se transmet au spectateur par la pathologie de Hunter, prête à tout avaler pour ne pas sombrer dans la dépression et la perte d'identité. Plus avant dans le film, une piste psychanalytique désamorce quelque peu le trouble et rompt aussi le "charme" mais le récit s'en retrouve relancé pour évoluer vers un cheminement inattendu et libérateur. Le plus impressionnant dans Swallow est sa maîtrise formelle et la façon subtile de montrer l'évolution psychologique de cette "ménagère désespérée". Le film est dérangeant et volontairement répétitif avec une manière d'annoncer les scènes les plus difficiles à digérer qui est proche de celle des longs-métrages d'horreur. Le film doit aussi énormément à Haley Bennett, entre Mia Farrow et Alba Rohrwacher, en femme fractale, blonde comme un fantasme de macho américain, qui révèle un talent et un tempérament qu'aucun metteur en scène n'avait à ce point su mettre en valeur jusqu'alors.
Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Hunter. Elle vit dans une belle maison auprès de son beau mari, accueillie à bras ouverts par ses beaux beaux-parents auxquels elle va bientôt donner un petit-enfant. Mais la grossesse de la jeune femme provoque chez elle des troubles obsessionnels du comportement. Hunter se met à avaler toutes sortes d’objets, dangereux et incomestibles : une bille, un clou, une pile…
La folie est un sujet très cinématographique. Les plus grands s’y sont frottés : Polanski ("Rosemary’s baby", "Repulsion"), Cronenberg ("Le festin nu", "Spider"), Cassavetes ("Une femme sous influence", "Faces"), Aronofsky ("Requiem for a dream")…
Le réalisateur Carlo Mirabella-Davis raconte s’être inspiré de l’histoire de sa grand-mère, une femme au foyer dans l’Amérique patriarcale des années cinquante, internée en asile psychiatrique pour soigner les TOCs causés par une vie sans joie. Reconnaissant que « filmer un personnage qui se lave les mains n’est pas très cinématographique », il a infligé à son héroïne une maladie peu commune : le syndrome de Pica et l’ingestion compulsive d’objets divers. L’effet est radical. On déconseille vivement "Swallow" à l’heure du repas et/ou aux amateurs de popcorn tant l’ingestion par Haley Bennett d’objets de plus en plus dangereux provoque des haut-le-cœur.
Les deux premiers tiers du film sont particulièrement réussis qui ne franchissent quasiment pas les portes de la prison dorée de Hunter et de son bellâtre de mari, dont la beauté n’a d’égale que l’absence glaçante de sensualité. Au bout d’une heure on étouffe des objets ingérés comme de l’atmosphère oppressante qui y règne. On a envie de s’enfuir. Le réalisateur avait le choix de nous enfoncer la tête une demie heure de plus dans ce cauchemar ou de nous autoriser une échappée belle.
C’est malheureusement pour le second parti qu’il opte. Une cure psychanalytique permet à Hunter de mettre des mots sur son mal. Ce dévoilement mélodramatique – et assez bateau – la conduira à des choix radicaux dont on ne révèlera rien sans se faire accuser d’être un infâme spoiler. C’est dommage car il y avait encore beaucoup à dire de ces dix dernières minutes, de ces retournements et de ce plan final, interminable, glaçant et paradoxalement énergisant.
J'ai beaucoup aimé ce film. L'actrice principale nous livre une superbe performance, ce qui fait qu'on développe énormément d'empathie envers son personnage. Seulement, j'ai vraiment été très dérangé par la fin qui, selon moi, brouille quelque peu le message de ce long-métrage.
Un film difficile émotionnellement...Cette jeune femme est perdue dans son couple, avec un mari qui semble idéal, mais qui ne peut empêcher le mal être intérieur...C'est du cinéma indépendant américain original et qui finit par emporter le spectateur dans une sorte d'introspection psychologique...Pourquoi la vie est elle si difficile par moments...Peut être à cause du passé semble répondre le film (il suffit de creuser les relations entre le père et la mère, pour comprendre certaines choses) ...Le mal se répète indéfiniment, même avec l'aide ici de personnages secondaires (la psy, le syrien)...Le trouble est là, l'héroïne avale des objets (la maladie existe vraiment, je la découvre), qu'ils soient ronds, pointus, dangereux. Les conséquences peuvent être graves…..Techniquement la photo manque de contraste, même si elle est agréable, mais la musique est accrocheuse et grave, résonne bien avec le sujet….Le film est difficile, je le répète, et il n'est pas dans sa finalité à vous donner le moral, mais il est intéressant …..Je conseille
Swallow est un film fascinant. D’abord la performance remarquable de Haley Bennett qui incarne Hunter, une femme malheureuse dont la solitude et le manque d’attention de la part de son mari et de ses beaux parents suggèrent un mal-être qui se fait de plus en plus pesant. En effet, au fur et à mesure du film cette dernière avale les divers objets qui lui passent sous la main. La réalisation sobre et méticuleuse du film jouant beaucoup sur un esthétisme et un cadrage qui traduisent une certaine modernité captive l’oeil et l’esprit. La thématique de l'émancipation de la femme est traitée de façon originale car la lumière qui en émane est amenée par l'obscurité. Hunter, par l’intermédiaire son trouble psychologique, le Pica, qui se traduit par ce désir compulsif d’avaler des objets, nous montre qu’elle est libre de disposer de son corps et de déroger au modèle occidental de femme au foyer. En effet, plus elle avale et plus elle semble se substituer au rôle qu’elle joue devant son mari et ses beaux parents, s’échappant alors un instant de la prison dorée dans laquelle elle est enfermée. Swallow signifie certes avaler mais également hirondelle. Cette seconde signification prend tout son sens avec Hunter, une femme qui prend son envol !
Ce film tient en haleine du début à la fin, on est dedans et on a peur pour cette actrice qui joue si bien, à voir c'est un véritable thriller, pas détendant mais très bien interprété !
Étrange film sur l'émancipation. L'ambiance y est stylisée et surréaliste mais s'incarne peu à peu au grès de la dérive de son personnage . Un film original, souvent dérangeant mais réussi.
Le Pica est un trouble du comportement alimentaire. Il se manifeste par l’ingestion d’objets divers comme une pointe, une pile, une bille ou un dé à coudre. Enceinte, Hunter découvre cette passion pour l’avalement disproportionné ( swallow : avaler ) au sein d’une famille qui la couve et surtout l’étouffe. Son mari est bienveillant, mais il en fait sa chose, sa poupée … En remontant au source de son mal, à la demande bien évidemment de sa belle-famille, Hunter va prendre conscience de sa réelle position au sein de la société, et de la manière désormais de s’en émanciper. Il n’est plus tant question de guérison, que d’indépendance, de liberté. L’un n’allant pas sans l’autre. C’est à mon avis toute la force de ce film réalisé par un cinéaste au classicisme hitchcockien et qui profite surtout d’un cadre assez large pour le nourrir du trop-plein de l’ennui, de la vacuité d’une bourgeoisie repoussante. Pour ne pas dire répugnante. Dans son duel d'une cruauté morale et psychologique intense, Hunter révèle aussi l'interprétation d'une déjà grande comédienne : Haley Bennett Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Carlo Mirabella-Devis signe son premier long métrage avec un film engagé, féministe, et à la photographie assez magnifique, inspirées des années 50.
Plusieurs axes sont traités dans Swallow: la construction d’une personne à travers son passé, l’aliénation de la femme sous un patriarcat encore trop présent, et la maladie de PICA (trouble du comportement alimentaire caractérisé par l’ingestion de substances non nutritives et non comestibles). On pourrait penser qu’il est compliqué de traiter trois sujets aussi complexes en un film, et pourtant Carlo Mirabella-Devis le fait avec brio, nourri par son héritage familial.
Rien n’est laissé au hasard dans ce film; Un premier rôle féminin puissant, défendu à la perfection par Haley Bennet (dans le rôle d’Hunter). Une bande son incroyable, apportant émotions et profondeur au film. Et comme exprimé plus haut, une photographie incroyable. Nous sommes transportés au début du film dans un style 1950. Puis au fur et à mesure qu’Hunter retrouve ses libertés, jusque-là prises au piège par un patriarcat pesant, l’univers et les couleurs deviennent de plus en plus contemporaines. Sans oublier des plans fixes, bruts d’image, autour desquels se créent une jolie poésie.
Swallow raisonne comme un chemin vers plusieurs types d’émancipation: l’héritage familiale, le patriarcat, les troubles obsessionnels compulsifs, et autres formes d’addictions.
Un film vraiment dérangeant : c’est un film de qualité et avec un sujet original, bien interprété, bien filmé, un film absolument irréprochable, cependant, les scènes à répétition d’ingérence injustifiée sont franchement dégoûtantes, voire même gerbantes, et l’on est vite trop mal à l’aise pour supporter cela
Né à New-York, Carlo Mirabella-Davis a passé sa jeunesse à East Meredith, dans l’upstate New-York. Une jeunesse au cours de laquelle Carlo a très tôt demandé à ses parents la permission de passer du temps à « imaginer », rituel qui a débouché sur le goût de raconter des histoires. Alors qu’il avait 14 ans, Carlo a fait l’acquisition d’une caméra Super 8 avec sa sœur et un ami d’enfance. De la réalisation de petits films dont les acteurs étaient des voisins ou des membres de sa famille à un premier long métrage obtenant le Prix Spécial du 45ème anniversaire du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2019 et très bien accueilli dans de nombreux autres festivals, le pas est très grand. Carlo Mirabella-Davis l’a franchi avec succès, en passant par la réalisation de quelques court-métrages.
Pour des raisons liées à un positionnement fallacieux du film, "Swallow" risque de décevoir une certaine catégorie de spectateurs et, au contraire, d’être une bonne surprise pour une autre catégorie, à condition, toutefois, qu’ils aillent le voir. En effet, "Swallow" a été sélectionné dans un certain nombre de festivals spécialisés dans l’horreur et le fantastique et le risque est grand de le voir estampillé dans l’un ou l’autre de ces genres cinématographiques. Cela risque d’attirer des adeptes de ces genres qui, sans doute, ressortiront déçus et de repousser celles et ceux que ces genres n’intéressent pas. Il est donc important de savoir que "Swallow" n’est ni un film d’horreur ni un film fantastique mais bien un drame très réaliste et très touchant, au féminisme assumé, réalisé par un jeune cinéaste new-yorkais très prometteur.
PRIX MISE EN SCENE (Festival Film Muret) attribué par le jury jeune ou j'étais...):
Scénario original, jamais vu, touchant. Mise en scène hors du commun, belles couleurs, plans et cadrages très bien réalisés, le sujet est très bien amené. L'actrice est formidable aussi. Usage du silence réussi, beau film sur cette femme mal a l'aise dans cette famille bourgeoise et gênée par son origine (naissance due à un viol) qui va se rendre compte de qui elle est vraiment. Magnifique film Bravo.
Vu à l'Étrange festival : une véritable pépite ! Les stéréotypes américains sur la famille en prennent un sacré coup. Comment une femme en apparence si parfaite révèle des troubles et doit fouiller dans son passé pour les résoudre. L'aspect psychologique est très bien traité.
Hunter a tout pour elle. Un mari aimant et riche, une maison magnifique dont elle s’occupe avec soin et elle vient d’apprendre qu’elle est enceinte. Mais voilà Hunter s’inquiète de ne pas être à la hauteur, de ne pas être aussi parfaite que son mari le voudrait et elle commence une petite habitude aussi dangereuse qu’étrange: elle avale des objets, une pile, une bille, un mini tournevis et même de la terre. Quand sa belle famille s’en rend compte à la suite d’une échographie, Hunter est mise sous surveillance, elle se rend chez une psychiatre à qui elle confie de manière assez désinvolte un trauma de son enfance. La psychiatre est persuadée que cet événement est la cause de son trouble alors que pour Hunter, ingérer ces objets lui donne l’impression de contrôler sa vie. Jusqu’où ira la compulsion d’Hunter? À la photographie et au décor ultra élégants qui montre une vie sans débordement s’oppose le graphisme et les images assez crues des pulsions d’ingurgitation de Hunter. Plus Hunter tente de soigner son apparence et celle de son foyer plus les objets ingurgités deviennent dangereux et plus le sang tache. Le réalisateur s’attaque à un sujet peu connue mais qu’il épluche progressivement avec minutie.
Un trouble du comportement alimentaire peu connu mais mis en avant dans ce film, celui d'ingérer des substances non comestibles (pile, terre, papier...) et qui bien sûr, peut devenir mortel pour le malade. C'est le cas d'Hunter, jeune femme qui semble atteinte par cette maladie depuis qu'elle est enceinte, révélateur de traumatismes passés. L'héroïne est convaincante et nous entraîne dans sa vie qui ne semble pas aussi parfaite qu'elle en a l'air. Intriguant.