Hunter, femme pâle, édulcorée, effacée, sage, en apparence soumise, bien cadenassée et muselée par une belle famille aisée et bien sous tout rapport, repart à la conquête d'elle même en faisant ingérer à un corps vidé de substance une pléthore d'objets tout aussi délirants qu'effrayants pour remplir un trop plein de vide, justement, existentiel,comme pour reprendre le contrôle de limbes d'elle sacrifiés en chemin...
Seule avec elle-même et son dialogue intérieur, elle porte la vie mais est paradoxalement habitée par la mort, la source même de cet enfantement étant un géniteur faussement aimant, attentionné, en qui elle a remis son coeur et son estime d'elle-même puisque sous ses airs politiquement corrects et lisses, il se révèlera en fait être un froid, distant et humiliant narcissique ... Les objets ingérés, même aux plus acérées des pointes et lames, ne seront jamais aussi coupants, destructeurs que la spirale d'anéantissement identitaire dans laquelle cette âme hurlante s'est engloutie...
La caméra ,par des prises lentes et figées sur la bouche de la douce-rebelle Hunter, insiste sur l'incontrôlable pathologie de cette dernière, mêlant horreur, stupeur, onirisme et sensualité...Nous avalons, supportons, digérons avec elle...Nous rejetons, déféquons aussi...Jusqu'à la touche finale, apothéose d'une ôde à sa vie retrouvée, par un petit cachet miracle qui la délivrera enfin...Le velours flirte avec l'acier, la soie avec le verre, le rose avec le rouge...On ressort de ce film bousculé, psychologiquement perturbé, ému et même bouleversé en tant que femme...et en cela je dis"merci", c'est un film profond, intimiste et profondément réussi !